Header Critique : JACK LE TUEUR DE GEANTS (JACK THE GIANT KILLER)

Critique du film et du DVD Zone 2
JACK LE TUEUR DE GEANTS 1961

JACK THE GIANT KILLER 

Enlevée par un géant, la princesse Elaine est sauvée par le fermier Jack. Le roi le fait chevalier et lui donne la mission d'emmener secrètement la princesse dans un couvent pour la mettre à l'abri d'un nouvel enlèvement perpétré par le maléfique Pendragon.

JACK LE TUEUR DE GEANTS se base sur un conte de fées généralement associé à celui de JACK ET LE HARICOT MAGIQUE. Pour certains, l'origine de JACK LE TUEUR DE GEANTS serait germanique, alors que pour d'autres, le contenu proviendrait des pays anglo-saxon. Mais en réalité, ces deux contes ont été pendant très longtemps transmis oralement, ce qui a favorisé diverses déformations et interprétations, rendant au passage leurs origines très difficiles à déterminer. Il n'est donc possible de dater les version remaniées de ces contes que par l'entremise des ouvrages qui leur ont été consacrés entre le XVIIIème et le XIXème siècle. Mais la version originale s'est perdue à travers les âges bien avant cette période. A partir de là, il est donc possible d'en réaliser sa propre interprétation, ce que n'ont pas manqué de faire nombre de scénaristes et réalisateur, avec par exemple la dernière version en date produite pour la télévision (JACK ET LE HARICOT MAGIQUE - 2001), les versions comiques mettant en scène Abbot et Costello (LA POULE AUX OEUFS D'OR) ou bien les courts-métrages d'animation présents dans les suppléments de ce DVD.

Lorsque Ray Harryhausen essaye de monter LE SEPTIEME VOYAGE DE SINBAD, il se heurte à un grand nombre de refus. Il faut dire que LE FILS DE SINBAD vient de se planter dans les salles de cinéma et met un terme aux envies des producteurs de réaliser des films exotiques en costumes. Le producteur Edward Small fait partie de ceux qui ne prendront pas en considération le projet de Ray Harryhausen qu'il finira par concrétiser bien longtemps après avec Charles Schneer, avec qui il a déjà travaillé auparavant mais marquant cette fois une première collaboration où le spécialiste des effets spéciaux ne se borne pas à animer des monstres, qui sera suivie de nombreuses autres (JASON ET LES ARGONAUTES, LE VOYAGE FANTASTIQUE DE SINBAD, LE CHOC DES TITANS…). Face au succès du SEPTIEME VOYAGE DE SINBAD, Edward Small se doit donc de revenir sur son jugement et décide de produire sa propre version du film. Il engage donc le même réalisateur, Nathan Juran, mais aussi Kerwin Mathews qui interprétait Sinbad, ainsi que Torin Thatcher qui personnifiait l'infâme Sokurah. Par contre, il n'est pas question d'engager Ray Harryhausen pour confectionner les effets spéciaux, pas plus que Bernard Herrmann pour la musique !

C'est ainsi que de cette envie de capitaliser sur le succès du SEPTIEME VOYAGE DE SINBAD naît JACK LE TUEUR DE GEANTS qui n'est pas pour autant fidèle aux versions traditionnelles du conte. Le film ne reprend pas le Roi Arthur, et donc l'association avec les chevaliers de la Table Ronde, et substitue sa trame sous la forme d'un voyage où Jack doit délivrer une princesse en se rendant sur l'île d'un maléfique sorcier. Une partie de la trame est clairement similaire à celle du SEPTIEME VOYAGE DE SINBAD. Le film va même jusqu'à essayer de reproduire certaines des créatures telles que le Cyclope, devenu ici un géant du nom de Cormoran, ou même une sorte de génie qui n'est autre qu'un lutin irlandais (un leprechaun en version originale) dans une bouteille…

Seul problème, ces créatures privées du génie de Ray Harryhausen ne sont pas toujours d'une fluidité exemplaire et parfois l'animation est saccadée. C'est pourtant Jim Danforth qui supervise les effets spéciaux qui seront bien moins performants, essentiellement en raison d'un manque de temps. D'autres arborent de drôles de frimousses, comme la bestiole tentaculaire sortie des mers. Si les créatures sont le plus souvent défaillantes, il n'en va pas de même en ce qui concerne les décors créés par Edward Boyle, qui capte toute la magie féerique de ce genre d'histoire. La direction artistique de Fernando Carrere redouble aussi d'inventivité, ne serait-ce que dans les costumes, alors que le tout est magnifié par une image très colorée typique des films de cette époque.

Malgré des effets spéciaux très inégaux, la tête de Kerwin Mathews va même jusqu'à partiellement disparaître dans un plan, JACK LE TUEUR DE GEANTS s'avère au final un divertissement bien rythmé et dépaysant. De quoi passer une après-midi sympathique en compagnie de ses enfants, ce qui devrait être un bon alibi pour les adultes désireux de camoufler le plaisir coupable procuré par la vision des aventures de Jack et ses compagnons.

L'éditeur a choisi de ne pas réaliser un transfert en 16/9 en raison du format dans lequel le film est présenté. A savoir du 1.66 qui s'avère être inférieur au ratio des transferts anamorphiques sur DVD mais, en pratique, rien n'empêche toutefois l'adjonction de barre noire sur les côtés. La copie du film a quelque peu souffert, si l'on en juge par les nombreuses griffures et autres tâches apparentes sur la pellicule. Tout cela n'est pas vraiment gênant et ne gâche en rien la vision du film qui a gardé ici des couleurs pimpantes.

Notons tout de même une étrange petite barre plus lumineuse sur le côté droit de l'écran tout au long du film, ce qui ne devrait pas se voir sur la plupart des téléviseurs en raison de l'overscan, ainsi qu'un format différent pour le générique de fin. Il est aussi à noter des différences de qualité dans le rendu de l'image, néanmoins celles-ci ne peuvent être en aucun cas imputées au transfert vidéo mais simplement aux techniques de prises de vue utilisée pour les effets spéciaux.

La version originale anglaise sous-titrée en français est en mono d'origine comme le doublage dans notre langue. Ce dernier, pas forcément mauvais, pourra paraître quelque peu irritant, surtout en raison de la voix du lutin qui a perdu ici son accent pour gagner une voix haut perchée ! Il n'est pas le seul puisque le viking a perdu lui aussi son timbre de voix. Les deux pistes remplissent toutefois leur contrat en reproduisant aussi bien que possible les bandes sonores d'origine.

En guise de supplément, en plus d'une toute petite galerie où l'on ne retrouve étrangement aucune affiche originale du film, le disque contient trois courts métrages d'animation qui donnent leur propre version du conte de fée. Trois visions très différentes, de la version déjantée et muette mêlant de véritables prises de vues avec des personnages animés datant de 1924, à celle en ombres chinoises de 1955, en passant par une version musicale de 1933. Un ajout appréciable dans le sens où ce type de court-métrage est plutôt rare sur DVD et même en vidéo tout court !

Si l'on regrette de ne pas retrouver plus d'informations sur le film lui-même, ce premier DVD de Ciné Malta permet de redécouvrir JACK LE TUEUR DE GEANTS dans une copie colorée. Le plus surprenant reste le prix de vente assez bas pour un tel produit et surtout un style de film plutôt rare dans nos contrées sur DVD !

Rédacteur : Christophe Lemonnier
Photo Christophe Lemonnier
Ancien journaliste professionnel dans le domaine de la presse spécialisée où il a oeuvré durant plus de 15 ans sous le pseudonyme "Arioch", il est cofondateur de DeVilDead, site d'information monté en l’an 2000. Faute de temps, en 2014, il a été obligé de s'éloigner du site pour n'y collaborer, à présent, que de manière très sporadique. Et, incognito, il a signé de nombreuses chroniques sous le pseudonyme de Antoine Rigaud ici-même.
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L'édition vidéo
JACK THE GIANT KILLER DVD Zone 2 (France)
Editeur
Cine Malta
Support
DVD (Double couche)
Origine
France (Zone 2)
Date de Sortie
Durée
1h30
Image
1.66 (4/3)
Audio
English Dolby Digital Mono
Francais Dolby Digital Mono
Sous-titrage
  • Français
  • Supplements
    • Galerie de photos
      • Court-métrage d'animation
      • The Giant Killer - 1924 (7mn56)
      • Jack and the Beanstalk - 1933 (8mn10)
      • Jack and the Beanstalk - 1955 (11mn20)
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