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Critique du film et du DVD Zone 0
DAY THE WORLD ENDED 1956

 

La Terre est ravagée par une guerre atomique... Heureusement, Jim Madison avait anticipé cette catastrophe et s'était bâti un refuge, largement pourvu en vivres, dans un site à l'abri des radiations. Il s'y installe avec sa fille Louise, bien décidé à attendre paisiblement que les radiations dispersées dans l'atmosphère se dissipent. Son plan subit pourtant un accroc de taille : cinq autres survivants viennent lui demander de les accueillir. Sous la pression de sa fille, Jim accepte, alors même que les quantités de nourriture et d'eau potable entreposées dans l'abri n'ont été calculées que pour trois personne maximum. Les nouveaux-venus sont un voyou, Tony, et sa compagne, Ruby ; le géologue Rick et un ami très gravement irradié ; et enfin un pittoresque vieillard venu chercher de l'or dans cette région montagneuse ! Dans le groupe, les tensions vont se multiplier, d'autant plus que l'enjeu de la situation n'est rien de moins que la survie de l'humanité.

Peur de l'atome et mutants haut en couleurs : DAY THE WORLD ENDED semble s'inscrire très nettement dans le courant de la science-fiction angoissée de l'Amérique des années 1950. On y voyait alors souvent des expérimentations atomiques provoquer des mutations effroyables, aussi bien chez les animaux (les fourmis avec DES MONSTRES ATTAQUENT LA VILLE) que chez les humains (de L'HOMME QUI RÉTRÉCIT au FANTASTIQUE HOMME-COLOSSE). Mais ce film se penche avant tout sur l'angoisse provoquée par l'idée de la fin du monde et de l'humanité. Cette thématique est présente de longue date dans le cinéma fantastique, mais il s'agissait, jusqu'aux années 50, des conséquences de catastrophes naturelles (frôlement de la Terre par une comète, par exemple, envisagé, entre autres, par LA FIN DU MONDE d'Abel Gance) ou de guerres traditionnelles (la civilisation est jetée à bas par un tel conflit dans LA VIE FUTURE de William Cameron Menzies).

Lorsque l'URSS annonce qu'elle détient le secret de la Bombe Atomique, en 1949, le cinéma américain, confronté à ce nouvel équilibre de la terreur, commence rapidement à envisager la destruction de l'humanité par un holocauste nucléaire absurde et incontrôlé. Cette situation est ainsi envisagée dans CINQ SURVIVANTS réalisé en 1951 par Arch Oboler, par exemple. Cela va s'amplifier à la fin des années 1950, avec des oeuvres comme LE MONDE, LA CHAIR ET LE DIABLE (avec Mel Ferrer et Harry Belafonte) et LE DERNIER RIVAGE (avec Ava Gardner et Gregory Peck), tous deux de 1959. Ce phénomène s'accentue encore avec le développement, dans les années 1960-1970, d'une science-fiction pessimiste et contestataire (citons DOCTEUR FOLAMOUR de Kubrick, LA BOMBE de Peter Watkins, LA PLANETE DES SINGES...), jusqu'à engendrer un véritable sous-genre : le cinéma post-apocalyptique (MAD MAX 2 de George Miller, LE DERNIER COMBAT de Luc Besson...).

DAY THE WORLD ENDED a au moins une certaine valeur historique : il s'agit du premier film fantastique réalisé par Roger Corman, bien que ce célèbre producteur-réalisateur américain s'était déjà échauffé sur ce genre avec THE BEAST WITH A MILLION EYES de David Kramarsky, à la réalisation duquel il a activement participé sans être crédité. Néanmoins, auparavant, les films qu'il avait signés étaient un film policier (SWAMP WOMEN) et deux westerns (CINQ FUSILS A L'OUEST et LA FEMME APACHE). Ces deux dernières oeuvres étaient réalisées pour la jeune compagnie American Release Corporation, petite firme indépendante fondée par James H. Nicholson et Samuel Z. Arkoff, appelée à être rapidement rebaptisée American International Pictures (AIP).

Toutefois, Nicholson et Arkoff étaient déçus par les recettes de ces deux westerns. Programmés dans le cadre de double-séances, ils étaient utilisés comme compléments de programmation pour des oeuvres plus importantes. Or, ces programmes complémentaires étaient achetés à bas prix et rapportaient très peu d'argent à leurs producteurs. Les deux fondateurs d'American Release Corporation ont alors l'idée de proposer des "package" aux exploitants, regroupant deux films : le film d'accompagnement ET le film principal.

L'idée est brillante, et promet de juteuses retombées financières. Hélas ! ils n'ont pas assez d'argent pour produire deux films ! Ils achètent alors un petit film de S.F., THE PHANTOM FROM 10.000 LEAGUES de Dan Milner, pour accompagner leur nouvelle production maison : DAY THE WORLD ENDED, réalisé par Roger Corman. DAY THE WORLD ENDED - THE PHANTOM FROM 10.000 LEAGUES est le premier d'une longue série de double-programmes produits par les deux compères...

Le sujet de THE DAY THE WORLD ENDED s'inspire en fait nettement de CINQ SURVIVANTS d'Arch Oboler : après un holocauste nucléaire, cinq survivants (quatre hommes et une femme) doivent envisager l'avenir. La situation est ici très semblable. Sept survivants sont coincés dans une petite vallée, et essaient d'organiser leur survie, voire la survie de l'humanité. En effet, il est possible qu'ils soient les derniers humains en vie sur Terre. Si certains se montrent responsables (le brave Rick), l'odieux Tony ne pense qu'à lui et à la satisfaction de ses désirs et besoins immédiats. Qui plus est, un horrible mutant semble tourner autour de la maison qui sert de refuge aux survivants.

Les réalisations de Corman des années 1950 étaient aussi connues pour la rapidité de leur tournage (aux alentours de dix jours) et la modestie de leurs budgets (environ 50 à 100.000 dollars). Par conséquent, DAY THE WORLD ENDED n'est pas aussi spectaculaire que son titre et son affiche voudraient nous le faire penser. Le film se développe surtout autour des conflits humains entre les survivants, confinés dans une petite maison et quelques rares extérieurs. Fatalement, les palabres sont souvent envahissantes. Corman utilise alors quelques ficelles techniques auxquelles il aura ensuite souvent recours pour animer la réalisation de scripts trop bavards : pour la moindre scène de dialogue, il glisse quelques mouvements d'appareil, multiplie astucieusement les changements d'échelle et diversifie les angles de prises de vue, de façon à dynamiser une séquence en principe peu excitante. Qui plus est, l'interprétation est globalement très compétente, et ne donne pas l'impression d'avoir affaire à un casting au rabais. Hélas, des longueurs se font tout de même bien sentir. Alors que le script semble promettre des développements sur des mutations atomiques, ceux-ci n'interviennent réellement que dans les dix dernières minutes du film et l'essentiel du métrage se compose d'un huis-clos pas inintéressant, mais globalement bien lent.

Tourné en Techniscope (ratio de présentation 2.0), DAY THE WORLD ENDED est ici présenté dans un recadrage en 1.33, ce qui provoque la perte franchement gênante d'un bon tiers de l'image. Très mauvais point pour ce DVD ! Sinon, la copie en noir et blanc est globalement correcte, même si l'on note, de loin en loin, quelques défauts (fixité aléatoire, rayures). Le transfert numérique est juste correct, avec notamment des problèmes de perte de définition dans les scènes sombres et/ou agitées.

Le son est proposé en anglais et en mono seulement, avec une bande assez fatiguée (craquement, souffle, aigus un peu étouffés). Mais pour un tel film, on ne pouvait guère s'attendre à mieux. Des sous-titres néerlandais et allemands sont disponibles.

On trouve les mêmes bonus sur ce DVD que pour les autres titres de cette collection "The Arkoff film library", à savoir : une intéressante conférence audio de 50 minutes de Samuel Z. Arkoff et neuf bande-annonces de films qu'il a produits. Le boîtier contient en outre neuf cartes postales reproduisant des affiches de productions Arkoff-Nicholson.

Intéressant par certains de ses enjeux dramatiques, baignant dans une ambiance assez étrange, relativement bien joué et réalisé, DAY THE WORLD ENDED pourra intéresser l'amateur de curiosités S.F. des années 1950. On regrettera néanmoins certaines longueurs par moment...

Rédacteur : Emmanuel Denis
Photo Emmanuel Denis
Un parcours de cinéphile ma foi bien classique pour le petit Manolito, des fonds de culottes usés dans les cinémas de l'ouest parisiens à s'émerveiller devant les classiques de son temps, les Indiana Jones, Tron, Le Dragon du lac de feu, Le Secret de la pyramide... et surtout les Star Wars ! Premier Ecran fantastique à neuf ans pour Le retour du Jedi, premier Mad Movies avec Maximum Overdrive en couverture à treize ans, les vidéo clubs de quartier, les enregistrements de Canal +... Et un enthousiasme et une passion pour le cinéma fantastique sous toutes ses formes, dans toute sa diversité.
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L'édition vidéo
DAY THE WORLD ENDED DVD Zone 0 (Angleterre)
Editeur
DVD UK
Support
DVD (Simple couche)
Origine
Angleterre (Zone 0)
Date de Sortie
Durée
1h20
Image
1.33 (4/3)
Audio
English Dolby Digital Mono
Sous-titrage
  • Néerlandais
  • Allemand
  • Supplements
    • Interview audio de Samuel Z. Arkoff (50mn)
      • Bandes-annonces
      • War of the Colossal Beast
      • Blood of Dracula
      • Day the World Ended
      • How to Make a Monster
      • The Brain Eaters
      • The She-Creature
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