Lors de son voyage de noce, un couple de jeunes mariés, Valérie et Stefan se retrouve dans un mystérieux hôtel dans la ville déserte d'Ostende. Arrivent sur les lieux la Comtesse Bathory et sa protégée Ilona. Une relation sensuelle et érotique va se nouer entre tous les quatre. Mais qui est cette mystérieuse comtesse ?
Quand on tombe sur un film européen ayant pour thème le vampirisme, le fan de cinéma hésite toujours un petit peu. Thème mille fois utilisé et usé jusqu'à la moelle qui peut certes garantir de très bon films comme VAMPYROS LESBOS ou de très moins bon comme ceux de Jean Rollin (NDLR ça n'engage que toi !). DAUGHTERS OF DARKNESS se situe entre les deux, même si celui-ci se rapproche plus de l'œuvre du réalisateur français.
DAUGHTERS OF DARKNESS est un vrai un assemblage hétéroclite de plusieurs cultures. A commencer par sa production, les fonds étant belges, italiens, français et allemands et réalisé par Harry Kümel, cinéaste belge, professeur de cinéma et qui travailla à la télévision et pour le théâtre. Le film ne comporte que peu de rôles à l'exception de la très belle et virginale Valérie, jouée par Danielle Ouimet, actrice canadienne très connue dans son pays suite au carton du film érotique VALERIE (1969) de Dennis Héroux et L'INITIATION (1970). Deux films sur l'émancipation de la femme canadienne qui peuvent paraître assez vieillots de nos jours et que l'on peut découvrir dans un double DVD au Canada. Leur «Emmanuelle» en somme. A ses côtés dans le rôle de son jeune mari, John Karlen acteur américain habitué des feuilletons et entre autre mari de Lacey dans la série CAGNEY ET LACEY qui passe souvent sur notre réseau hertzien. La protégée de la Comtesse est interpretée par une jeune actrice allemande, Andrea Rau, ancienne danseuse et célèbre dans son pays pour une multitude de films érotiques et playmate dans diverses revues telles LUI. Pour finir dans le rôle de la Comtesse Bathory, la gracieuse et très sensuelle Delphine Seyrig, une actrice raffinée à la voix rocailleuse comme Jeanne Moreau. Peu connue du grand public, Delphine Seyrig est apparue dans quelques classiques du cinéma français comme L'ANNEE DERNIERE A MARIENBAD (1961), BAISERS VOLES de Truffaut (1968) et surtout dans l'excellent PEAU D'ANE de Jacques Demy (1970) et alors que certains tombaient amoureux de Deneuve ou de Jean Marais, votre serviteur n'avait d'yeux que pour La Fée. En blonde platine dans le pur style années 30, dominatrice, ensorceleuse et manipulatrice, elle est tout simplement magnifique dans son rôle. Tous les acteurs sont d'ailleurs très bien dirigés par Kümel et c'est un vrai plaisir car dans ce genre de petites productions européennes la direction d'acteur n'est pas la préoccupation principale.
Au cinéma de Jean Rollin, Harry Kümel emprunte une certaine poésie charnelle par la présence de la comtesse et de sa protégée, véritable couple lesbien, cherchant à envoûter nos deux jeunes tourtereaux, mais en plus celle-ci est accompagnée d'un vrai travail quant à l'atmosphère que Kümel souhaite donner à son film. Une atmosphère lourde, morbide et mystérieuse. Le choix de la ville belge d'Ostende est important car à cette époque de l'année elle est vidée de ses touristes et ressemble à une ville morte où il pleut abondamment. Le réalisateur place aussi par petites touches une ambiance d'avant-guerre. La comtesse avec son allure et sa garde robe années 30, Ilona et sa coiffure à la Louise Brooke, mais aussi ce grand l'hôtel vide abritant nos protagonistes, qui à l'instar de l'école de danse de SUSPIRIA, est à lui seul un personnage dans le film lui conférant un ton vieillot.
Kümel sait parfaitement composer ses plans et cadrer ses personnages, les figeant comme dans un tableau. Un gros travail est aussi fait quant au choix de certaines couleurs avec des ambiances bleutées lors des scènes d'amour, des couleurs rouges pour certaines vêtements et meubles, comme pour désigner ceux par qui le malheur arrive. Le film, par sa lenteur, peut en rebuter certains, mais à aucun moment on ne s'ennuie, captivé par l'atmosphère du film et par la magnifique et envoûtante musique de François de Roubaix. Malgré les sous-entendus érotiques tout le long du film et nos deux vampires lesbiennes, il n'y a que deux scènes érotiques à se mettre sous la dent et encore elles sont courtes, mais il suffit d'un regard, d'un mot qui s'échappe avec la voix particulière de Delphine Seyrig pour faire monter le thermomètre (NDLR : Reste à savoir ce que Superfly entend par «thermomètre») et tomber amoureux d'elle. Il en va de même si vous recherchez un film gore ou violent. Rien de ceci dans DAUGHTERS OF DARKNESS. Même s'il s'agit d'un film de vampires, pas une canine à l'horizon. Néanmoins les rares scènes sanglantes sont particulièrement réussies, surtout grâce à leur mise en scène. Simples mais efficaces comme on dit.
Blue Underground est connu de tous les fans pour ses éditions parfaites, tant pour leurs qualités (THE TOOLBOX MURDERS, REVOLVER etc …) que par leurs bonus (La Box western entre autre). DAUGHTERS OF DARKNESS était sorti en 1998 chez Anchor Bay dans une édition fort médiocre paraît-il. Blue Undergound a t'il fait mieux que THE TOOLBOX MURDERS ?. Pas tout à fait. Même si les couleurs sont très belles, la compression laisse légèrement à désirer. Les avant-plans sont bien définis, moins les arrière-plans qui fourmillent de temps en temps. Donc on reste un peu sur sa faim tant on est habitué aux miracles de la boîte de Bill Lustig. Le film est uncut, au format et proposé en 16/9. Il comporte une piste mono très satisfaisante.
En bonus huit minutes d'interview d'Andrea Rau, l'actrice qui joue Ilona. Elle se remémore sa carrière, le tournage et sa rencontre avec Delphine Seyrig avec qui elle discutait souvent ballet. On peut trouver aussi deux commentaires audio, le premier du réalisateur, le second de l'acteur jouant Stefan, John Karlen accompagné de David Del Valle, journaliste et historien. Aucun des deux n'est sous titré mais ça, c'est une habitude. Enfin à noter aussi la présence de quelques posters et photos ainsi que de spots radio et de la bande-annonce.
Le DVD de DAUGHTERS OF DARKNESS est une édition composée de bonus pas vraiment passionnants et d'une compression un peu vacillante mais il reste malgré tout un film à vraiment découvrir et à apprécier. Car même si les fans de cinéma d'horreur érotique vont plutôt être sur leur faim car il ne se passe pas grand chose entre nos deux vampires lesbiennes, les fans de films ou l'on peut trouver et ressentir une véritable atmosphère vont être aux anges… DAUGHTERS OF DARKNESS est peut-être moins tripant qu'un Franco mais surtout moins chiant que certains Rollin.