La vie de Mallory a été bouleversée lorsqu'elle
a découvert que son jeune mari était en fait un démon
buveur de sang. Elle a alors tué son époux à coups
de hache et, ensuite, est devenue membre d'une brigade française
spécialisée dans les enquêtes sur les phénomènes
surnaturels. Lorsque le Pape se fait enlever en plein Paris par des
personnages mystérieusement invulnérables aux armes à
feu, c'est naturellement à Bloody Mallory et ses amies que s'adresse
le Ministère de l'Intérieur...
BLOODY MALLORY est un des films français de la compagnie "Bee Movies", fondée afin de lancer des films français "de genre", produits avec des petits budgets, écrits et réalisés par des personnes relativement peu expérimentées, mais néanmoins passionnées. Le slasher PROMENONS-NOUS DANS LES BOIS de Lionel Delplanque donne l'idée de créer à Fidélité Production une ligne de films de genre nommé "Bee movie" dont le premier à être sorti en France fut UN JEU D'ENFANTS de Laurent Tuel. Le film d'arts martiaux SAMOURAÏS est d'abord prévu comme un "Bee Movie", mais son budget finit par devenir si élevé qu'on préfère en faire une oeuvre relevant de Fidélité Production, structure plus prestigieuse. Ses producteurs misent à fond sur ce film et lui attribuent la date de sortie habituelle des "Bee Movies" , en juin, pour bénéficier de la Fête du Cinéma. Par conséquent, BLOODY MALLORY sera un peu sacrifié et distribué en plein mois de juillet, à une période particulièrement creuse en matière de fréquentation des salles. Précédée par des critiques globalement très sévères, son exploitation en salles se soldera par un bide.
BLOODY MALLORY est réalisé par Julien Magnat, qui venait de terminer la FEMIS, célèbre école de cinéma française, dans le cadre de laquelle il avait pu réaliser le film de sa promotion : CHASTITY BLADE. Il est d'abord contacté par Bee Movies pour écrire et réaliser un slasher. Mais ce projet tombe à l'eau, et il se met à l'écriture de la comédie fantastique BLOODY MALLORY. Le rôle-titre est confié à Olivia Bonamy, particulièrement remarquée dans LE CIEL, LES OISEAUX... ET TA MÈRE !. On reconnaît à ses côtés, dans le rôle du Pape, Laurent Spielvogel, habitué des seconds rôles comiques (PÉDALE DOUCE, ASTÉRIX ET OBELIX CONTRE CÉSAR...). Le production de ce film bénéficiant de l'appui d'une firme espagnole, on trouve aussi l'acteur ibérique Adria Collado (SOUVENIRS MORTELS...). Malgré un budget réduit et un tournage limité à trente-huit jours, BLOODY MALLORY multiplie les difficultés en incorporant des scènes de combat, des maquillage et des changements de décors relativement fréquents. D'ailleurs, le tournage ne s'est pas fait sans mal, le chef-opérateur initial (qui était celui de CHASTITY BLADE) s'étant même vu "remplacé" en cours de route, quand l'équipe a commencé à prendre du retard par rapport au planning.
BLOODY MALLORY se
veut un mélange de film d'action et d'épouvante, s'inspirant
en grande part, pour son personnage principal, de séries télévisées
récentes mettant en valeur des femmes fortes (mais néanmoins
sensibles...), comme BUFFY
CONTRE LES VAMPIRES ou XENA,
LA GUERRIÈRE. De nombreux clins d'oeil sont adressés
à la culture populaire japonaise (jeux vidéo, manga, dessins
animés...) à travers la direction artistique (costume,
maquillage...) ou les scènes d'action. Néanmoins, Magnat
inscrit aussi fortement son film dans un cadre très français,
avec la mise en valeur de décors typiquement hexagonaux, comme
cette vision futuriste de Notre-Dame de Paris, ou ces petits villages
campagnards. On s'inspire même de l'actualité récente
: la visite du pape évoque aussi bien les JMJ que les sinistres
manifestations anti-PACS.
BLOODY MALLORY commence relativement bien. Certes, on sent, dans la direction artistique et dans un découpage pas toujours très rigoureux, le manque de temps et de moyens. Néanmoins, la réalisation est tout de même variée, et le tout est relativement rythmé et interprété avec un certain entrain. Pourtant, les limites du film commencent à devenir sérieusement sensibles à partir de la descente dans les limbes. Dès lors, l'action se cantonne dans quelques étroites portions de décor, tandis que les péripéties significatives se raréfient drastiquement. Malgré l'abattage des comédiens et quelques idées amusantes (l'identité du démon Abaddon), c'est l'ennui qui finit par l'emporter... Tout cela ne sera pas sauvé par le dénouement devant le Palais de Tokyo, particulièrement décevant par son absence de passages vraiment spectaculaires, et ce malgré une volonté intéressante de mettre en valeur ce décor typiquement parisien.
En ce qui concerne l'image de ce DVD, la qualité est globalement correcte. Certains plans souffrent d'un noir manquant légèrement de profondeur et ont un peu tendance à fourmiller, mais cela reste globalement très acceptable.
La bande-son n'est disponible qu'en français, en Dolby Digital 5.1, et n'inclut aucun sous-titrage.
La section bonus est relativement réduite. On y trouve le bande-annonce de BLOODY MALLORY, ainsi que celle de deux autres Bee Movies : REQUIEM et UN JEU D'ENFANTS. Puis on accède à un making-of de 17 minutes, surtout axé sur les scènes de combat et les effets spéciaux. Le bonus le plus intéressant est sans aucun doute le moyen métrage CHASTITY BLADE, réalisé par Julien Magnat en 2000 au sein de la FEMIS, et interprété par Lisa Wilcox : bien réalisé, bien interprété, il bénéficie d'un scénario assez fin, dont l'approche des rapports fiction-réalité peut rappeler un peu LAST ACTION HERO.
BLOODY MALLORY, malgré certains atouts (réalisation dynamique, interprétation entraînante, volonté délibérée de ne pas se prendre au sérieux...), souffre vraiment de son caractère brouillon et peine, au-delà de sa première demi-heure, à intéresser le spectateur. Dommage...