Après avoir été contaminées par des produits
chimiques, les araignées d'un petit patelin minier se mettent
à muer en série. Les voilà devenues géantes
et bien entendu avides de chair fraîche. Les habitants du bled
n'ont plus qu'à se serrer les coudes pour tenter d'éradiquer
l'horrible invasion.
On se souvient encore de l'anachronisme provoqué par la vision de l'affiche d'ARAC ATTACK, placardée jusqu'à plus soif sur les murs du métro ou sur le pavé des grandes villes. Pensez donc, un blockbuster estival narrant une invasion d'araignées géantes sous l'effroi hagard d'un David Arquette à peine remis d'une longue période de starification artificielle via une vie sentimentale ultra relayée dans la presse à ragots. Impossible de refreiner un sentiment de curiosité, même si l'effroyable accroche du poster, "par les producteurs d'INDEPENDANCE DAY et GODZILLA", prévoyait le pire. Après vision du titre, il ne reste malheureusement plus grand chose de ce fantasme de retrouver l'ambiance des séries B des années 50 reliftées sous les standards contemporains. Pire, ARAC ATTACK est à son genre ce que GODZILLA est au film de "Kaiju Eiga", ou ce qu'INDEPENDANCE DAY est au film d'invasion extra-terrestres : une totale imposture !
ARAC ATTACK est tiré de la même recette de nos deux anti-chefs d'oeuvre made in Roland Emmerich et Dean Devlin, à savoir une reprise totale des éléments (voire clichés) du genre noyé sous un déluge d'effets spéciaux high-tech, le tout saupoudré d'un caricatural achevé dans sa peinture des personnages. Un léger survol des héros du film suffit à déterminer la note d'intention : un héros plus que transparent (un David Arquette qui en fait le moins possible, peur du ridicule ?), le gosse à tendance petit génie, le flic bedonnant à côté de ses pompes, le politicien véreux, et bien sûr le personnage du black tout en tchatche et en gaffes (side kick comique indispensable, cela va sans dire). N'en jeter pas plus !
Mais ce qui fâche vraiment avec ARAC ATTACK, c'est que le film peine à s'assumer au travers de l'héritage de films de monstres dans lequel il s'illustre. En clair, Ellory Elkayem (un réalisateur spécialiste des bébêtes puisqu'on lui doit ECLOSION, un téléfilm relatant une invasion de cafard que Nadia avait déjà critiqué en ces pages via l'édition en zone 2 du titre) reprend point par point les clichés les plus éculés sans le moindre recul ou clin d'il, visant ainsi de manière ultra précise le spectateur d'ordinaire étranger au film de monstres. Le spectateur sevré au fantastique se sentira donc très vite exclu, et devra suivre péniblement les péripéties prévisibles et mollassonnes de personnages absurdes.
Reste que pour tenter de faire passer la pilule, les auteurs du film se réfugient dès qu'ils le peuvent derrière un second degré de plus en plus forcé, lorgnant à plus d'une reprise vers le comique pur et simple. Ainsi, les araignées se verront au fur et à mesure du film dotée d'une parole laissant échapper des onomatopées cartoonesques que n'aurait pas renié la main tranchée de Ash dans EVIL DEAD 2. Drôle ou fatiguant, à apprécier selon l'humeur.
C'est donc clair, ARAC ATTACK n'est pas venu au monde pour révolutionner
le genre, mais avant tout pour rabattre le badaud à coup d'effets
spéciaux abondants et spectaculaires (et garantie 100 % non gores).
Pour le coup, le film marque ici un point. Les araignées (dont
les auteurs se sont amusés à imaginer différentes
espèces aux aptitudes différentes) fonctionnent quasi
parfaitement, accompagnant la moindre de leur apparition d'un fort dégoût
hystérique chez le pauvre spectateur. On retiendra à ce
titre la scène d'exposition des bestioles, où notre petit
génie découvre avec excitation et répulsion chez
un spécialiste les différentes espèces jusqu'ici
à taille normale. Elkayem
exploite avec efficacité la peur viscérale du commun des
mortels avec des apparitions surprises assez bien vues (les araignées
se déployant lentement depuis chaque recoin du décor),
bien que ce dernier peine à mettre en place de véritables
scènes de bravoure. Une seule séquence se dégage
réellement : une course-poursuite entre araignées sauteuses
et moto cross. Si cette scène ne brille pas particulièrement
d'un réel effort de mise en scène, elle carbure néanmoins
à l'énergie primaire. Dommage que le reste du métrage
reste aussi morose, et peine tant à drainer l'attention d'un
spectateur à qui l'on avait promis un divertissement facile,
certes, mais avant tout fédérateur et entraînant.
Si le film pose problème, son édition zone 2 rattrape grandement le coup. Comme avec toutes les productions américaines récentes, l'image est certifiée sans défaut, et des pistes audio en Dolby Digital 5.1 (en anglais, français et italien) sont présentes pour bourriner vos enceintes. Si vous disposez d'un équipement assez conséquent, il y'a fort à parier que les scories du métrage s'effaceront doucement face au niveau technique du disque. A noter que vous pourrez suivre le film avec le commentaire audio du réalisateur et de l'acteur David Arquette. Si l'option du commentaire est désormais devenue un incontournable du bonus DVD, on est cependant en droit de se demander si l'exposé oral de Elkayem et de Arquette (qui font malgré tout figure de "mercenaires" sur ce film) est bien indispensable. Bonne surprise, le cinéaste et le comédien se montrent distrayants et faciles à suivre (entre décorticage d'influences et souvenir de blagues de tournage), même si l'ensemble a bien du mal à tenir la longueur. Un supplément à réserver néanmoins aux anglophones puisque l'éditeur n'a pas jugé bon de le sous-titrer.
Toujours dans les bonus, le DVD a l'excellente initiative de nous présenter le court-métrage LARGER THAN LIFE qui a inspiré la mise en chantier d'ARAC ATTACK avec le même réalisateur à la barre. Pour le coup, Elkayem rend franchement et dignement hommage aux films de monstres radioactifs avec ces quelques minutes de huis clos pas bien sérieuses. Baignant dans une ambiance intemporelle (époque contemporaine avec un noir et blanc typique des années 50), LARGER THAN LIFE reprend exactement le même pitch que ARAC ATTACK (les monstres sont également des araignées géantes) pour un résultat franchement plus épatant. Mêmes soucis que sur le long, on regrettera qu'Elkayem se borne à reprendre les clichés du genre sans y apporter quoi que ce soit. Pour revenir à ARAC ATTACK, nous trouverons également une compilation de scènes raccourcies au montage dont une fin alternative. L'apport se situe généralement dans des plans de dialogues inutiles et sans aucune addition aux relations déjà anémiques de nos personnages. Pour finir, l'édition propose une fiche artistique et technique ainsi que la bande-annonce du film (attention, cette dernière n'est pas identique à celle passée dans nos salles).
On pensait avoir affaire
à un revival sympa de film de monstres radioactifs type DES
MONSTRES ATTAQUENT LA VILLE, remis au goût du jour question
effets spéciaux et débarrassé du sous texte propagandiste
inhérent aux productions des années 50. Que nenni ! ARAC
ATTACK est un blockbuster maladroit, tentant de sauver les meubles
avec de grosses louches de second degré. Un spectacle laborieux
et caricaturiste ou tout simplement fun... A voir selon l'exigence du
moment.