Angus Flint effectue des fouilles archéologiques sur le terrain
qui aurait abrité un couvent il y a bien longtemps déjà.
Là, il va déterrer un bien étrange crâne
de forme allongée ne faisant référence à
aucune créature connue. Dans la même soirée, il
fera la connaissance de Lord James d'Ampton durant une fête folklorique
où on lui racontera l'histoire du ver blanc
Ken Russell fait partie de ces cinéastes qui ne laissent pas de marbre ne serait-ce que par son approche très "barjo" du cinéma et surtout des thèmes qu'il y développe. Pourtant, après une rapide carrière dans la marine, un vivier surprenant puisque pas mal de cinéastes proviennent de là, un court intermède de danseur et acteur, il se met à réaliser des courts-métrages ce qui lui permettra d'être repéré par la BBC. C'est à cette époque qu'il va entamer une carrière télévisuelle dont il aurait très bien pu ne jamais s'échapper s'il n'avait déjà réalisé quelques métrages à même de choquer les spectateurs. C'est là d'ailleurs qu'il réalise pas mal de biographies de compositeurs et artistes. Après un premier faux départ cinématographique, le producteur Harry Saltzman lui propose de tourner le troisième épisode de la série des Harry Palmer : UN CERVEAU D'UN MILLIARD DE DOLLARS. Mais le cinéaste britannique se fait un véritable nom en tournant LOVE, LA SYMPHONIE PATHETIQUE et surtout LES DIABLES. Ce dernier, sans nul doute le meilleur film du réalisateur, est une évocation des diables de Loudun et donnait à Oliver Reed l'un de ses plus grands rôles tout en devenant une uvre scandaleuse. Il ne fait pas bon mélanger sexe et religion ce que le film de Ken Russell faisait allégrement à force d'images évocatrices. Après deux biographies, s'ensuivront deux films en collaboration avec les Who : TOMMY et le très bizarre LIZTOMANIA. Ken Russell s'envole alors pour les Etats-Unis pour reprendre un projet qui navigue depuis quelques temps entre les mains de plusieurs réalisateurs. C'est ainsi qu'il tournera l'halluciné AU DELA DU REEL avant d'embrayer par un autre de ses grands films. A savoir LES JOURS ET LES NUITS DE CHINA BLUE qui fit une nouvelle fois scandale ! Kathleen Turner s'y donnait à fond dans le rôle d'une femme d'affaires le jour se transformant en call girl de luxe avide de plaisirs charnels la nuit ! Par la suite, Ken Russell aura du mal à insuffler le même talent dans les autres films de sa carrière. On notera ainsi un GOTHIC plutôt ennuyeux narrant la nuit où Mary Shelley aurait inventé Frankenstein en compagnie de Byron. Ce qui nous mène au REPAIRE DU VER BLANC qui se trouve sur ce DVD.
Ken Russell nourrissait depuis longtemps l'idée d'adapter Dracula de Bram Stoker mais après réflexion, il y avait bien trop de films sur le sujet pour qu'il ne vienne ajouter sa pierre à l'édifice. Il laisse cette idée de côté jusqu'au jour où il tombe sur un autre livre de Bram Stoker qui racontait une autre histoire horrifique peuplée de sortes de vampires. Plutôt que d'adapter les écrits directement, il transposa l'histoire à l'époque contemporaine et ne garda que les éléments qui lui paraissaient les plus intéressants. Vestron, la maison de production qui a financé ses films précédents, dont GOTHIC, lui donne un budget minuscule, ce qui en contrepartie laisse les mains totalement libres au cinéaste. Avec en gros quatre à cinq fois moins d'argent qu'un film d'horreur américain, LE REPAIRE DU VER BLANC est pourtant mis en boîte sans que l'on ne perçoive trop son budget ridicule ! Tout du moins, pas dans la plupart des effets spéciaux qui émaillent le film.
Sur une histoire assez simpliste,
Ken Russell s'amuse
comme un petit fou. Surtout dans les séquences oniriques ou les
hallucinations de certains personnages. Sexe et religion y sont une
nouvelle fois mêlés pour un flash back complètement
surréaliste où les nonnes d'un couvent sont violées
par des légionnaires romains alors qu'un christ sur la croix
est la proie d'un ver blanc. Au passage, depuis LES
DIABLES, Ken
Russell semble apprécier les nonnes puisque Kathleen
Turner se travestit justement en religieuse pour l'une des scènes
chaudes du film. Autre grande séquence de dingue, un voyage aérien
pour Hugh Grant
qui nous simule une érection grâce à un feutre rouge
alors que la femme serpent improvise un corps à corps sensuel
avec une autre femme. Rien que pour ces passages, LE REPAIRE DU VER
BLANC vaut le détour à condition d'apprécier
les métrages bien frappés !
Le reste du film est déjà bien plus léger puisque l'on peut y suivre une histoire assez conventionnelle où un Hugh Grant, alors plus ou moins méconnu, et Peter Capaldi mènent l'enquête sur la légende du ver blanc qui pourrait bien s'avérer être une réalité. Le ton étant bien souvent à la limite du parodique à l'image des séquences où nos héros charment les serpents (à base de chaîne Hi-fi ou de cornemuse). Plutôt délirant bien que LE REPAIRE DU VER BLANC risque bien de laisser sur le carreau des spectateurs en quête d'un cinéma plus traditionnel ! Surtout que le film alterne souvent entre passages purement comiques et scènes très sérieuses. Etonnant, ce qui n'est finalement pas pour déplaire à l'arrivée !
Le transfert au format cinéma respecté en 16/9 n'est pas exempt de défauts à commencer par un grain très prononcé et une compression pas toujours parfaite. Cela ne l'empêche pas de retranscrire assez bien l'univers visuel de Ken Russell sans trop d'accroc. L'aspect surprenant de ce DVD provient du choix des pistes sonores. Alors que jusqu'ici la plupart des éditeurs remixent les doublages français pour refourguer les DVD avec un argument commercial supplémentaire, cette fois c'est seulement la version originale qui se voit reliftée ! La version française est donc en mono d'origine alors qu'une piste DTS et une autre piste en Dolby Digital 5.1 nous permettent de redécouvrir le film. Bon, à vrai dire, ce n'est pas ici que vous risquez de voir la différence entre ces deux systèmes sonores multi-canaux. Les deux pistes étant relativement identiques.
Il y a quelques temps déjà, un DVD du REPAIRE DU VER BLANC était sorti aux Etats-Unis sous la bannière de Pioneer. Celui-ci contenait un commentaire audio de Ken Russell qui n'a hélas pas été repris ici. Pas plus que la galerie de photos contenant des clichés du tournage. Les suppléments se restreindront ainsi à une bande-annonce alors que les filmographies annoncées sur la jaquette sont introuvables. Plutôt maigre !
Autant LE REPAIRE DU VER
BLANC est un film plutôt intéressant et autant il s'agit
d'une uvre mineure dans la filmographie de Ken
Russell. Dénué d'un grand nombre de suppléments,
on peut donc se demander pourquoi le DVD s'avère être aussi
cher que des éditions plus prestigieuses. La présence
du commentaire audio de Ken
Russell nous aurait certainement rendu plus enthousiastes à
propos de cette édition DVD. Voilà qui risque de mettre
un frein aux ardeurs cinéphiliques de ceux qui auraient pu trouver
le moyen de découvrir ce film pourtant très estimable
sur DVD.