Joe Blocker (Joe Sharkey)
et Sweeney Birdwell (Jake
Dengel) sont deux détectives fatigués tentant de mener
péniblement les laborieuses affaires qui leur sont confiées.
Marqués qui plus est par un contexte personnel difficile (l'un
est marié à une fumeuse ultra intoxiquée par le
tabac, l'autre se réfugie dans l'alcool depuis le départ
de sa femme), les deux hommes devront néanmoins se dépasser
afin d'arrêter un dangereux serial killer spécialisé
dans le démembrement exécuté à l'aide d'outils
industriels et adepte d'énigmes égyptiennes abandonnées
dans le corps de ses victimes.
BLOODSUCKING PHARAOHS IN PITTSBURGH est un nouvel opus d'une collection visant à réhabiliter les films oubliés du cinéma d'exploitation des années 80 / 90. Si le principe d'une telle anthologie force immédiatement le respect, il faut bien reconnaître que ce que l'on a pu en voir jusqu'à présent ne méritait franchement pas d'être repêché (on parle bien entendu du formidablement minable EVIL LAUGH et son four micro-onde exploseur de tête). Si BLOODSUCKING PHARAOHS se montre facilement plus inspiré que son laborieux prédécesseur, il faut avouer que cette pelloche à peine dépoussiérée par une décennie d'invisibilité ne satisfera que les fans purs et durs de cinoche fauché et ultra indépendant.
Le gros problème de BLOODSUCKING PHARAOHS vient avant tout d'une mise au monde des plus chaotiques qui laisse malheureusement le film dans un état de fadeur qui empêche toute immersion chez le spectateur. Budget riquiqui pour un scénario trop ambitieux, réalisateur largué aux commandes (originellement metteur en scène de théâtre classique, l'homme multiplie les erreurs de grammaires cinématographiques), producteur prêt à toutes les diplomaties afin de vendre au mieux son bébé, difficile pour un aussi petit film de tenir au final la route. Remonté dans tous les sens (afin que la prestigieuse Paramount distribue le film) et avec un changement de titre à la clé (l'intitulé original était PICKING UP THE PIECES), BLOODSUCKING PHARAOHS perd trop en convivialité et en spontanéité alors que le film nous promettait pourtant de passer un très bon moment rigolard.
Et pourtant, BLOODSUCKING PHARAOHS partait d'un bon pied en tentant de mélanger horreur et parodie, le tout arrosé d'une bonne dose de n'importe quoi frénétique où se télescoperaient des strip-teaseuses ninjas en petite tenue, des prêtresses égyptiennes armées de tronçonneuses adeptes du catch mexicain ou encore une cancéreuse du poumon prête à tout pour arrêter de fumer (dont différentes tortures administrées par des infirmiers costumés en gorilles). Le résultat se voudrait donc comme un mix entre du Herschell Gordon Lewis version BLOOD FEAST et du John Waters post-HAIRSPRAY. Une note d'intention qui fait plaisir mais qui reste, bien que le film soit souvent emporté de moments bien vus et drôles, trop souvent en l'état de principe tant le film se montre incapable d'exploiter durablement la moindre ramification de son concept. Une conséquence évidente de ses multiples trifouillages à même la table de montage, qui enverront entre autres à la poubelle les nombreux plans gores de Savini (le parrain symbolique du film) afin de réduire le côté horreur du film à quelques effets de giclette un peu mous du tuyau. Dur !
Techniquement, si l'éditeur nous permet de remettre un il sur cette bobine perdue, il ne faut pas s'attendre à du certifié THX. L'image est plein cadre, de temps en temps assez baveuse mais finalement plutôt honnête. Le son quant à lui est un stéréo surround remplissant parfaitement son rôle. Bref, si on a vu largement mieux, cela se montre bien suffisant pour appréhender un film comme BLOODSUCKING PHARAOHS.
Question bonus, l'éditeur s'est, à l'instar d'EVIL LAUGH, blindé de suppléments qui nous mettent de nouveau face à la terrible question du : "Etait-ce bien nécessaire ?". Heureusement que les forces en présence se montrent dignes d'intérêt et que la genèse du film justifie quelque peu que l'on y revienne. Le commentaire audio du réalisateur Dean Tschetter et de la productrice Beverly Penberthy (qui joue également le rôle de l'intoxiquée de la clope) est à ce titre parfaitement symbolique du contenu éditorial des bonus du disque. En effet, il sera ici grandement question du cafouillage de la production puisque le commentaire met en relation le réalisateur et la productrice qui s'est montrée responsable du charcutage du film (pour info, le métrage fut à sa sortie signé par Alan Smithee). Même si l'aigreur est toujours de mise, le temps a passé et les deux anciens complices arrivent néanmoins à tenir leurs différends dans les limites de la bienséance. Intéressant donc, plus pour ce que l'expérience a à nous apprendre sur la fabrication en interne d'un film que pour le décorticage en règle de BLOODSUCKING PHARAOHS.
Nous pouvons également retrouver nos deux fortes têtes via des interviews séparées d'une durée confortable. Chacun raconte l'histoire du film au travers de son point de vue tout en insistant une nouvelle fois sur les problèmes de production et de remontage. La présence d'une section "scènes coupées" nous permettrait-elle alors de découvrir le film tel qu'il était originellement conçu ? Et bien non, puisque la plupart des séquences proposées ne sont en fait que des scènes du film rallongées de quelques plans. Pas de grand intérêt donc. Pour achever la section, nous pouvons également consulter nombre d'affiches, photos publicitaires ou encore clichés de tournage. Les heureux possesseurs de DVD-Rom pourront quant à eux apprécier les storyboards de quelques scènes du film, ainsi que le script complet et même le planning de tournage de la production (mais qui cela peut-il bien intéresser ?).
Dans la série "On ne savait même plus que ça existait", BLOODSUCKING PHARAOHS IN PITTSBURGH renaît de ses cendres via cette édition DVD bardée de suppléments jusqu'à l'irraisonnable. Bien que parcouru d'un esprit et de séquences très sympas, il faut malheureusement avouer que BLOODSUCKING PHARAOHS ne décolle jamais vraiment, la faute à un remontage qui n'aura visé qu'à en atténuer les excès. Reste l'équivalent d'un Troma en moins branque à conseiller avant tout aux fans purs et durs d'exploitation indépendante.