Shigeharu Aoyama est veuf. Il élève son fils tout seul depuis maintenant
quelques années. Il souffre bien évidemment de cette solitude,
mais c'est grâce à son fils qu'il décide enfin d'essayer de remédier
à cette situation. Seulement Aoyama ne veut pas se tromper. Il ne
veut pas d'aventures sans suite ne menant à rien. Il cherche une
nouvelle femme, tout simplement (!). Il s'en confie à un ami
qui lui propose une méthode assez particulière pour trouver l'âme soeur :
organiser une audition. Comme il est producteur, il monte un projet
voué à l'échec, mais cible son annonce selon les voeux de Shigeharu.
C'est ainsi qu'il va rencontrer Asami, pour le pire et... pour le pire.
Nous avons déjà eu l'occasion de parler de Takashi Miike ici (lire nos critiques de ICHI THE KILLER et THE HAPPINESS OF THE KATAKURIS, mais aussi AUDITION, déjà critiqué lors de sa sortie en angleterre). Nous sommes ici en présence de son premier film sorti sur nos écrans, film qui l'a révélé à un plus grand public que les festivaliers. Nous rappellerons juste que ce réalisateur, s'il ne fait pas l'unanimité (certains crient au génie quand d'autres le boudent ouvertement), est sûrement le réalisateur le plus prolifique au monde (4 à 5 films par an en moyenne). Il est aussi réputé pour réaliser des films assez violents pour commencer à vider les salles avant la fin de la projection.
Il adapte ici un livre écrit par Ryu Murakami, auteur japonais à succès qui n'a pas pour habitude de faire dans l'optimisme et la joie de vivre. On notera d'ailleurs qu'il est le réalisateur entre autres de TOKYO DECADENCE, projeté en France dans quelques salles. On n'est donc pas tellement étonné par le choix de Takashi Miike, qui parle d'ailleurs de son admiration pour cet écrivain dans l'interview qui lui est consacrée. Mais revenons au film.
Contrairement à ce qu'on
pourrait attendre de Takashi
Miike, AUDITION est tout d'abord un film très romantique.
Il s'ouvre sur la mort de la femme du personnage principal (joué superbement
par Ryo Ishibashi,
vu dans quelques films de Takeshi
Kitano). On retrouve ensuite ce personnage,alors qu'il décide de
se remarier, ce qui va l'amener à participer à cette fameuse audition.
Toute cette partie du film est traitée très sobrement. Composée quasi-exclusivement
de plans fixes, on n'y trouve aucune des exubérances de montage ou de
plans habituels chez Takashi
Miike. Pour un peu, on se croirait dans un univers de Takeshi
Kitano (comme dans HANA-BI par exemple).
Ce n'est pas du tout pour nous déplaire, car ça permet d'installer une très belle ambiance et de bien s'identifier à ce personnage principal assez sympathique bien que pas très dégourdi dans les affaires de coeur. C'est seulement avec l'apparition de Asami (étonnante Eihi Shiina), que des éléments étranges commenceront à faire leur apparition, jusqu'au final, d'autant plus fort que l'on se sera identifié au personnage (Lord Taki a très bien traité cette partie dans sa critique, nous n'y reviendrons donc pas ici).