Pour son anniversaire, un petit new yorkais de neuf ans nommé
Omri reçoit un vieux placard retapé par un de ses grands
frères. Il se rend compte que ce petit meuble est magique : chaque
fois qu'on y enferme un jouet, celui-ci devient réel, vivant.
Omri donne ainsi la vie à une petite figurine de peau-rouge d'une
dizaine de centimètres. Ce dernier dit s'appeler Petit Ours,
puis proclame qu'il vient d'une tribu du nord de l'Amérique et
qu'il vient de la fin du XVIIIème siècle ! Omri et Petit
Ours vont alors se lier d'amitié...
L'INDIEN DANS LE PLACARD est en fait l'adaptation d'un roman publié en France sous le même nom, et qui est un best-seller de la littérature enfantine écrit par Lynn Reid Banks. Pour le rôle de l'indien, c'est l'acteur Litefoot, un véritable Cherokee, qui a été choisi : on l'a retrouvé ensuite dans d'autres films fantastiques, comme KULL LE CONQUÉRANT ou MORTAL KOMBAT : DESTRUCTION FINALE. Dans le rôle du cow-boy miniature, on retrouve David Keith (CHARLIE de Mark L. Lester d'après Stephen King, U-571...), par ailleurs réalisateur de LA MALEDICTION CÉLESTE, adaptation correcte d'un texte de Lovecraft.
L'argument fantastique de L'INDIEN DU PLACARD permet à une jeune garçon de donner la vie à ses jouets, grâce à un petit meuble magique. Certes, des jouets animés, on en a déjà vu quelques uns, et souvent malfaisants, que ce soit les poupées de DOLLS, les sinistres marionnettes de PUPPET MASTER, ou, le plus célèbre d'entre eux, Chucky, la poupée qui tue, auquel Brad Dourif prête sa voix depuis le premier volet de ses aventures, JEU D'ENFANT. Pourtant, ici, le jouet en question n'est pas un pantin mal intentionné, mais bien un être humain miniaturisé, à l'attitude naturelle et amicale. Le scénario aurait aussi pu donner lieu à des délires visuels et à des étalages d'inventions techniques dans le style de TOY STORY ou de SMALL SOLDIERS de Joe Dante. Certes, Oz propose ici une amusante séquence dans ce genre, lorsque le garçon anime imprudemment les figurines belliqueuses de Dark Vador, Robocop ou GI Joe. Néanmoins, le ton général du film opte nettement pour un récit familial et intimiste, où les évolutions des personnages, leurs réactions face aux situations fantastiques, comptent plus que l'emploi de trucages spectaculaires.
La confrontation de Petit Ours avec un monde lui semblant démesurément grand donne toutefois lieu à de nombreux trucages dans la tradition des films mettant en scène des personnages miniatures confrontés à un environnement leur paraissant immense : citons DR CYCLOPS d'Ernest B. Schoedsack, LES POUPÉES DU DIABLE de Tod Browning... et surtout L'HOMME QUI RÉTRÉCIT, sans doute le meilleur film de Jack Arnold. Toutefois, dans L'INDIEN DU PLACARD, ces trucages, très réussis et reposant essentiellement sur l'usage de décors disproportionnés et d'incrustations, sont toujours employés avec mesure et naturel de façon à éviter des séquences trop impressionnantes qui risqueraient de briser le ton réaliste et intimiste de L'INDIEN DU PLACARD. Frank Oz déclare que c'est pour cette raison qu'il a tenu à laisser hors-champs les combats de Petit Ours contre un oiseau ou contre un rat.
En effet, ce film se veut avant tout un conte initiatique. Omri va apprendre, à travers son amitié avec l'indien miniature sorti de son placard, à expérimenter pour la première fois la confrontation avec la mort, le deuil ou la séparation. Surtout, ces aventures vont le faire mûrir en le mettant dans des situations qui vont le charger de lourdes responsabilités. Le placard lui donne en effet les pouvoirs d'un véritable Dieu, capable de créer la vie comme bon lui semble. Si au début il ne s'agit pour lui que d'un jeu, Petit Ours va lui faire prendre conscience des conséquences de ses actes, et aussi l'inciter à s'interroger sur la façon très brutale dont se sont constitués les États-Unis d'Amérique.
Certes, tout cela n'est pas
nouveau, et rappelle même fortement un certain E.T.,
avec lequel L'INDIEN DU PLACARD a en commun la scénariste
Melissa Mathison. De plus, certains traits de sentimentalisme peuvent
paraître un peu trop appuyés, voire même déboucher
sur un brin d'humour involontaire (les allusions à l'affaire
Kennedy...). Il n'en reste pas moins que L'INDIEN DU PLACARD
bénéficie d'un scénario suffisamment solide et
homogène pour se regarder sans ennui.
Frank Oz, réalisateur de L'INDIEN DANS LE PLACARD, est surtout connu pour son travail de marionnettiste, que ce soit dans de célèbres séries télévisées (1, RUE SÉSAME, LE MUPPET SHOW...) ou au cinéma. Il co-réalise DARK CRYSTAL avec Jim Henson, dirige LA PETITE BOUTIQUE DES HORREURS (remake du film du même nom réalisé par Roger Corman en 1960, et mettant en vedette une plante carnivore géante) et travaille sur les adaptations cinématographiques du MUPPET SHOW (LES MUPPETS DANS L'ESPACE...). D'autre part, il anime et prête sa voix à Yoda dans L'EMPIRE CONTRE-ATTAQUE et LE RETOUR DU JEDI ; depuis le passage de ce personnage à l'ère numérique, Oz est encore la voix du plus célèbre maître jedi de l'univers ! Mais, hors du domaine du fantastique, Frank Oz a aussi réalisé plusieurs comédies traditionnelles, telles FAIS COMME CHEZ TOI avec Steve Martin et Goldie Hawn, IN & OUT avec Kevin Kline... Récemment, avec THE SCORE, il changea de registre en dirigeant Edward Norton, Robert de Niro et Marlon Brando dans un thriller au cours duquel des gangsters tentent de mener à bien un cambriolage particulièrement audacieux...
L'image est absolument magnifique, avec notamment une très belle luminosité, un équilibre des couleurs irréprochable et une compression pratiquement invisible. Tout au plus remarque-t-on des noirs manquant légèrement de profondeur dans des plans avec des incrustations, mais cela ne remet en aucun cas en cause l'excellent travail fait sur ce DVD. On peut regretter la mise au format 1.77 (16/9 tout rond) d'un film tourné initialement en 1.85 ; c'est toutefois une pratique courante sur les DVD Paramount.
Tout un assortiment de bandes-son est disponible, dont le français et l'anglais bien sûr. Seule la version anglaise est en 5.1, les autres langues devant se contenter de codages en stereo surround. De même, des sous-titrages destinés à de nombreux pays de la zone 2 (dont la France bien entendu) sont proposés.
Les bonus ne sont certes pas légion. La galerie nous propose en fait des photographies de tournage, dont on peut déduire quelques informations sur la réalisation de certains trucages. On trouve aussi des filmographies sélectives (avec titres des films en anglais seulement) de Frank Oz, de la scénariste Melissa Mathison et de l'acteur David Keith. Enfin, on peut accéder au commentaire du film par Frank Oz, enregistré en anglais, mais heureusement accompagné de sous-titres, notamment en français. Frank Oz parle beaucoup, mais il semble assez mal à l'aise pour décrire les techniques des trucages et a parfois tendance à paraphraser le film ("Alors, là, vous allez voir, il va ouvrir le placard et il y a l'indien dedans..."). On y trouvera néanmoins quelques informations intéressantes, notamment certains détails sur les personnages du film qui ne sont pas forcément très clairs dans le métrage (l'indien et le cow boy qui viennent de mondes voués à disparaître, par exemple).
L'INDIEN DU PLACARD
est donc une comédie familiale fantastique plutôt intelligente,
sensible et agréable à regarder. On regrette juste quelques
excès de sentimentalisme et une interprétation inégale
(mais il faut être juste et se rappeler qu'on a affaire à
de très jeunes acteurs). Techniquement, le DVD en lui-même
est très honnête et n'appelle aucune critique particulière.