A Ioctos, le roi Aristos est assassiné par son frère, le brutal Pélias, qui prend le pouvoir. Mais le petit Jason, fils d'Aristos, parvient à s'échapper. A sa majorité, il vient réclamer son trône. Pélias accepte, à condition que Jason ramène la fabuleuse Toison d'or. Le jeune homme fait alors bâtir un navire, l'Argos, et part en quête de la Toison d'or avec son équipage : les Argonautes...
Les aventures de Jason et les Argonautes s'inscrivent dans la tradition des récits héroïques de la mythologie grecque, au même titre que l'Odyssée d'Ulysse ou les travaux d'Hercule. Notamment relatées dans les écrits d'Apollonios de Rhodes, elles ont été portées au cinéma dans LE GÉANT DE THESSALIE de Riccardo Freda et surtout dans le fameux JASON ET LES ARGONAUTES de Don Chaffey. Dans les années 1990, la compagnie Hallmark s'est spécialisée dans la production de coûteuses et prestigieuses adaptations télévisées des classiques de la littérature mondiale (MERLIN, L'ARCHE DE NOÉ...). Ils avaient déjà participé à l'élaboration de L'ODYSSÉE, réalisé par Andrei Konchalovsky. Ils décident donc de s'intéresser à nouveau à l'Antiquité grecque avec ce JASON ET LES ARGONAUTES, confié à un réalisateur maison, Nick Willing (ALICE AU PAYS DES MERVEILLES), et produit avec l'aide de la chaîne de télévision NBC. Les nombreux extérieurs sont tournés en Turquie (rappelons que la Colchide où Jason a trouvé la Toison d'or était dans cette région) tandis que les intérieurs ont été filmés à Londres. On a évidemment le droit à quelques guest stars : Dennis Hopper, fourbe et psychopathe à souhait, incarne le félon Pélias ; le toujours excellent Frank Langella (DRACULA) interprète Aertes, roi de Colchide ; Natasha Henstridge (GHOSTS OF MARS) est une très séduisante tentatrice, régnant sur une peuplade d'égorgeuses de mâles...
Au petit jeu des comparaisons, on remarque immédiatement que ce JASON ET LES ARGONAUTES est plus fidèle, dans les grandes lignes, à la mythologie grecque que le film de Don Chaffey. Ainsi, les péripéties de l'île de Lemnos, la traversée du passage des Cyannées, les épreuves en Colchide (le taureau aux sabots d'airain...)... sont autrement plus proches des récits mythologiques que ne l'était le film de Don Chaffey. Il n'en reste pas moins que certains passages ont été mis de côté (la rencontre avec Prométhée, Talos...), tandis que d'autres sont dénaturés (la rencontre avec Triton fait ici penser à BANDITS, BANDITS !). De même, les détails des aventures sont tout de même assez modifiés : les scénaristes ont notamment beaucoup brodé autour du personnage d'Hercule, un des plus célèbres Argonautes. Notons au passage que le récit s'arrête après que Jason ait reconquis le trône d'Ioctos, alors que le film de 1963 finit plus tôt, quand Jason et Médée quittent la Colchide avec la Toison d'or.
Traditionnellement, les aventures de ce nouveau JASON ET LES ARGONAUTES se présentent sous la forme d'une succession d'épreuves disséminées à travers les îles de la Méditerranée. On retrouve à ce titre les harpies dans un épisode très fidèle à la vision qu'en a donné Ray Harryhausen dans le film de 1963 (un bâtiment inspiré par un tombeau de Mycènes remplace néanmoins le temple grec de Paestum). Les monstres animés image par image sont remplacés par des créatures générées par ordinateur, plus ou moins réussies selon les séquences : ainsi, les images des dieux bavardant dans les nuages sont assez laides, alors que le taureau aux sabots d'airain est plutôt bien fait (et semble être un clin d'oeil au colosse de bronze créé par Harryhausen). L'hydre gardienne de la Toison d'or a une apparence assez discutable : pourvue d'une gueule de tyrannosaure et d'un corps de lézard, elle semble s'être échappée d'un quelconque JURASSIC PARK.
Les péripéties sont de toute manière assez inégales : elles sont parfois entraînantes (les harpies, les épreuves en Colchide), et aussi parfois peu intéressantes (l'île de Lemnos) ou gâchées par des trucages trop moyens (le passage des Cyannées). Les scènes de batailles sont toujours assez faibles, à part peut-être la traversée du ravin au cours de laquelle Hercule massacre avec conviction ses adversaires à coup de tronc d'arbre. Mais le tout est vraiment très inégal.
On peut aussi regretter quelques parti-pris esthétiques discutables. D'abord, la photographie est trafiquée de façon à forcer les blancs, ce qui donne un résultat artificiel et lassant sur la longueur. De plus, cela tue complètement les bleus éclatants de la mer et du ciel de la Méditerranée et la beauté de ses paysages naturels : c'est tout de même dommage ! On regrette aussi certains choix en matière de direction artistique : les décors et les costumes sont corrects, mais pourquoi avoir affublé tous les comédiens de postiches, souvent passablement grotesques (pauvre Langella !) ? Le plus gros regret est tout de même au niveau du casting : Jason London, malgré son prénom, ne parvient pas à convaincre dans le rôle de Jason. Affligé d'un faciès morne et inexpressif rappelant James Spader, il affiche en permanence des mines sinistres, et on a bien du mal à s'attacher à ce personnage et à ses aventures.
Ce JASON ET LES ARGONAUTES n'est donc pas à ranger parmi les grandes réussites du péplum mythologique. Malgré un vrai travail sur la reconstitution historique, de bons seconds rôles et des effets spéciaux parfois réussis, le tout manque de rythme et pourra lasser même le spectateur le plus indulgent. On le réservera donc aux amateurs de mythologie grecque les plus endurcis.
La qualité de l'image de ce DVD est assez correcte, notamment grâce à une définition très affûtée. On signale toutefois quelques curieux effets de moirages sur l'eau et une granulation excessive dans les scènes nocturnes.
Le DVD inclut la bande-son anglaise et le doublage français, tous deux en 5.1. Hélas, le DVD ne propose pas de sous-titrage français.
En bonus, on trouve une bande-annonce de JASON ET LES ARGONAUTES en anglais non sous-titré et des filmographies assez complètes (pour Dennis Hopper, Jason London, Natasha Henstridge, Frank Langella et Angus MacFadyen). On a aussi un making of (en fait une featurette de 10 minutes), en anglais non sous-titré et techniquement médiocre : l'image et le son semblent indiquer que ce document a été repiqué sur un document vidéo très fatigué ; en plus, à partir d'un moment, l'image se met à avoir trente secondes d'avance sur le son, ce qui rend ce making of pénible à suivre. Cela ne fait pas sérieux du tout ! Enfin, dans la section consacrée à internet, on trouve le traditionnel lien promotionnel d'Elephant, mais aussi une sélection de liens consacrés à la mythologie grecque : c'est une très bonne initiative.