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Critique du film et du DVD Zone 2
OBSESSION 1976

 
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La Nouvelle-Orléans, en 1959. Michael Courtland, riche homme d'affaires, et sa femme Elizabeth donnent une réception pour célébrer leur dixième anniversaire de mariage en compagnie de nombreux amis. A l'issue de la soirée, Elizabeth et leur fille Amy sont kidnappées. Les ravisseurs fixent le montant de la rançon à 500 000 dollars en espèces...

L'idée de départ d'OBSESSION naît en 1974, durant un repas entre Paul Schrader (futur scénariste de TAXI DRIVER et réalisateur de LA FELINE, version 1982) et Brian De Palma. Les deux amis discutent de SUEURS FROIDES, qu'ils viennent de redécouvrir au cinéma, et envisagent de tourner une variation autour du chef d'œuvre d'Hitchcock. Mais De Palma n'est alors qu'un jeune réalisateur qui n'a à son actif qu'un succès d'estime (SOEURS DE SANG) et n'est pas encore auréolé de son (premier) Grand Prix au Festival d'Avoriaz pour PHANTOM OF THE PARADISE. Le projet n'est donc pas si facile à monter. Pourtant, il parvient à s'adjoindre les services de deux grands noms du cinéma : Vilmos Zsigmond, chef opérateur de DELIVRANCE, RENCONTRES DU TROISIEME TYPE (pour lequel il obtint un Oscar), VOYAGE AU BOUT DE L'ENFER, ... et surtout Bernard Herrmann, compositeur attitré d'Hitchcock et qui avait déjà signé la bande originale de SOEURS DE SANG. Et sans ces deux hommes, OBSESSION ne serait pas le bijou qu'il est.

Car OBSESSION, à défaut d'être le meilleur, est sans doute le plus beau film de son réalisateur. Formellement, le film est exemplaire. Rarement la mise en scène de De Palma aura été aussi sobre et classique. Pourtant OBSESSION est le premier film de son auteur tourné en Panavision. Mais grâce à son approche très intuitive et naturelle de l'image, il parvient à maîtriser parfaitement ce nouveau format, nous proposant de somptueux cadrages dont il a le secret. Et même si elle est plus sage qu'à l'habitude, sa mise en scène reste inventive, virtuose et, par moments, audacieuse.

Mais cette réussite formelle n'incombe pas seulement aux cadrages de son auteur. En effet, le travail effectué sur la photographie par Vilmos Zsigmond est également remarquable. La lumière est volontairement diffuse, grâce à l'utilisation de filtres, afin d'appuyer sur l'aspect onirique (cauchemardesque ?) de l'histoire qui se déroule sous nos yeux. Les couleurs sont douces et volontairement peu ancrées dans l'esthétisme seventies pour mieux gommer les repères temporels des deux périodes du récit. Il ressort de tout ça une esthétique limite surréaliste, envoûtante et romantique, qui peut dérouter l'amateur de thriller.

Car si le film débute comme un thriller, cet aspect de la trame est rapidement expédié, peut-être même un peu trop rapidement... On comprend très vite de quoi il retourne, le mystère n'est pas si difficile à percer et c'est tant mieux ! Car le but de De Palma n'était pas de nous surprendre par le récit, étant donné que celui-ci s'inspire ouvertement de SUEURS FROIDES. Non, OBSESSION est une nouvelle peinture qui se calque sur son modèle tout en le faisant irrémédiablement disparaître. Une des scènes dans l'église, à Florence, est d'ailleurs très symbolique : la fresque que Geneviève Bujold est en train de restaurer recouvre une autre oeuvre qui pourrait bien être le brouillon de l'autre...

OBSESSION réussit donc le tour de force de nous embarquer, presque malgré nous, dans cette histoire pas si mystérieuse mais pourtant tellement fascinante. Car il est difficile de résister à l'envoûtement de ce film. En effet, ces somptueuses images sont en outre accompagnées d'une merveilleuse et omniprésente musique. Cette partition est le champ du cygne d'Herrmann et, selon son compositeur lui-même, sa meilleure bande originale de film. Ce n'est bien sûr pas innocemment que De Palma a choisi de faire appel au compositeur attitré d'Hitchcock alors que George Litto, le producteur, voulait lui imposer John Williams. De Palma est un grand mélomane et accorde une énorme importance à la qualité des bandes originales de ses films. Il suffit, pour s'en convaincre, de citer certains des compositeurs qui ont travaillé pour lui : Pino Donaggio (six fois), Ennio Morricone (trois fois), mais aussi Ryuichi Sakamoto, Danny Elfman, John Williams (qu'il retiendra finalement pour la B.O. de FURIE) et, donc, Bernard Herrmann.

OBSESSION est un film sur-musicalisé. Entendons nous bien : il ne s'agit pas d'un défaut, au contraire ! Mais force est de constater que la musique est ici bien plus présente que dans la plupart des films. De Palma raconte souvent dans ses interviews la séance où il a présenté son film, sans aucune musique, à Herrmann. A l'issue de la projection, le compositeur avait les larmes aux yeux et déclara qu'il entendait déjà la musique dans sa tête. Il composa la bande originale en un temps record et mourut avant de pouvoir visionner la version définitive du film... Herrmann avait signé sa meilleure partition, celle que beaucoup considèrent tout simplement comme la meilleure bande originale de l'histoire du cinéma, mais il ne put jamais constater l'étendue de sa réussite. Car rarement images et musique ont été aussi parfaitement associées.


Mais ce n'est pas gratuitement que De Palma nous en met plein les yeux et les oreilles, les fans du barbu l'auront deviné... OBSESSION n'est que son troisième film majeur, mais on y retrouve déjà l'ensemble des thèmes qui lui sont chers : le voyeurisme, le double, l'illusion et la manipulation... Car OBSESSION raconte l'histoire d'un homme qui tombe amoureux d'une illusion. Et la réussite et la perversité de De Palma résident justement dans sa capacité à nous entraîner nous aussi dans cette illusion, grâce à sa virtuosité seule. Car l'intrigue n'aurait pas suffi à maintenir notre attention. C'est pourquoi, une fois de plus, le spectateur est manipulé et est amené à oublier l'intrigue et à suivre Courtland dans ce rêve fabriqué qu'il entretien lui-même, de surcroît. Cliff Robertson (BRAINSTORM, LOS ANGELES 2013 et, récemment, SPIDERMAN) délivre d'ailleurs une bonne performance en homme désespéré et hanté par ses fantômes. Geneviève Bujold (FAUX-SEMBLANTS, MORTS SUSPECTES) est, quant à elle, excellente dans ce rôle très complexe et ambigu.

Brian De Palma adore jouer avec le spectateur, on le sait, mais OBSESSION est le premier film où il le fait avec autant de malice. "Déjà vu" : tel était le titre original du scénario de Schrader (ceux qui ont vu FEMME FATALE noteront le clin d'oeil rétroactif et la continuité thématique de son réalisateur). Le mystère est donc volontairement très simple à percer. De Palma tient à rassurer le spectateur afin de mieux l'envoûter par cette histoire onirique et romantique. Mais l'effet (pervers) recherché est que le spectateur oublie presque ce qui est en train de se dérouler sous ses yeux. Du coup, le dénouement s'en trouve plus tragique et, surtout, plus troublant. Une fin à la BLOW OUT, sans doute moins bouleversante, mais plus perverse...

Film Office nous propose ici une édition collector, dans un joli fourreau qui annonce fièrement un nouveau transfert numérique. L'image s'avère néanmoins décevante. Les couleurs sont délavées, le contraste très limité et la définition très moyenne. Il faut malgré tout rappeler que Zsigmond a voulu une image peu précise, afin d'effacer les détails pouvant distinguer les deux périodes du film. La présence d'un grain cinéma important et d'une lumière très douce et diffuse est donc volontaire. Et, malheureusement, ce type de source est connu pour mettre à rude épreuve les transferts numériques. On aurait donc pu espérer mieux, mais il faut admettre que cette présentation reste assez fidèle à l'aspect originel d'OBSESSION, ce qui n'est pas la moindre des qualités !

La bande son anglaise, remixée en Dolby Digital 5.1 est, quant à elle, très réussie. Ne cherchez pourtant pas d'énormes effets sur vos enceintes arrière, il n'y en a quasiment pas (et c'est tant mieux puisqu'à l'origine le film est en mono). Non, l'intérêt du remix est la mise en avant de la somptueuse musique de Bernard Herrmann qui nous enveloppe mieux que jamais, sans nous agresser. Le DVD propose aussi une version française en son respatialisé façon Arkamys : à éviter à tout prix.

Côté suppléments, on a droit à un documentaire de Laurent Bouzereau, intitulé "Obsession revisited". Il est sous-titré en français et présente la genèse du film. La plupart des grands noms ayant participé au film y sont interviewés. Seuls manquent à l'appel Herrmann (et pour cause !) et Schrader, dont les relations avec De Palma ne sont plus ce qu'elles étaient. Ce documentaire est assez intéressant mais n'apprendra pas grand chose aux vrais fans du réalisateur. Le DVD présente aussi les filmographies habituelles et des bandes-annonces. On peut regretter l'absence de piste musicale isolée, étant donné la qualité de la bande originale d'Herrmann. On aurait également aimé trouver la scène dans laquelle De Palma abordait de façon plus explicite le thème de l'inceste, scène que la Columbia a refusé d'incorporer au montage final...

OBSESSION est une œuvre sous-estimée par beaucoup. Alors qu'elle affiche ouvertement sa parenté avec SUEURS FROIDES, certains n'y ont vu qu'un hommage ou une vague adaptation. C'est sans doute pourquoi ce film bénéficie ici d'une édition honnête, mais sans plus. Pourtant, il s'agit d'une vraie réussite formelle et d'une excellente relecture du film d'Hitchcock. C'est un film majeur dans la filmographie de Brian De Palma et on aurait aimé un meilleur transfert vidéo et des suppléments plus pertinents. Malheureusement, les chances de voir un jour une réhabilitation de ce film et une nouvelle édition DVD sont bien minces...

Rédacteur : Francis Trento
2025 ans
9 critiques Film & Vidéo
On aime
Le mariage des images et de la musique
La mise en scène
Le dénouement
On n'aime pas
Le transfert vidéo
Pas de piste musicale isolée
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L'édition vidéo
OBSESSION DVD Zone 2 (France)
Editeur
Film Office
Support
DVD (Double couche)
Origine
France (Zone 2)
Date de Sortie
Durée
1h34
Image
2.35 (16/9)
Audio
English Dolby Digital 5.1
Francais Dolby Digital 5.1
Sous-titrage
  • Français
  • Supplements
    • Documentaire : "Obsession Revisited" (36  minutes)
      • Filmographies :
      • Brian De Palma
      • Geneviève Bujold
      • Cliff Robertson
      • Bernard Herrmann
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