Randolph Carter, étudiant spécialisé dans le surnaturel à l'université Miskatonic d'Arkham, raconte la légende d'une maison réputée hantée du voisinage. Un ami rationaliste refuse de le croire et veut passer la nuit seul dans la demeure...
THE UNNAMABLE est la première réalisation de Jean-Paul Ouellette. Les acteurs et techniciens de cette production sont essentiellement des amateurs, à part le maquilleur R. Christopher Briggs, créateur du monstre mis en scène par le film. Élève sur le tas de l'école Roger Corman, il a travaillé peu avant sur les effets spéciaux de CRITTERS ou FREDDY 3 : LES GRIFFES DU CAUCHEMAR.
Le retentissant succès du RE-ANIMATOR de Stuart Gordon donne des idées à des jeunes réalisateurs peu fortunés, bien décidés à mettre H.P. Lovecraft à la sauce du gore rehaussée d'un chouia d'érotisme.
THE UNNAMABLE reprend ces éléments de la courte nouvelle de Lovecraft «L'indicible». Il s'agit d'un des premiers textes à mettre en scène le personnage de Randolph Carter. Aventurier de l'étrange, il est le héros du Cycle de Kadath, série de textes de Lovecraft louvoyant entre l'occulte et l'onirisme.
Le début de THE UNNAMABLE s'inspire clairement de la nouvelle «L'indicible», et met en scène une joute d'arguments entre un rationaliste et un féru d'imaginaire.
Passé ce prologue, THE UNNAMABLE s'oriente vers une histoire de maison hantée. Des jeunes sont enfermés dans une bâtisse délabrée où rôde un monstre qui commet des crimes sanglants. Jean-Paul Ouellette est loin d'avoir le talent de Stuart Gordon. La réalisation de THE UNNAMABLE est plate et statique.
Le film manque d'originalité. Il ne propose aucun plan qui n'ait pas été déjà vu dix fois ailleurs. L'influence du premier EVIL DEAD est ainsi évidente (maison en ruine, jeunes stupides, branches d'arbres animées).
Le scénario ressasse les lieux communs des slashers américains les plus stupides (des garçons amènent des filles dans la maison hantée pour leur faire peur puis abuser de leur éventuelle faiblesse...).
L'amateurisme de l'ensemble et le manque de moyens financiers (évident jusque dans les costumes) pourraient rendre l'entreprise sympathique. Malheureusement ce métrage est vraiment trop ennuyeux et prévisible pour retenir l'attention du spectateur. Le pire reste la nullité des comédiens, aggravée par des dialogues à la sottise effarante.
Nous remarquons des effets spéciaux plutôt décents, même s'ils n'ont rien de grandiose. La créature est ainsi une réussite, un monstre démoniaque et hybride, cornu et griffu, tout à fait dans l'ordre des idées évoquées par la nouvelle d'origine.
Destiné en fait au marché de la vidéo, THE UNNAMABLE est un authentique navet, ennuyeux et prévisible, qui ne réjouira que les amateurs de second degré et de dialogues risibles. Malgré son manque d'envergure et de qualités, il connaît un petit succès, notamment en France où sa cassette VHS a droit à plusieurs tirages.
Cela lui vaut une suite de 1992, sortie en France tardivement (au temps du DVD) sous le titre LA CRÉATURE DES TÉNÈBRES. Elle bénéficie d'un peu plus de moyens et même de la présence de comédiens aguerris comme John Rhys-Davies (LES AVENTURIERS DE L'ARCHE PERDUE) ou David Warner (TRON). Elle s'inspire du «Témoignage de Randolph Carter», autre nouvelle de Lovecraft mettant en vedette ce personnage. Las, le résultat est tout aussi lamentable et Jean-Paul Ouellette ne laissera pas une trace inoubliable dans l'histoire du cinéma fantastique.