Header Critique : TUEUR DU VENDREDI, LE (FRIDAY, THE 13TH PART 2)

Critique du film
LE TUEUR DU VENDREDI 1981

FRIDAY, THE 13TH PART 2 

Cinq ans après le massacre de Crystal Lake, une nouvelle colonie de vacances ouvre ses portes au bord du lac. Des moniteurs s'y rendent pour une formation complémentaire. Ils sont avertis de ne pas rôder aux environs de l'ancien camp.

Sous le titre français LE TUEUR DU VENDREDI se cache le second volet de la série des VENDREDI 13. Après le succès retentissant de VENDREDI 13 premier du nom, mis en scène par Sean S. Cunningham, il est décidé d'en faire une suite. Steve Miner, collaborateur de Cunningham sur des projets antérieurs (dont LA DERNIÈRE MAISON SUR LA GAUCHE), se charge de sa réalisation. Il s'agit donc du premier film de Steve Miner, réalisateur qui reviendra ensuite régulièrement au fantastique, parfois avec des réussites, comme HOUSE, FOREVER YOUNG et autres LAKE PLACID.

Contrairement au premier VENDREDI 13, cette production bénéficie du soutien d'une major (Paramount, marchant sur les pas d'Universal, productrice d'un HALLOWEEN II). Les comédiens principaux du TUEUR DU VENDREDI sont pour la plupart nouveaux. Il y eut bien peu de personnages survivants à la fin de VENDREDI 13 !  Mais nous retrouvons pour de courtes apparitions Betsy Palmer et Adrienne King.

VENDREDI 13 se terminait par la mort brutale et irrémédiable du tueur (qui n'était pas encore Jason Voorhes, enfant trisomique censé être décédé des années avant l'action de ce film).

Pour cette suite, un argument tarabiscoté est inventé. En fait, Jason n'est pas mort noyé dans le lac. Il a survécu et a grandi seul, caché dans la forêt jusqu'à aujourd'hui. Suite à un récent traumatisme, il se met à massacrer à tour de bras ceux qui ont le malheur de profaner la quiétude de Crystal Lake.

La situation est très similaire à LA NUIT DES MASQUES. L'identité du tueur est révélée très tôt, mais il sait entourer ses apparitions d'une aura de mystère en se masquant le visage (Jason se couvre la tête d'un sac de toile percé au niveau de son seul œil valide, ce qui lui donne un petit air d'ELEPHANT MAN, film sorti l'année précédente). Un tueur avec un look semblable a déjà sévi dans le thriller TERREUR SUR LA VILLE de 1976, film de Charles B. Pierce.

Autre similitude avec LA NUIT DES MASQUES, Jason est un enfant traumatisé. Adulte, il devient une machine à tuer demeurée et incapable de parler. En fin de métrage, des révélations quant à ses relations spéciales avec sa mère le rapprochent du Norman Bates de PSYCHOSE. Un des meurtres du TUEUR DU VENDREDI (un couple en plein acte sexuel est transpercé de part en part par un harpon) reprend fidèlement une des scènes les plus célèbres de LA BAIE SANGLANTE de Mario Bava, œuvre ayant déjà influencé VENDREDI 13.

Par rapport à ce premier volet de la série, une agréable impression de progrès, notamment technique, se fait sentir dans LE TUEUR DU VENDREDI. Les fameux plans de caméras subjectives et les travellings poursuivant les personnages d'une manière inquiétante sont désormais filmés avec une caméra Steadycam, ce qui les rend plus fluides et efficaces. Miner est doué d'un certain sens du montage. Il donne du rythme et du suspense aux séquences de meurtres. La qualité de la photographie fait un net progrès. Les scènes nocturnes sont plus faciles à comprendre. Même le récit (dans sa seconde partie) parvient à devenir accrocheur.

Toutefois, quelque chose ne change pas sur les rives de Crystal Lake : les personnages. Les jeunes moniteurs, toujours écervelés et inintéressants, restent ridicules, assommants et peu attachants. Il faut de la bonne volonté pour ne pas bailler devant leurs coucheries mollassonnes et leurs blagues lamentables. Comme son prédécesseur, LE TUEUR DU VENDREDI souffre de défauts trop importants dans la construction de ses personnages et de son scénario.

Pourtant, en fin de compte, nous nous ennuyons relativement peu à la vision de ce film qui pourra, à la limite, satisfaire les amateurs de slasher un peu nerveux.

Pour son exploitation en salles, LE TUEUR DU VENDREDI subit de nombreuses coupes imposées par l'organisme professionnel de classification américain, le MPAA, qui menace de le classer X sans cela. Ce qui réduirait drastiquement sa distribution et sa promotion. La major Paramount s'incline donc et de nombreuses scènes gore du film sont amputées.

Ces coupes effectuées dans les scènes Gore pour satisfaire le MPAA vont devenir une constante dans la série des VENDREDI 13, au moins jusqu'à la fin des années quatre-vingts. Et aussi une plaie pour le cinéma Gore américain durant cette décennie, confronté à une censure de plus en plus implacable.

Rappelons que le républicain Ronald Reagan arrive au pouvoir en 1980. Il incarne un retour à un nouvel ordre moral, retour de bâton impitoyable à l'encontre de la libéralisation de la société vue dans les années soixante et soixante-dix. Comme Margaret Thatcher en Angleterre, il incarne un libéralisme économique tout puissant. Mais ce libéralisme ne se retrouve pas dans la question de l'expression artistique, bien au contraire.

Durant les années quatre-vingts, certains réalisateurs américains de films d'horreur évoluant dans un fonctionnement indépendant tenteront tout de même le défi de la sortie sans classification («Unrated»). Comme Stuart Gordon (RE-ANIMATOR), Tobe Hooper (MASSACRE À LA TRONÇONNEUSE 2) ou George Romero (LE JOUR DES MORTS-VIVANTS). Mais ils seront minoritaires;

Rédacteur : Emmanuel Denis
Photo Emmanuel Denis
Un parcours de cinéphile ma foi bien classique pour le petit Manolito, des fonds de culottes usés dans les cinémas de l'ouest parisiens à s'émerveiller devant les classiques de son temps, les Indiana Jones, Tron, Le Dragon du lac de feu, Le Secret de la pyramide... et surtout les Star Wars ! Premier Ecran fantastique à neuf ans pour Le retour du Jedi, premier Mad Movies avec Maximum Overdrive en couverture à treize ans, les vidéo clubs de quartier, les enregistrements de Canal +... Et un enthousiasme et une passion pour le cinéma fantastique sous toutes ses formes, dans toute sa diversité.
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