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Critique du film
THE ROCKY HORROR PICTURE SHOW 1975

 

Un soir de tempête, Brad et Janet, qui viennent de se fiancer, se réfugient dans un étrange manoir. Il s'agit de la demeure du docteur Frank-N-Furter, un travesti provenant de la planète Transsexuelle...

« The Rocky Horror Show » est au départ une comédie musicale montée dès 1973 au Royaume-Uni par Richard O'Brien, par ailleurs compositeur des chansons et comédien du spectacle. Elle connaît un beau succès, et en 1975 Jim Sharman en réalise une version cinématographique : THE ROCKY HORROR PICTURE SHOW.

« The Rocky Horror Show » a bénéficié de la présence de Tim Curry, dont la performance exceptionnelle dans le rôle de Frank-N-Furter a été pour beaucoup dans la réussite de ce spectacle. Il reprend son rôle dans le film, ce qui lui ouvre une longue carrière au cinéma. Une de ses apparitions les plus fameuses est le démon Darkness dans LEGEND de Ridley Scott. THE ROCKY HORROR PICTURE SHOW révèle aussi l'actrice Susan Sarandon (LES PRÉDATEURS de Tony Scott, THELMA ET LOUISE de Ridley Scott). Le rôle du narrateur est tenu par Charles Gray, méchant mémorable du film Hammer LES VIERGES DE SATAN. Ici, il se parodie, lui qui a déjà livré une prestation de Blofeld kitsch peu avant dans le James Bond LES DIAMANTS SONT ÉTERNELS.

Les chansons de THE ROCKY HORROR PICTURE SHOW sont du pur Glam Rock, genre très en vogue au Royaume-Uni vers 1973, avec des albums fameux comme « Aladdin Sane » de David Bowie, « For your pleasure » de Roxy Music ou « The slider » de T Rex. Ce rock très plastique joue sur une atmosphère décadente, inspirée notamment du music-hall et des numéros de travestis. THE ROCKY HORROR PICTURE SHOW s'inscrit dans cette tradition. Nous ne sommes donc pas étonnés que les maquillages du film soient conçus par Pierre La Roche, créateur des maquillages insolites et androgynes de David Bowie.

A la même époque, d'autres visions délirantes des mythologies de l'épouvante sortent au cinéma comme PHANTOM OF THE PARADISE ou CHAIR POUR FRANKENSTEIN. THE ROCKY HORROR PICTURE SHOW fait quant à lui de nombreuses références à la pop culture, au monde du rock, de la BD et surtout du cinéma fantastique. La chanson du générique accumule les clins d’œil à DOCTEUR X, KING KONG, TARANTULA ou PLANÈTE INTERDITE. Ce qui illustre la mise en place d'une vraie cinéphilie fantastique spécifique, qui se retrouvera chez des jeunes réalisateurs d'alors (comme Joe Dante ou John Carpenter).

Le récit parodie les aventures du professeur Frankenstein, telles que déjà vues dans des classiques comme FRANKENSTEIN de James Whale ou FRANKENSTEIN S'EST ÉCHAPPÉ ! de Terence Fisher. Pourtant, ici, le docteur Frank-N-Furter ne cherche pas tant à faire progresser la science qu'à créer Rocky Horror, un étalon musclé et décérébré destiné à assouvir ses fantaisies homosexuelles. Hélas, la Créature le déçoit en se laissant aller à des ébats hétérosexuels avec la prude Janet...

A travers ses diverses péripéties parodiques et érotiques, THE ROCKY HORROR PICTURE SHOW prêche une libération sexuelle décomplexée et réjouissante. Frank-N-Furter est l'ennemi des règles sociales, des contraintes morales et de tout ce qui est susceptible d'entraver la jouissance charnelle. Ce film est aussi un hommage très touchant à tous les monstres bizarres, drôles ou émouvants, du cinéma fantastique populaire : leur singularité et leur poésie en font les ennemis de la monotonie quotidienne et de la rationalité ennuyeuse.

THE ROCKY HORROR PICTURE SHOW a ses légers défauts : certains passages sont en effet un peu inégaux. Mais l'ensemble reste un film infiniment sympathique et attachant, ainsi qu'un hommage très touchant au cinéma fantastique classique d'Hollywood.

Très mal accueilli à sa sortie, ce métrage se voit rapidement cantonné aux séances de minuit à New York, où il se taille rapidement une réputation de film-culte. Le phénomène s'amplifie, si bien que Sharman et O'Brien en tournent une suite, SHOCK TREATMENT de 1981 avec entre autres Jessica Harper, mais c'est un fiasco.

Rédacteur : Emmanuel Denis
Photo Emmanuel Denis
Un parcours de cinéphile ma foi bien classique pour le petit Manolito, des fonds de culottes usés dans les cinémas de l'ouest parisiens à s'émerveiller devant les classiques de son temps, les Indiana Jones, Tron, Le Dragon du lac de feu, Le Secret de la pyramide... et surtout les Star Wars ! Premier Ecran fantastique à neuf ans pour Le retour du Jedi, premier Mad Movies avec Maximum Overdrive en couverture à treize ans, les vidéo clubs de quartier, les enregistrements de Canal +... Et un enthousiasme et une passion pour le cinéma fantastique sous toutes ses formes, dans toute sa diversité.
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