Fara, une petite île britannique, subit en hiver une canicule inattendue. De plus, des personnes et des animaux disparaissent mystérieusement. Hanson, un chercheur, soupçonne des extraterrestres de causer ces évènements...
Après avoir réalisé L'ÎLE DE LA TERREUR pour la compagnie britannique Planet en 1966, Terence Fisher revient avec LA NUIT DE LA GRANDE CHALEUR, nouvelle œuvre de science-fiction pour la même firme. Entre les deux, il trouve quand même le temps de réaliser FRANKENSTEIN CRÉA LA FEMME pour la Hammer.
LA NUIT DE LA GRANDE CHALEUR adapte un roman de John Lymingtom, déjà transposé à la télévision anglaise avec NIGHT OF THE BIG HEAT de Cyril Coke en 1960. Fisher retrouve Christopher Lee et Peter Cushing (ce dernier dans un petit rôle), ses deux interprètes les plus fameux. A leurs côtés, nous reconnaissons Patrick Allen (qui apparaîtra dans le Hammer QUAND LES DINOSAURES DOMINAIENT LE MONDE de Val Guest) et Jane Merrow (que nous reverrons dans LA FILLE DE JACK L'ÉVENTREUR de Peter Sasdy, toujours pour la Hammer).
Si aujourd'hui le cinéma fantastique anglais des années 1960 évoque prioritairement les chefs-d'œuvre gothiques, il ne faut pas négliger les productions britanniques de science-fiction d'alors, généralement influencées par les succès américains angoissants des années cinquante comme LA CHOSE D'UN AUTRE MONDE ou L'INVASION DES PROFANATEURS DE SÉPULTURES. Ainsi, avant même de produire des classiques de l'épouvante, la Hammer met en scène des affrontements entre le professeur Quatermass et des extra-terrestres (LE MONSTRE et LA MARQUE de Val Guest), ou bien des films proches, comme X THE UNKNOWN de Leslie Norman.
Citons d'autres classiques de la SF britannique : LE VILLAGE DES DAMNÉS avec George Sanders, dans lequel des enfants extraterrestres terrorisent un village ; LES DAMNÉS de Joseph Losey et son drame radioactif ; LES PREMIERS HOMMES DANS LA LUNE de Nathan Juran, spectacle rétrofuturiste avec effets spéciaux de Ray Harryhausen ; THE DAY OF THE TRIFFIDS montrant une invasion de plantes spatiales mal intentionnées.
Parmi cette vague, Val Guest signe aussi LE JOUR OÙ LA TERRE PRIT FEU (titre renvoyant à l'antérieur LE JOUR OU LA TERRE S'ARRÊTA) dans lequel l'activité humaine (des essais nucléaires) entraîne un réchauffement climatique radical. Ce film-catastrophe annonce avec soixante ans d'avance les vagues de chaleur incendiaires s'abattant aujourd'hui régulièrement sur l'ouest du continent américain !
Dans LA NUIT DE LA GRANDE CHALEUR, Terence Fisher attaque aussi le sujet d'un réchauffement anormal de l'atmosphère. L'action se déroule sur une petite île anglaise isolée, comme dans L'ÎLE DE LA TERREUR. La structure du récit (des humains sont assiégés sur une île par des organismes très dangereux) est d'ailleurs proche.
L'île devient la base d'entités extra-terrestres se nourrissant de nos sources d'énergie (gaz, pétrole) et n'hésitant pas à exterminer les humains pour arriver à leurs fins. L'ensemble baigne dans un climat intrigant de paranoïa évoquant des souvenirs de L'INVASION DES PROFANATEURS DE SÉPULTURES.
Toutefois, le scénario fait passer l'intrigue fantastique au second plan pendant toute la première heure du métrage. Nous y suivons avec plus ou moins d'intérêt le drame matrimonial se nouant entre l'écrivain interprété par Patrick Allen, sa femme et sa secrétaire/maîtresse. Tout cela constitue un prétexte leste à montrer Jane Merrow arborer des vêtements aussi légers et trempés que possible, prendre des pauses lascives ou se badigeonner le décolleté avec des glaçons ! Tout cela colle avec la surenchère érotique du cinéma fantastique anglais de l'époque, mais l'intrigue en souffre. Il faut attendre un bon moment avant que quelqu'un s'inquiète de l'invasion extra-terrestre. Tout cela est lent, parfois même ridicule.
Le dernier acte de LA NUIT DE LA GRANDE CHALEUR est assez nerveux et efficace, si bien que le spectateur ne se sent pas complètement floué. Nous apprécions toujours la réalisation solide de Fisher et la qualité de l'interprétation, même dans les scènes les moins intéressantes. Mais le dénouement – décevant - rappelle celui du film LA GUERRE DES MONDES par sa soudaineté abrupte.
Et c'est donc l'ennui qui domine à la vision de cette œuvre décevante. Nous réserverons LA NUIT DE LA GRANDE CHALEUR aux seuls complétistes de l'épouvante britannique des sixties.