Dans un futur proche, l'OCP prend le contrôle d'une police de plus en plus inefficace contre le crime. De là naît le projet "Robocop", un nouveau représentant des forces de l'ordre robotisé...
Comme pas mal de réalisateurs européens, Paul Verhoeven se laisse attirer par Hollywood. Produit par Orion, LA CHAIR ET LE SANG pose pas mal de problèmes à la boîte de production. Pas bégueule, c'est pourtant Orion qui mettra la main à la poche pour produire ROBOCOP avec toujours Paul Verhoeven mais cette fois à la tête d'un tournage 100% américain. Pas gagné d'avance puisque le réalisateur n'aimait pas jusqu'alors la science-fiction et encore moins les histoires futuristes. Le petit documentaire du DVD, présent sur l'édition MGM du film, viendra d'ailleurs expliquer comment le cinéaste hollandais a changé d'avis. N'expliquant pourtant pas le revirement spectaculaire qui le mènera a mettre en boîte juste après TOTAL RECALL et bien plus tard STARSHIP TROOPERS.
En tournant ROBOCOP, Paul Verhoeven ne se vend pas à Hollywood comme l'ont fait pas mal d'autres. Il s'agit bien d'un film bourré d'action, de fusillades et d'explosions. Mais au-delà de ça, le scénario ne vire pas au tableau lénifiant des prouesses de son super flic. Au contraire, Murphy est quasiment l'un des premiers "Dark Hero" à faire son apparition sur les écrans de cinéma. On le serait à moins puisque le pauvre homme se voit démonter en petit morceau par des malfrats puis, grâce aux pièces détachées utiles, remonté sans se soucier de ses états d'âmes. Condamné à se nourrir de bouffe pour bébés et à faire régner l'ordre tant que ses piles seront actives ! Autant dire que la vie humaine n'a qu'un bien piètre prix pour les multinationales prêtes à tout pour s'installer sur de nouveaux marchés juteux. ROBOCOP s'amuse à fustiger au passage le monde carnassier des yuppies des années 80 avec leurs narines pleines de coke et leurs magouilles mais aussi toute l'American Way Of Life via des clips publicitaires aussi cons que ceux passant sur nos chaînes de télévision (le futur est-il aussi éloigné que cela ?).
Pourtant, c'est bel et bien l'impact immédiat du film qui en fera un énorme succès. Ce qui aménera deux séquelles cinématographiques (ROBOCOP 2 et ROBOCOP 3), deux série télévisée, l'une aseptisée et l'autre quelque peu bancale (ROBOCOP : DIRECTIVES PRIORITAIRES) et même un incroyable dessin-animé pour les enfants. En se fouttant de la gueule de l'amérique commerciale, ROBOCOP s'est vu rapidement reprogrammé et assimilé tant l'idée, jugée saugrenue à la base, d'un policier mi-homme mi-robot est simplement géniale ! C'est peut-être justement là que l'on peut comprendre pourquoi tout d'un coup, Paul Verhoeven s'est lancé dans un cinéma aux apparences commerciales. Pour mieux faire avaler tout et n'importe quoi au plus large public !
Le film était à l'époque projeté dans les salles en format 1.85. A l'occasion de la sortie du Laserdisc Criterion, Paul Verhoeven avait supervisé le transfert vidéo. Ce faisant, il avait opté pour une présentation en 1.66 révélant un peu plus d'image en haut et surtout en bas de l'écran. Pour cette édition spéciale, MGM retourne au format cinéma d'origine sans se soucier du désir du réalisateur. Difficile de dire si la version 1.85 ou 1.66 est un meilleur choix ou pas ! D'un côté, nous avons le film tel qu'il était présenté dans les salles et de l'autre la volonté du réalisateur qui s'était prononcé lors d'une édition vidéo spécifique...
A vous de choisir !
Disque
MGM Z2
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Disque
Criterion Z1
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Le transfert vidéo utilisé sur l'édition américaine Criterion datait de l'époque du Laserdisc. Après pas mal d'années, il est évident que ce tout nouveau DVD français renvoie les disques précédents aux oubliettes (tout du moins pour la qualité de l'image). En termes de contraste, couleurs et définition, ROBOCOP n'a jamais été aussi "chromé" !
Pour le son, vous en aurez bien plus que pour un dollar. Le remix 5.1 est plutôt efficace sans tomber dans les travers de l'esbrouffe. Puissante comme il se doit, ce nouveau mixage est donc plutôt agréable même si l'on peut regretter quelques annicroches étranges lors de certains passages musicaux. Ca, c'est pour la version anglaise, pour le doublage français, il n'y a pas de quoi pavoiser. Si le rendu général est plutôt sympathique, il faut tout de même noter de gros problèmes : certaines lignes de dialogues sont inaudibles, des ambiances disparaîssent, des voix françaises ridicules ont été ajoutées sur la scène coupée de ED209 alors qu'à d'autres endroits, ce même type d'ambiance reste en anglais sur la version française ! Ca fait un peu beaucoup... Autant dire que vous avez intérêt de vous tourner vers la version originale accompagnée d'un sous-titrage français !
Les deux versions du film sont présentées sur un même disque. Cela vous donne donc le choix entre la version telle que vous avez pu la voir dans les salles de cinéma ou la version Director's Cut, jusqu'à maintenant disponible seulement sur le Laserdisc et le DVD américain de Criterion. Le principe utilisé est le Seamless Branching. C'est à dire que lorsque le film arrive à une séquence additionnelle, votre lecteur va se brancher sur une autre séquence vidéo et continuer jusqu'à retrouver le déroulement normal du film. Cela se produit trois fois pendant le film lorsque vous regardez la version Director's Cut. Malheureusement, cela se manifeste de la même façon qu'un changement de couche. Résultat, ce sont cinq à six petites coupures auxquelles vous aurez droit pendant le film en regardant la version Director's Cut. Dans leur ensemble, elles sont bien situées surtout celles se plaçant sur un fondu au noir. Pourtant, il faut bien dire que deux ou trois d'entre elles sont plutôt visibles sur les lecteurs de salon où nous l'avons essayé. Ce problème ne touche pas la version cinéma du film et sera plus ou moins gênant selon les lecteurs. Sur un lecteur DVD-Rom, par exemple, nous n'avons décelé aucune pause.
MGM continue dans sa lignée. L'éditeur ne semble pas vouloir sous-titrer les commentaires audio. Nouvel exemple avec ROBOCOP où Paul Verhoeven, Ed Neumeier et Jon Davison ont pourtant énormément d'informations à vous livrer. Et pour cause, ce n'est pas la première fois qu'ils s'adonnent à l'exercice de commenter ROBOCOP. En effet, au temps du Laserdisc, ils avaient déjà enregistré un commentaire pour l'édition Critérion. Le même commentaire qui s'était retrouvé quelques années plus tard sur le DVD américain du même éditeur. Pourquoi ré-enregistrer un commentaire déjà existant ? Aucune idée ! Peut-être que payer les différents intervenants revenait moins cher que de faire l'acquisition de la piste sonore via Criterion.
Pour la sortie du DVD, un nouveau documentaire, dont le titre s'inspire de celui du film précédent du réalisateur, a été créé. L'occasion de retracer la genèse du film. Dans le genre, on apprend que le titre du film "ROBOCOP" ne plaisait pas vraiment puisqu'il était souvent jugé ridicule. Cela n'a pourtant en rien gêné son succès ! Après l'écriture, viennent les problèmes relatifs à la réalisation. De la bouche même de Paul Verhoeven, il confirme avoir détesté le scénario et l'avait même flanqué par terre au bout de quelques pages. Sans l'intervention de sa femme ayant lu le scénario ensuite, ROBOCOP serait très différent aujourd'hui ! Pendant la création du film, ce sont des embrouilles avec Rob Bottin, en désaccord, ce dernier délègue la création des effets spéciaux pour éviter d'être sur les lieux du tournage. Trois anecdotes parmi tant d'autres histoires pour vous prouver que nous sommes bien loin des documentaires promotionnels d'usage. Justement, le disque contient aussi deux de ces documentaires réalisés à l'époque pour la promotion. Une quinzaine d'années après, ces deux petits segments s'avèrent bien plus comestibles que prévu. En effet, ils vous donneront la possibilité d'entrevoir le tournage du film lui-même ainsi que des morceaux d'interviews dont Peter Weller n'ayant apparemment pas été disponible (re-contacté ?) à l'occasion de la création des bonus du DVD.
Dans le cas où vous regarderiez la version Director's Cut, vous vous apercevrez qu'il y a des moment où plus personne ne parle. En fait, le commentaire audio a été enregistré sur la version cinéma. La différence de durée de la version Director's Cut sur les séquences additionnelles genère ainsi de toutes petites pauses dans le commentaire.
On passera rapidement sur les scènes coupées. Le présentateur TV de l'émission humoristique nous fait un passage étonnant à base de pizzaïolos aux poitrines généreuses et l'on retrouve l'officier de police Lewis sur un lit d'hôpital dans ce qui aurait pu être la fin du film. Voilà ce que l'on peut dégager des quatre scènes coupées, les deux autres étant plutôt anecdotiques. Il existe une cinquième option dans la liste des scènes coupées mais il ne s'agit pas réellement de scènes coupées. En fait, c'est un assemblage des plans tournés pendant la réalisation du film à propos des séquences retirées du métrage final mais présents dans la version Director's Cut. Ce cinquième segment permet de voir des plans alternatifs, sous un autre angle, des trois passages qui avaient été "censurés" lors de la sortie du film en salles.
Vous brûlez d'en savoir plus sur la technique d'animation image par image de ED209 ? Pas de problème puisque Phil Tippett, en charge de ce robot, a son propre commentaire audio lors d'une comparaison entre le story-board et la scène filmée de la présentation de ED209. Vient ensuite une galerie de photos réparties sur six sections distinctes. Elles se déroulent chacune sur l'une des musiques et sont de durée variable (en gros entre 40 secondes et presque deux minutes).
Enfin, le disque propose deux bandes-annonces ainsi qu'un Spot TV pour ROBOCOP. Sans oublier une bande-annonce pour chacune de ses suites : ROBOCOP 2 et ROBOCOP 3. On se demande pourquoi, puisque les deux films sont dans le coffret indivisible ROBOCOP : LA TRILOGIE et on se doute qu'ils contiennent leur propre bande-annonce.