Header Critique : DAY TIME ENDED,THE (LE JOUR DE LA FIN DES TEMPS)

Critique du film et du Blu-ray Zone A
THE DAY TIME ENDED 1980

LE JOUR DE LA FIN DES TEMPS 

Suite à l’explosion de trois Supernovas, d’étranges événements spatio-temporels se manifestent sur Terre, principalement dans un désert où la famille Williams passe le weekend. Le passé, le présent et le futur entrent en collision. Grant Williams (Jim Davis) a toutes les peines d'empecher ses proches à en subir des conséquences monstrueuses.

Tourné début 1979, le film connu pas mal de déboires. Du scénario titré STAR RACERS, le producteur Charles Band accepta d’assurer le financement mais en réduisant l’ensemble à deux endroits de tournage car trop cher à valider en l’état - d'autant que le scénario écrit en 1977 allait bien au-delà de la fin actuelle du film, devant être le début de la suite. des aventures de la famille Williams. Le budget final fut établi à 600 000$ (500 000 pour le film et une rallonge de 100 000 pour les effets spéciaux) et, pour une production modeste, tournée en Panavision 2.35:1. Le réalisateur John Bud Cardos ne comprenant pas l’enjeu des effets spéciaux visuels, beaucoup de déchirements eurent lieu sur le plateau. Prêt pour une première en mai 1979, la société de distribution US Compass (sortant du succès d'HALLOWEEN, LA NUIT DES MASQUES) ne savait pas comment lancer le film. Nommé d’abord VORTEX, il fut retitré TIMEWARP dans un second temps puis EARTH’S FINAL FURY et enfin THE DAY TIME ENDED. Présenté au Festival du Rex à Paris en 1979 sous le titre LA NUIT DES EXTRA TERRESTRES, il fallut attendre une sortie le 10 juin 1981 en France, avec un petit 33 434 spectateurs, dont 7 520 entrées parisiennes sur 7 salles - le film ne tint que deux semaines à l'affiche, dont au Max Linder et Paramount Opera!

Après une VHS devenue mythique  sous le nom LE JOUR DE LA FIN DES TEMPS (une des rares au monde à être au bon format) et plus tard prenant le nom de BLACK THUNDER (??) dans une opération illégale de rejaquettage, le film ne fut disponible qu’en DVD pan and scan assez atroce… pour arriver finalement le 30 mai 2019 en Blu Ray au format correct chez Full Moon.

Le film reste dans beaucoup de mémoires cinéphiles non seulement pour son mélange des genres, mais également sur ses créatures. Un splendide travail de Dave Allen et Randall William Cook (Randy Cook) : de la stop motion de grande qualité compte tenu du tout petit budget : Créatures géantes expressives, mouvements amples, vaisseaux spatiaux, désert d’avions abandonnés, explosions, ville de lumière… un conte surnaturel mélangeant science fiction, fantastique, merveilleux - sorte de Triangle des Bermudes de l’espace où se percutent différents univers.

Le générique présente beaucoup de noms connus qui ont ensuite donné essor à leur carrière : Le compositeur Joel Goldsmith  (STARGATE SG-1 (SERIE)MAX, LE MEILLEUR AMI DE L'HOMME) au mixage sonore, Robert Harmon (HITCHER) photographe de plateau, Ted Nicolaou (la série SUBSPECIES, et le foutraque TERRORVISION) au montage et à la photographie du prologue accompagné de Daniel Pearl (directeur photo de MASSACRE A LA TRONCONNEUSE 2003 entre autres!), David Schmoeller au scénario, Dave Allen bien sûr à la stop motion, ainsi que Randall William Cook aux sfx d’animation dimensionnelle et storyboards tout comme Jim Danforth (stop motion de QUAND LES DINOSAURES DOMINAIENT LE MONDE) pour le splendide matte painting de la scène finale. Que des pointures!

Anxieux de pouvoir vendre le film sur des noms, il est de coutume pour des séries B de s"adjoindre des "noms" reconnaissables par le public, si possible peu chers - généralement des stars "montantes" ou des stars sur la pente descendante.  Charles Band engage donc le vétéran Jim Davis, la récompensée aux Oscars 1957 Dorothy Malone (L'HOMME AUX MILLE VISAGES et qui revint brièvement dans BASIC INSTINCT). Mais aussi l'enfant "star" Natasha Ryan qui venait de tourner AMITYVILLE, LA MAISON DU DIABLE et L'HORRIBLE INVASION pour (justement) John Bud Cardos en compagnie de William Shatner dont le réalisateur embaucha la femme (Marcy Lafferty) pour le rôle de la fille de Jim DavisChristopher Mitchum complète le tableau, un Mitchum, c'est toujours bon à prendre pour l'affiche.

Le scénario semble s’inspirer d’un épisode de LA QUATRIEME DIMENSION (on croit voir pointer Little Girl Lost) pour ensuite se diriger vers une multitude de pistes. On sent cependant des manques et autres trous ici et là. La génèse chaotique du projet d’étant pas étrangère à cette bizarre sensation bancale. Un Premier draft écrit par Steve Neill et Wayne Schmidt, un second par David Schmoeller sortant à peine du PIEGE  et un troisième par J. Larry Carroll qui changea pas mal, selon les premiers scénaristes, la structure et les événements. De ce fait, des maladresses qui se cumulent ici et là dans la construction narrative. Mais avec le recul, il s’agit de cela qui fait l’énorme charme du film. Le fait de présenter des éléments incongrus : un petit alien verdâtre semblant danser dans l’air et qui aide la petite fille, une pyramide verdâtre de différentes tailles faisant apparaitre et disparaitre des éléments, un vaisseau spatial autonome à armes intégrées, des monstres-aliens géants combattant au milieu de nulle part… rien ne s’explique à proprement parler. Juste une collusion d’éléments science-f(r)ictionnels /mythologiques d’un ailleurs rêvé.

Une succession de plans bizarres, bourrés d’effets spéciaux vaguement reliée par des séquences dialoguées qui ne font pas grand sens - dont certains improvisés sur le plateau de tournage. (dont un hilarant « this is a space time warp » prononcé par Jim Davis à la 66e minute). Avec des plans étirés afin de pouvoir rencontrer la durée espérée, un générique de fin au ralenti. Une logique explosée. Mais qu’importe. Il n'y a rien de plus beau qu'un naufrage. Quoi de pire qu'une production n'appelant aucun sens à réagir? THE DAY TIME ENDED ne laisse jamais indifférent et possède l'audace de faire vivre une aventure hors des sentiers battus - avec des scènes inventives et parfois hors contrôle. L'imagination au pouvoir.

Hormis la VHS française, il s’agit de la première fois que le film soir présenté dans son format original 2.35:1, sur un BD 25, en 1080p et AVC-MPEG 4, d’une durée complète de 80mn10. Le disque lance d'abord une bande annonce d'1mn26 d'extraits de films Full Moon, encourageant le spectateur à s'abonner à Amazon Prime (une contradiction sublime sur un Blu Ray...). Un menu fixe qui offre le lancement du film, le commentaire, des images du tournage et les films annonce de l’éditeur. A noter un chapitrage aux fraises (aucun accès depuis le disque), Full Moon ne se fatigue plus non plus) effectué à la petite semaine. Découpé n’importe comment, tombant au beau milieu de scènes : un travail de sagouin.

Pour la partie visuelle, ça reste mitigé. Il faut noter des couleurs parfois passées et une copie avec pas mal de griffures et poussières noires (ex: 20mn55) qui trahissent l’origine du master, une copie 35mm à défaut du négatif original qui a été perdu (confirmé par les intervenants du commentaire audio)- Déduction renforcée par les marques de brûlures de cigarettes à 59mn20 et les plus terribles à 72mn. Ce qui tendrait aussi à expliquer des scènes trop exposées en extérieur (la scène du coral au début du film) et une gestion médiane des contrastes,  des noirs peu profonds et une définition aléatoire (22mn21 ou à 26mn20, p.ex).

Les détails n’abondent pas vraiment : chevelure de Dorothy Malone - Hormis les très gros plans- , contour des visages et des décors... même si l’ ensemble est indubitablement meilleur que la vielle VHS Socai Films et de le dvd plein cadre précédent, ça reste médiocre pour un Blu Ray. Mais pépé Band n’étant pas connu pour son travail de précision sur ses sorties en format physique, il ne faudra guère espérer mieux. On se consolera en pensant  que le film est disponible en HD 1080p et au format original, ce qui tient du miracle.

A ma connaissance, le film a été mixé en mono et aucune copie stéréophonique n’a circulé. Donc le mixage 5.1 proposé semble avoir été effectué pour cette sortie. Une fois de plus, Full Moon ne SAIT ou VEUT pas profiter (ou faire profiter) des avantages du Blu Ray. Pour les pistes audio,  nous avons de ce fait droit à deux compressées en anglais (Dolby Digital 2.0 mono et Dolby Digital 5.1). Rageant car quasi systématique sur ses films en format physique. Et aucun sous-titre. Il faudra donc être 100% anglophone.

Pour le 5.1, je reste assez partagé. Ce n’est pas (à priori) le format sonore original du film. Mais force est de constater la réussite du mixage. Il profite principalement à l’apparition sonore orchestrale de Richard Band -une de ses plus belles compositions - qui résonne en stéréophonie de manière admirable. Ensuite, les bruitages et autres effets sonores d’atmosphère - vent, voitures, effets électroniques qui résonnent sur les canaux arrières, appuyant l’univers visuel étrange proposé. Une piste sonore enveloppante, assez précise même si manquant de piquant et de puissance. Les dialogues demeurent eux uniquement sur la voie centrale. Le mixage 2.0 mono est plus conforme à la réalité filmique de l’époque, offrant une piste stable, sans grand relief, mais des dialogues clairs, une musique limpide et des effets qui savent se détacher.

Full Moon a concocté plusieurs éléments pour cette « édition spéciale 40e anniversaire ». Le gros morceau se révèle un excellent commentaire audio par Paul Gentry et Wayne Schmidt (en anglais non sous-titré) par deux des trois producteurs - et co-scénaristes et directeur des effets spéciaux - qui offrent un prisme de lecture absolument passionnant sur le process de création, l’histoire du tournage et les problèmes rencontrés. Passionnant car ils ont VRAIMENT quelque chose à raconter. Qu’il s’agisse de scènes précises où ils rebondissent sur les challenges rencontrés ou d’éléments d’effets spéciaux… ils sont intarissables et précis.

Entre 3 et 4 semaines de tournage du côté d’Apple Valley (Californie), LE JOUR DE LA FIN DES TEMPS rencontra de nombreux soucis de planning, tournage, effets spéciaux et d’un scénario qui aurait du bénéficier de plus de polissage. Cardos fut choisi suite à son succès de L'HORRIBLE INVASION (lui aussi tourné en plein désert) et sa réputation de réalisateur sérieux sur des budgets minimaux - et ancien cascadeur. Ils parlent assez peu de lui et de son travail… honnêtement, il aurait été plus qu’intéressant d’avoir sa version des éléments. On sent l’influence de Charles Band sur le casting et le planning (le film est entré en production beaucoup plus tôt que prévu, ce qui engendra nombre de conflits et complications entre les différentes équipes).  Jim Davis, ami de John Bud Cardos accepta de tourner le film juste après le pilote d’une petite série nommée... DALLAS - après que Glenn Ford ne refusa finalement le film.

Très peu d’anecdotes sur comment s’est déroulé le tournage (ils avouent avoir passé peu de temps sur celui-ci), mais beaucoup sur les aléas de production et d’effets spéciaux. Contre le choix d’utilisation du format Scope 2.35:1, qui a compliqué considérablement les effets visuels… mais Charles Band voulait ce format non pas pour des raisons esthétiques, mais très demandé pour les ventes internationales en Asie. Ou encore sur les miniatures de la maison,  construites par Greg Jein dans le hangar où était tourné 1941 en même temps. On apprend également que Wayne Schmidt était le directeur photo sur les premiers jours en attendant l’arrivée de John Morrill (APOCALYPSE 2024), directeur photo habituel de John Bud Cardos.

Ils mentionnent également la frustration du négatif original perdu et d’avoir eu à travailler depuis une des rares copies 35mm restantes, qui était dans un sale état. Donc une qualité minimale, beaucoup de travail de nettoyage de poussière « de la taille de balles de golf » (!) ,pas mal de réduction de bruit pour le rendu présent - le tout grâce à Universal qui selon les deux compères, possèdent un certain savoir-faire. Ils indiquent avoir conscience que le manque de grain filmique est une critique permanente des fans, mais que dans cette situation présente, c’était juste impossible de ne rien faire tant la situation était désastreuse. Le tirage MGM de la pellicule Eastmancolor étant à la base de la perte de couleurs notable. Côté sonore, certains effets ont été enregistrés en 4 pistes stéréo pour les grognements des créatures et autres effets d’atmosphère!

Et à la grande surprise du public, le film fut distribué aux USA en double programme avec ROLLER BOOGIE, le sublimissime film patin à roulettes-disco avec Linda Blair, un autre film distribué par Compass!

Ensuite, une galerie photos (6mn59 - HD) avec des photos des maquettistes au travail, des miniatures, du tournage de la stop-motion, des mattes réalisés… le tout dans une qualité assez incroyable. Un trésor de connaissance (où l’on voit que le premier monstre est en effet de sexe féminin!) qui montre que, malgré un budget bas, la somme incroyable de travail que tous ces plans optiques et d’effets spéciaux représentent.

En plus des films annonces de l’éditeur, il y a également de rares images de tournage (muettes, probablement venant d’un film Super8) de la séquence de tempête... et des conditions extrêment difficiles de tournage en pleine tempête de sable!

En conclusion, pas forcément l'édition de l'année côté visuel et audio - mais un authentique plaisir à redécouvrir un film pas comme les autres, à l'ambition certaine malgré les déséquilibres - très fun à (re)vivre en qualité de spectateur!

Merci à  Didier Noisy et toute l’équipe du site boxofficestory.com

Rédacteur : Francis Barbier
Photo Francis Barbier
Dévoreur de scènes scandinaves et nordiques - sanguinolentes ou pas -, dégustateur de bisseries italiennes finement ciselées ou grossièrement lâchées sur pellicule, amateur de films en formats larges et 70mm en tous genres, avec une louche d'horreur sociale britannique, une lampée d'Albert Pyun (avant 2000), une fourchettée de Lamberto Bava (forever) et un soupçon de David DeCoteau (quand il se bouge). Sans reprendre des plats concoctés par William Friedkin pour ne pas risquer l'indigestion.
56 ans
1233 news
397 critiques Film & Vidéo
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Une serie B en Scope au scénario fou furieux
De superbes effets speciaux en stop motion et optiques
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L'édition vidéo
THE DAY TIME ENDED Blu-ray Zone A (USA)
Editeur
Full Moon
Support
Blu-Ray (Simple couche)
Origine
USA (Zone A)
Date de Sortie
Durée
1h20
Image
2.35 (16/9)
Audio
Anglais Dolby Digital 5.1
Anglais Dolby Digital Mono
Sous-titrage
  • Aucun
  • Supplements
    • Commentaire audio de Paul Gentry et Wayne Schmidt
    • Rares images du tournage du film (2mn05 - 1.33:1 - muet - HD)
    • Galerie Photos (6mn59 - muet - HD)
    • Films annonce Full Moon:
    • - CASTLE FREAK (2mn14 - Vo - 1.85:1 - HD)
    • - PUPPET MASTER III (2mn06 - VO - 1.85:1 - HD)
    • - SLAVE GIRLS FROM BEYOND INFINITY (1mn17 - VO - 1.78:1 - HD)
    • - SPECTERS (1mn30 - VO - 1.78:1 - HD)
    • - BLOODLUST : SUBSPECIES III (1mn27 - VO - 1.78:1 - HD)
    • - TRANCERS II (2m41 - VO - 1.78:1 - HD)
    • - VAMPIRES JOURNALS (2mn - VO - 1.78:1 - HD)
    • - THE DARK ANGEL (1mn24 - VO - 1.78:1 - HD)
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