Header Critique : FEMME EN VERT, LA (THE WOMAN IN GREEN)

Critique du film
LA FEMME EN VERT 1945

THE WOMAN IN GREEN 

LA FEMME EN VERT s'inscrit dans le cycle de quatorze films américains, tournés entre 1939 et 1946, dans lesquels le détective Sherlock Holmes est interprété par le comédien Basil Rathbone. Plutôt spécialisé dans les rôles de vilains (LES AVENTURES DE ROBIN DES BOIS), il a aussi mis un pied dans le cycle des films d'horreur classiques Universal, puisqu'il occupe le rôle titre dans LE FILS DE FRANKENSTEIN.

Inaugurée par deux films ambitieux de la 20th Century Fox (LE CHIEN DES BASKERVILLE de 1939, puis SHERLOCK HOLMES), cette série d'aventures Holmesiennes est vite reprise par Universal, qui produit douze épisodes. Les aventures proposées par cette seconde compagnie sont tournées à la chaîne, souvent avec des budgets modestes, à partir de LA VOIX DE LA TERREUR en 1942 jusqu'à LA CLEF en 1946. Tout au long des quatorze films, Nigel Bruce incarne le docteur Watson. Dans les derniers épisodes, ce personnage sert de plus en plus de faire-valoir ridicule à Holmes.

Comme tous les autres films de la série Universal (excepté LA VOIX DE LA TERREUR), LA FEMME EN VERT est réalisé par Roy William Neill. Holmes y affronte le professeur Moriarty, son ennemi juré, incarné ici par Henry Daniell (spécialiste lui aussi des rôles de méchants : face à Errol Flynn dans L'AIGLE DES MERS, ou bien dans LE DICTATEUR de Chaplin). On a déjà rencontré cet acteur à plusieurs reprises dans ce cycle, mais c'est ici la première fois qu'il incarne Moriarty. Dans cette série des Holmes-Rathbone, Moriarty est déjà apparu, mais sous les traits d'habitués de la série B fantastique tels que George Zucco et Lionel Atwill.

LA FEMME EN VERT, onzième de la série (sur quatorze, pour ceux qui ne suivent pas !), succède à LA MAISON DE LA PEUR et précède MISSION AU SOLEIL. Les trois films sont sortis durant la même année 1945, ce qui donne une idée de la cadence soutenue à laquelle ils sont produits !?

Des meurtres inexpliqués de jeunes femmes sont commis à Londres. La police voit se profiler la menace d'une nouvelle affaire "Jack l'éventreur". Les indices sont maigres : le tueur coupe un doigt à chacune de ses victimes. C'est peu. On fait appel à Sherlock Holmes... Celui-ci n'est pas dupe et derrière cette banale et sordide affaire criminelle, il voit se dessiner un complot autrement plus vaste et machiavélique dans lequel seraient impliqués une étrange et séduisante femme en vert ainsi que le terrible Moriarty...

Si une partie du film (le tireur embusqué) est inspirée par la nouvelle de Conan Doyle «La maison vide», le reste du scénario est original et ne doit pas grand chose aux romans mettant en scène Sherlock Holmes. Souffrant d'un budget et d'un temps de tournage réduits, LA FEMME EN VERT est filmé dans des décors peu variés et réalisé de manière statique. Les mouvements de caméra sont rares, ainsi que les scènes d'action (seules les cinq dernières minutes sont spectaculaires). Il en résulte un film plutôt bavard et manquant d'originalité. Le rythme du récit est brisé par des séquences à l'utilité discutable (Watson tourné en ridicule au cours d'une réunion sur l'hypnotisme par exemple...).

Pourtant, nous nous consolons avec l'interprétation toujours excellente de Basil Rathbone en Sherlock Holmes. Il faut le voir échafauder des hypothèses dans son appartement, vêtu de sa fameuse robe de chambre, tirant sur sa pipe et arrachant des stridences à son violon ! Henry Daniell est un excellent Moriarty, antipathique à souhait, frémissant de haine et de mauvaises intentions. A ce titre, l'entrevue glacée, mais courtoise, entre Holmes et son ennemi de toujours, dans l'appartement de Baker Street, est un régal ! Le travail sur les décors et les éclairages en noir et blanc, s'appuyant sur le savoir-faire des techniciens de la Universal, reste réussi et propose une atmosphère mystérieuse à souhait. Toutefois, cet épisode, comme les onze autres tournés par cette compagnie, se déroulent dans les années 1930/40, et les amateurs d'ambiance Gothiques et XIXème siècle seront peut-être déçus...

La progression du récit est globalement satisfaisante : si certains rebondissements souffrent d'être trop prévisibles (la fin...), l'ensemble de l'intrigue est correctement échafaudé et surprend le spectateur qui ne peut, à nouveau, qu'admirer l'intelligence et l'intuition de Holmes. Malgré des défauts, dus à une usure de la série, LA FEMME EN VERT reste un agréable divertissement policier au scénario correct, à l'atmosphère mystérieuse réussie, à l'ambiance «Serial» plaisante, et à l'interprétation irréprochable.

Après cette trouble histoire de "serial killer", Sherlock Holmes vit des aventures moins connectées au monde de l'horreur. Dans MISSION AU SOLEIL, il escorte un Prince de sang royal dans une dangereuse croisière à bord d'un navire. Dans LE TRAIN DE LA MORT, il surveille un précieux joyau au cours d'un voyage en train. En 1946, avec LA CLEF, on retourne dans un domaine plus proche de l'épouvante : mais ce sera la dernière aventure de Sherlock Holmes interprétée par Basil Rathbone au cinéma. En effet, alors même que de nouveaux épisodes sont en préparation, cet acteur se sent trop prisonnier de ce rôle et lui tourne le dos pour se consacrer avant tout au théâtre. Il revient toutefois dans des rôles importants sur le grand écran à partir de LA GRANDE NUIT DE CASANOVA en 1954, de Norman Z. McLeod...

Rédacteur : Emmanuel Denis
Photo Emmanuel Denis
Un parcours de cinéphile ma foi bien classique pour le petit Manolito, des fonds de culottes usés dans les cinémas de l'ouest parisiens à s'émerveiller devant les classiques de son temps, les Indiana Jones, Tron, Le Dragon du lac de feu, Le Secret de la pyramide... et surtout les Star Wars ! Premier Ecran fantastique à neuf ans pour Le retour du Jedi, premier Mad Movies avec Maximum Overdrive en couverture à treize ans, les vidéo clubs de quartier, les enregistrements de Canal +... Et un enthousiasme et une passion pour le cinéma fantastique sous toutes ses formes, dans toute sa diversité.
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