Une jeune femme marche en titubant jusqu'à un téléphone
d'où elle compose le numéro de la police. Elle ne peut
proférer qu'un hurlement strident lorsqu'une personne décroche
enfin. On apprend qu'elle fait partie d'un groupe de jeunes gens disparus
depuis plusieurs semaines de leur école. Ces étudiants
sont des gosses de riches dont certains sont traqués par les
journalistes et paparazzi de tous poils. L'école est ainsi un
lieu surprotégé où aucune entorse à la sécurité
n'est autorisée, aucune escapade n'est possible... à moins
d'y mettre le prix.
THE HOLE, c'est comme vous l'aurez sans doute traduit un trou, où s'enterre une bande de quatre jeunes en mal d'expériences inédites. Mais voilà, après y être rentrés, ils n'ont plus aucun moyen d'en sortir, passant là des jours et des jours, bientôt sans manger ni boire. La tension monte très vite entre les protagonistes, qui ont bien du mal à comprendre pourquoi celui qui les a conduits là ne revient pas les chercher. Liz raconte cette histoire, après avoir traversé une période de mutisme total, à une psychologue venue l'aider à expliquer le traumatisme qu'elle semble avoir vécu. Mais les mots ont bien du mal à sortir, et quand enfin, elle arrive à revoir ce tragique évènement, tout devient clair pour la police. Ils ont leur coupable.
THE HOLE est un film qui cherche à installer le spectateur dans un malaise claustrophobe. Malheureusement, on n'arrive pas à suffoquer complètement dans ce bunker somme toute bien confortable. Malgré de nombreuses tentatives pour perdre le spectateur, grâce à une intrigue pleine de rebondissements et relativement bien montée, THE HOLE n'exploite pas à fond le potentiel offert par une histoire pourtant terrifiante. Alors que les vingt premières minutes du film promettaient une bonne heure et demie d'angoisse, on s'aperçoit très vite qu'il n'est pas celui auquel on s'attendait en entendant le cri du début. En effet, à voir cette jeune femme terrorisée, aux vêtements déchirés et sales, à voir son regard fixe, à entendre son cri traumatisant, on s'attend plus à quelque histoire horrible, alors que la suite s'oriente irrémédiablement vers un film policier.
Le scénario est tiré d'un roman écrit par Guy Burt "After the Hole" alors qu'il n'avait que 18 ans, et commence là où s'arrêtait l'histoire originale. Pourquoi pas, puisque le montage final est plutôt efficace. Ainsi, on est ballotté entre les flash-back des principaux acteurs de cette sordide histoire, et la réalité, constituée par l'enquête policière et l'interrogatoire de la psy, incarnée ici par Embeth Davidtz (l'héroïne de L'ARMEE DES TENEBRES ou de L'HOMME BICENTENAIRE). Les versions du suspect et de la victime rescapée étant diamétralement opposées, on navigue entre deux histoires où seule l'unité de temps est commune. A ce titre, on peut dire que c'est une intrigue bien ficelée et qu'on est tenu en haleine. Néanmoins, on pourra aussi voir assez rapidement se profiler la vérité, si on est un tout petit peu plus perspicace, mais ça ne gâchera pas le plaisir (en demi-teinte) qu'on aura de découvrir ce film d'angoisse.
Le principal grief que l'on pourrait faire à THE HOLE réside en fait dans sa mise en scène trop timide, trop sobre, finalement. Alors que l'on s'attend à ce que le bunker soit un endroit sombre, plein de recoins inquiétants où pourrait se tapir n'importe quoi, on a affaire à un lieu bien éclairé, limite rassurant pour les quatre écoliers en mal d'aventures extra-scolaires. Le seul suspense provenant de leur enfermement prolongé et de l'amenuisement de leurs provisions de nourriture et d'eau. Cette situation donnant bien sûr lieu à des tensions entre les protagonistes, qui s'accusent mutuellement de cette galère. A noter l'excellente prestation de Thora Birch, que l'on avait pu découvrir dans AMERICAN BEAUTY. Elle tient parfaitement son rôle de jeune ingénue. Son physique aidant, elle se transfigure avec une facilité déconcertante, alimentant la perplexité grandissante du spectateur.
Cette édition propose la bande annonce en version originale sous-titrée ou en version française (en fait, la même !) ainsi que le Teaser. Celles-ci peuvent se targuer de remplir leur office, puisqu'elles sont diablement efficaces. Bénéficiant d'un montage saccadé qui insiste sur l'aspect sombre et inquiétant du film, celui, justement, qu'on ne retrouve pas dans la continuité, quand on le visionne. Ces bandes annonces prometteuses ne sont pourtant pas le reflet de ce qu'on va découvrir dans le film, c'est là que porte notre déception, même si nous n'avons quand même pas boudé notre plaisir de le voir dans une copie ne souffrant que de quelques défauts de compression ici ou là. La bande son quant à elle sait se faire discrète, n'insistant pas trop lourdement sur des effets faciles, ce qui est dans la droite ligne du film du réalisateur. On pourra également visionner le film assorti du commentaire audio sous-titré en français de Nick Hamm, qui décrypte le film et apporte ça et là quelques précisions sur les conditions de tournage et autres anecdotes techniques. Il laisse très peu de temps morts, racontant souvent la scène en train de défiler, donnant plus l'impression qu'il fait de l'explication de texte (ou plutôt d'image), mais, dans l'ensemble, ça se laisse écouter gentiment, à réserver aux inconditionnels du film, quand même.
Enfin, pour compléter cette édition, Pathé nous propose des scènes coupées, qui n'apportent rien de plus au film. Mention spéciale pour l'épilogue, dont on comprend l'absence sur le métrage final. Rien de mieux pour le plomber, car comme chacun le sait, ce qui reste souvent dans l'esprit des spectateurs est l'impression donnée par la scène finale. Ici, le film maintient le spectateur en attente tout le long, jusqu'à la révélation finale. Ouf, on l'a échappé belle ! Cette fin présentée en bonus est tellement ridicule. Au passage, on s'étonnera dans le commentaire audio que le réalisateur nous parle de scènes coupées, qui elles ne figurent pas dans la liste contenue sur le DVD. Enfin, on n'échappe pas aux sempiternelles filmographies dont l'intérêt est limité dans le temps.
THE HOLE a pris son Cognac au festival du même nom en 2001, remportant le prix Spécial Police. Pas mal, mais quoi qu'on en dise, il reste un teenage-movie à suspense un peu au-dessus de la moyenne, grâce à l'intelligence du scénario et aux nombreux rebondissements imaginés par Guy Burt, l'auteur du roman, arrangés, amplifiés, redécoupés par les scénaristes. Quant au réalisateur anglais, il devrait refaire parler de lui prochainement, d'après Variety, puisqu'il travaille sur deux projets en parallèle, dont une salve de dix films horrifiques en dix-huit mois (?) et un film d'horreur intitulé GODSEND. Affaire à suivre...