Header Critique : THE LAST GIRL : CELLE QUI A TOUS LES DONS

Critique du film
THE LAST GIRL : CELLE QUI A TOUS LES DONS 2016

THE GIRL WITH ALL THE GIFTS 

Le futur. Une Grande-Bretagne ravagée par un virus transforme les êtres humains en zombies. La jeune Mélanie (Sennia Nenua) assiste à des cours de manière peu conventionnelle dans une base militaire où elle est retenue prisonnière. Elle est infectée comme d'autres jeunes gens par un virus fongique qui ravage les humains. Faisant partie des « hungries » en VO, ou « affams » en version Française. Malgré le virus congénital, elle reste capable de penser et de raisonner, et de ce fait représente un espoir de vaccin pour la science. Lorsque la base est envahie par une horde de zombies assoiffés de sang, Mélanie réussit à fuir en compagnie de son professeur et de la scientifique chargée de trouver le vaccin et de militaires. Ils doivent rejoindre la base de Beacon à proximité de Londres.

THE GIRL WITH ALL THE GIFTS est le second long métrage de l'Ecossais Colm Mc Carthy, auteur du très intéressant film d'horreur OUTCAST (chroniqué sur le site), malheureusement resté inédit chez nous. On notera d'ailleurs quelques parallèles évidents avec OUTCAST dans la volonté d'enferrer le mythe fantastique dans une certaine réalité sociale. Adapté du roman de Mike Carey « celle qui a tous les dons » (en Français), lequel a également écrit le scénario, THE GIRL WITH ALL THE GIFTS propose une thématique zombie plus intégrée dans le devenir de l'humanité.

Si la thématique virale et mort vivant a été exploité de long en large à travers par plusieurs générations de réalisateurs, la version proposée ici intègre complètement l'évolution de l'humanité sur les ruines d'un monde finissant. En mettant l'accent sur une génération de zombies capables de raisonner sur sa propre condition (dont Mélanie est le vecteur principal), le réalisateur ne centre pas le film sur la survie face à des zombies qui ne pensent qu'à manger de la chair humaine, mais plutôt sur la manière dont l'humanité tout entière va survivre à ce fléau. George A Romero avait déjà abordé cet aspect dans le très rock n'roll SURVIVAL OF THE DEAD, par exemple, dans lequel une cavalière devenue zombie cherche par tous les moyens à mordre sa sœur jumelle avec qui elle était en conflit. Dans DIARY OF THE DEAD, le fait de passer par le reportage caméra lui permettait de pressentir l'évolution du monde face à l'invasion. Beaucoup d'autres versions plus ou moins bien réussies ont tenté d'exploiter le sujet, mais en tournant en rond. Car centrant l'action sur la survie face à une menace inéluctable, avec à la fin une mince lueur d'espoir - à travers la fuite de jeunes, de préférence. VIRAL de Henry Joost & Ariel Schulman qui a également été présenté (hors compétition) au festival de Gérardmer 2017 est tombé dans ce piège, tout comme le fut WHAT WE BECOME de Bo Mikkelsen.

Ce long métrage propose une réelle alternative à ce mythe de Sisyphe, de par un scénario qui ancre ses personnages dans le déroulement de l'histoire. Et ici personne n'est ou à fait bon ni mauvais, pas même les militaires qui semblent binaires et racistes (vis à vis des affams) au début du film. Les personnalités se révèlent complexes, avec pour chacun des préoccupations et une histoire différentes. La professeur Miss Justineau (Gemma Arterton) particulièrement proche de Mélanie, presque une maman de substitution, donne des cours aux hybrides. Comme un sacerdoce, alors qu'elle se trouve dans une base militaire exposée au danger. La scientifique Dr Caldwell, magistralement interprétée par Glenn Close, cherche désespérément le cobaye qui lui permettrait de finaliser son vaccin, prête pour ce faire à tous les sacrifices. Cependant, celle qui crève l‘écran et tient tout le film reste la jeune Sennia Nenua dans le rôle de Mélanie. Laquelle reste positive et enthousiaste. Mais surtout intelligente tout au long de l'histoire. Mélanie pose sans cesse des questions sur sa condition (est-elle morte ou vivante ?), s'éveille au savoir, puis finit par se découvrir elle-même. Le parallèle est fait dans le film avec l'histoire de Pandore qui ne laisse que l'espoir au fond de la boîte dont tous les fléaux se propagent sur le monde à présent dévasté. Mélanie représente au fond cet espoir pour les hybrides, comme pour les humains, ce qui sera dévoilé tout au long du film. Le métissage comme survie de l'humanité?

Colm Mc Carthy a alors besoin d'un juste petit coup de pouce pour étayer son film. Les effets spéciaux discrets et quasi accessoires font partie du décor afin de donner de la crédibilité aux affams et à l'environnement post-apocalyptique. Cependant, le film n'a certainement pas eu un budget assez conséquent pour se permettre plus… ce qui ne compromet en rien son déroulement. La bande son qui a été également récompensée par le festival (prix de la meilleure musique originale) contribue de manière efficace à l'ambiance que ce soit pour les scènes de suspense, d'action, ou à forte dose émotionnelle.

THE GIRL WITH ALL THE GIFTS réussit à intégrer de manière intelligente le thème des zombies dans une problématique liée à l'environnement et à l'évolution de l'humanité, ce qui est une préoccupation plutôt actuelle, et une réelle prise de conscience. Et ce n'est certainement pas un hasard si réalisateur originaire du pays des lochs, bens et autres glens où la nature semble préservée, choisisse de traiter un tel sujet de manière aussi sensible. Même l'aboutissement du film change la donne, et propose un renversement aussi inattendu qu'inéluctable. Colm Mc Carthy a réussi à surprendre et émouvoir. Le public du Festival de Gérardmer ne s'y est pas trompé en lui réservant un accueil chaleureux lors de la présentation, et en le récompensant du prix du public après la projection. Le renouveau du genre est bien là, espérons que Colm Mc Carthy réussira l'après, aussi que le fit André Øvredal avec THE JANE DOE AUTOPSY.

Rédacteur : Anne Barbier
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