Header Critique : PREMIER CONTACT (ARRIVAL)

Critique du film
PREMIER CONTACT 2016

ARRIVAL 

Dans PREMIER CONTACT de Denis Villeneuve (PRISONNERS, ENEMY), la très demandée par Hollywood Amy Adams incarne une linguiste à laquelle l'armée fait appel quand des extraterrestres débarquent mystérieusement sur terre. En complète opposition avec le très brutal et frontal SICARIO, son précédent film, Villeneuve cherche au contraire à faire un film de SF très intime et très simple.

S'il parvient efficacement à relater l'effet du débarquement alien sur la planète à travers des écrans de télévisions mais aussi d'ordinateurs relayant des youtubeurs et conférencier de l'internet mondial, ou un parking embouteillés au son assourdissant des klaxon évoquant l'effet de panique, ainsi qu'un joli ensemble de plan sur une université vidée de ses élèves, le réalisateur canadien préfère s'en tenir à un nombre réduit de personnage et vise à des plans misant plus sur le sensoriel, le contact physique, et les émotions brutes de ses personnages. C'est dans l'intimité de cette femme, mère éplorée, confrontée à sa solitude dans cette grande maison autant que dans une salle de cours vide que le film nous projette.

Comme GRAVITY, le voyage que vit l'héroïne fait autant écho à sa maternité et à sa relation avec ses émotions. Ce qui lui arrive auprès des extraterrestres est à la fois une figure de métaphore mais aussi et surtout, le catalyseur de ses problèmes personnels. L'immensité du vide de l'espace et l'effroi qu'il produisant dans GRAVITY fait ici écho à la frayeur d'une guerre mondiale que provoque le mot « arme » qu'on devine mal traduit. Car le problème de la langue et des catastrophes que pourrait produire une mauvaise interprétation est bien sûr au cœur du film. C'est là l'originalité de PREMIER CONTACT qui, avouons le, en l'état est également très proche de INTERSTELLAR dans sa dynamique à mettre en parallèle grâce au montage et au traitement de la narration le drame intime et l'aventure de SF, à toujours garder un fragile équilibre entre l'émerveillement et la terreur face à l'immensité de cet inconnu.

Comme toujours avec Villeneuve, ce qui est brillant, c'est la réalité qu'il parvient à conférer à son univers, la crédibilité de celui-ci même quand certains détails devraient nous troubler, c'est aussi la manière dont il se refuse à glamourifié ses acteurs, et au contraire, à les rendre « normaux », à faire de ces stars d'Hollywood des personnes qu'on pourrait croiser dans la rue, du visage fatigué d'Amy Adams à celui maquillé en scientifique geek et timide de Jeremy Renner.

Evidemment, PREMIER CONTACT fait aussi référence à des éléments caractéristiques de la SF. Du look des extraterrestres très lovecraftien avec leurs tentacules et les jets d'encre formant de jolies arabesques à la forme sombre et oblongue des vaiseaux qui quand à elle évoque le monolithe de 2001, L'ODYSÉE DE L'ESPACE, jusqu'à la forte corrélation qu'on pourrait faire avec RENCONTRE DU TROISIÈME TYPE, il est indéniable que PREMIER CONTACT ne brille pas par son originalité. Néanmoins, il s'avère réussir son pari.

C'est un très bon petit film de SF qui comme GRAVITY joue sur la sensorialité, autant que sur l'émotion, touche à l'intime comme le faisait INTERSTELLAR, et réussit le pari difficile aujourd'hui d'être un bon film quand Hollywood n'arrive plus à produire grand chose d'intéressant. On peut le voir comme le chaînon manquant entre GRAVITY et INTERSTELLAR ou simplement comme la suite logique de RENCONTRE DU TROISIÈME TYPE, en tout cas il est la preuve que la SF continue à nous faire rêver, et qu'on a encore des choses à dire sur le sujet. La décénie est indéniablement celle où nous voyons émerger des films de science fiction touchant à l'intime, EX MACHINA, REALIVE, en totale opposition avec la SF qu'on pouvait voir dans les années 80 qui elle s'attaquait à des problèmes de société. La science fiction a toujours été une manière de parler de l'humain, aujourd'hui plus encore qu'hier. Et c'est toujours plaisant de voir que le genre continue de se réinventer sans pour autant renier ses pairs.

Rédacteur : Sophie Schweitzer
Photo Sophie Schweitzer
Passionnée de cinéma et littérature de genre, elle a fait des études de cinéma et travaille désormais comme cadreuse. A côté de son travail, elle écrit des nouvelles fantastiques et horrifiques.
36 ans
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