Header Critique : CONAN LE DESTRUCTEUR (CONAN THE DESTROYER)

Critique du film et du DVD Zone 2
CONAN LE DESTRUCTEUR 1984

CONAN THE DESTROYER 

La reine Taramis promet à Conan de ramener d'entre les morts Valeria. En échange, il devra escorter Jennah pour récupérer la corne de Dagoth...

Par contrat, Arnold Schwarzenegger devait faire d'autres films mettant en scène le personnage de Conan. Après le gros succès de CONAN LE BARBARE, Dino De Laurentiis met donc tout logiquement en chantier un nouveau film avec l'acteur autrichien. On contacte bien John Milius mais celui-ci est coincé sur le tournage de L'AUBE ROUGE. Ce qui arrange les affaires du producteur voulant obtenir un film bien moins sombre que CONAN LE BARBARE. Finalement, la réalisation est confiée à Richard Fleischer. Un réalisateur qui a déjà à son palmarès un grand nombre de films dans un peu tous les genre. On lui doit par exemple la version Disney de 20.000 LIEUES SOUS LES MERS, SOLEIL VERT, L'ETRANGLEUR DE BOSTON et LES VIKINGS. C'est certainement ce dernier film qui a dû décider de son arrivée sur le tournage. Puisque justement, Dino De Laurentiis ne veut rien de plus qu'un grand film d'aventures hollywoodien à même de plaire à un large public. Le personnage de Conan tel qu'il est décrit dans le premier film s'accorde assez mal de cette idée...

A sa façon, il est vrai, CONAN LE DESTRUCTEUR se rapproche un peu plus des livres de Robert E. Howard. Ainsi, le film se borne à raconter une simple aventure ponctuée de divers morceaux de bravoure. Rien de plus ! Ce serait pourtant oublier l'aspect non policé des aventures de Conan. En réalité, on se rapproche bien plus de l'adaptation du personnage décrite dans les bandes dessinées laissant un peu de côté l'esprit des récits de l'écrivain originel. Ce n'est d'ailleurs pas un hasard de trouver sur le DVD de CONAN LE DESTRUCTEUR un petit segment consacré au passage de la bande dessinée au film.

Au revoir l'aspect brutal et barbare du premier film. Le monde de Conan est devenu tout gentillet. Limite propre... Il y a bien encore quelques giclées de sang ou des têtes qui volent mais tout cela est pour le moins timide. Même les affrontements prennent des airs de vieux films hollywoodiens de chevalerie. Certains combats à l'épée ne dépareilleraient pas dans un IVANHOE et, bien sur, LES VIKINGS. Pire, lorsque Conan affronte une étrange créature, le pugilat tourne au match de catch : petit coup de pied sur un pauvre Conan au sol, double nelson renversé... Effarant ! Pour en revenir aux combats à l'épée, dans le plus long du film, Arnold Schwarzenegger se retrouve une nouvelle fois devant Thorgrim ou plutôt l'acteur Sven Ole Thorsen, plus ou moins camouflé sous un casque (Chapitre 8 [0'47'04]), qui interprétait déjà ce rôle dans CONAN LE BARBARE. Autre acteur à apparaître d'un film sur l'autre, Mako ne fait pas plus d'étincelles dans le rôle de Akiro le magicien. Là où il était plus que sympathique dans CONAN LE BARBARE, son personnage se limite ici à faire des bruits de moteur en agitant les bras.

Avec un combat ressemblant à un match de catch, on se croirait revenu au bon vieux temps du péplum. Pas le sérieux, non ! Celui où des Hercule et Samson se lancent des rochers en polystyrène dans la figure. Conan se plie à divers travaux : élèvation d'une porte en pierre, torsion de barreaux... Et les fameux rochers ont exactement les mêmes réactions que ceux des films italiens des années 60. Oui, ils rebondissent mollement ! Tout cela n'est donc pas très sérieux. Tout comme l'affrontement avec le fameux Dagoth. Un dieu dont l'apparence fait penser aux créatures des livres consacrés au mythe de Cthulhu et dont la réalisation a été confiée à Carlo Rambaldi. Un spécialiste italien des grosses créatures animatroniques entre la fin des années 70 et le début des années 80. On lui doit E.T., le BISON BLANC et un KING KONG qui ne fonctionnait pas vraiment au moment du tournage ! Manifestement trop occupé au même moment sur une autre production de Dino De Laurentiis, DUNE, le clou du spectacle de CONAN LE DESTRUCTEUR sent le bâclé même pour l'époque ! En dehors de sa tête, la "chose" est assez informe et on pense tout de suite aux Godzilla japonais pour l'aspect "acteur dans un costume en cahoutchouc". Un autre spécialiste italien des effets spéciaux a son nom bien placé au générique. Giannetto De Rossi, le genre d'artisan que l'on voit le plus souvent aux génériques des films d'horreur transalpins (L'ENFER DES ZOMBIES, LE MANOIR DE LA TERREUR, LA MAISON PRES DU CIMETIERRE...). De là à dire que CONAN LE DESTRUCTEUR n'est finalement qu'un bon gros Bis friqué...

La plus grosse faute de goût de CONAN LE DESTRUCTEUR reste l'adjonction d'un humour qui tombe souvent à plat. Conan se voit adjoindre un compagnon de voyage. Rien à voir avec l'archer Subotaï, ce nouveau personnage est une sorte de bouffon de service. Il ne peut s'empêcher de se prendre les pieds dans les escaliers (deux fois dans le même film, quand même !), de jouer les pleutres... Typiquement dans la lignée d'un Jar Jar Binks, il énerve plus qu'il ne fait sourire jusqu'à la fin où son statut est entériné par la reine lors d'une remise de "prix" qui ne dépareillerait pas, toujours, dans STAR WARS : LA MENACE FANTOME. Il y a encore pire lorsque le personnage de Conan est tourné en ridicule dans plusieurs scènes plutôt stupides.

S'il y a bien quelque chose de réussi dans CONAN LE DESTRUCTEUR, ce sont les images de Jack Cardiff. Un très grand directeur de la photo, déjà sur le tournage des VIKINGS, dont on se souviendra des images magiques et colorées du NARCISSE NOIR ou de PANDORA. Le Technicolor étant un lointain souvenir au moment du tournage de CONAN LE DESTRUCTEUR, il ne faut pas s'attendre aux même performances. Il confère pourtant au film un aspect esthétique certain, surtout lors de certains plans d'effets spéciaux. Le DVD parvient à retranscrire ces images plutôt bien. Si l'on compare avec le DVD français sorti il y a plusieurs années, on peut même crier au miracle ! Il faut dire que le disque Integral était bugué sur certains lecteurs et présentaient une image manquant de définition et aux saturées à l'extrême.

DVD Z2 Integral
DVD Z2 MGM

La bande sonore anglaise était à l'origine en Dolby Stéréo contrairement au premier film enregistré d'origine en mono. Nous ne retrouverons pas cette bande-son mais à la place un nouveau mix en Dolby Digital 5.1. Après écoute, il n'y a pas de quoi sauter au plafond. Ce serait effectivement du Dolby Stéréo que l'on n'y verrait pas de différence ou presque. Les autres bandes sonores sont présentées quant à elles en simple mono.

Deux commentaires audio rien que pour CONAN LE DESTRUCTEUR ? Mon Dieu ! On commence par un Richard Fleischer pas vraiment inspiré. Sur toute la durée du film, on ne compte pas les passages où le réalisateur n'ouvre pas la bouche. Il en profite pour parler du travail de Jack Cardiff, lâcher une ou deux anecdotes dont le fait qu'il voulait un Arnold Schwarzenegger encore plus musclé que celui du premier film ou parler vaguement technique. Pas vraiment passionnant bien que le Monsieur ait le mérite de parler un anglais très compréhensible. A ce niveau, la tâche s'avère un peu plus ardue pour le second commentaire audio. En effet, l'acteur Tracey Walter n'est pas toujours très clair dans sa façon de s'exprimer. Pourtant, accompagné de Olivia d'Abo, il réussit à être bien plus intéressant alors que l'on s'attendait à s'y ennuyer ferme. Peu de temps morts alors que les deux acteurs se renvoient la balle parlant du métier d'acteur, du tournage... On s'étonne, tout comme Tracey Walter, que ce soient justement ces deux personnes qui se souviennent aussi bien d'un tournage réalisé il y a presque vingt ans. Olivia d'Abo n'avait alors que 13 ou 14 ans, comme elle le dit elle-même, alors qu'elle intervient, très à l'aise, à propos de ce tournage.
Vous vous demandez peut-être pourquoi j'insiste sur la compréhension des deux commentaires audio. Simplement parce qu'aucun des deux ne propose de sous-titrage. Sans de bonnes notions d'anglais, ils seront totalement inutiles !

Deux interviews ont été réalisées puis montées pour former des sortes de mini-documentaires d'environ une quinzaine de minutes chacun. La première regroupe Roy Thomas et Gerry Conway. Deux scénaristes du film qui étaient surtout à la base de la bande dessinée consacré à Conan chez Marvel Comics. On y apprend les débuts de Roy Thomas à la Marvel avant qu'il nous explique son travail sur la BD et la façon dont il est arrivé à bosser sur le film (pour encaisser un chèque !). On apprend d'ailleurs la présence d'une scène dans le scénario qui fut modifiée ensuite pour des raisons budgétaires ou pour éviter de se voir taxer de plagiat (pas d'araignée géante dans CONAN LE DESTRUCTEUR puisque KRULL possédait lui-même un insecte de ce genre).

Vient ensuite un segment consacré à la musique. L'interview de Basil Poledouris permet au compositeur de parler de la genèse de la fameuse musique de CONAN LE BARBARE. Il nous parle ensuite de son travail de compositeur et de la façon dont il travaille avant d'enchaîner plus clairement sur la musique de CONAN LE DESTRUCTEUR. Car si les thèmes musicaux des deux films restent les mêmes, ils ne sonnent pas du tout pareil ! Basil Poledouris ne se hasarde pas à porter de jugements sur le film mais explique pourquoi il fallait donner de nouveaux accents aux différents thèmes et semble plutôt content du résultat. A vrai dire, la musique de CONAN LE DESTRUCTEUR perd en puissance par rapport à celle du premier film. Elle reflète tout à fait la différence qui peut exister entre les deux Conan.

Les deux galeries de photos sont présentées sous la forme de petits médaillons. Cela rend la vision des documents présentés (photos ou planches de BD) assez difficile à déchiffrer. Et quitte à se plaindre, on trouvera ces deux galeries plutôt courtes. Surtout qu'en dehors des fameuses photos posées pendant le tournage, les quelques clichés restant ne sont pas très attrayants. Les bonus se clôturent comme souvent avec l'adjonction de la bande-annonce du film.

CONAN LE DESTRUCTEUR troque une saga épique avec une gentille histoire aventureuse. Un film qui aurait pu être divertissant s'il ne marchait pas sur les traces de CONAN LE BARBARE. Impossible de ne pas continuer jusqu'au bout à comparer les deux films tant ils sont antinomiques. Pour se consoler, il faut tout de même rappeler que la même équipe a réussi à faire " pire " avec KALIDOR. Finissons tout de même sur une note positive. Les deux films en question, CONAN LE DESTRUCTEUR et KALIDOR, restent tout de même regardables et sont plutôt amusants pour un public jeune ou peu regardant.

Rédacteur : Christophe Lemonnier
Photo Christophe Lemonnier
Ancien journaliste professionnel dans le domaine de la presse spécialisée où il a oeuvré durant plus de 15 ans sous le pseudonyme "Arioch", il est cofondateur de DeVilDead, site d'information monté en l’an 2000. Faute de temps, en 2014, il a été obligé de s'éloigner du site pour n'y collaborer, à présent, que de manière très sporadique. Et, incognito, il a signé de nombreuses chroniques sous le pseudonyme de Antoine Rigaud ici-même.
55 ans
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On aime
Joli transfert
On n'aime pas
Film à l'esprit totalement différent de celui du premier opus
Changement de couche très mal placé
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L'édition vidéo
CONAN THE DESTROYER DVD Zone 2 (France)
Editeur
Support
DVD (Double couche)
Origine
France (Zone 2)
Date de Sortie
Durée
1h37
Image
2.35 (16/9)
Audio
English Dolby Digital 5.1
Francais Dolby Digital Mono
German Dolby Digital Mono
Italian Dolby Digital Mono
Spanish Dolby Digital Mono
Sous-titrage
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