L'Essex part en mer pour une campagne de chasse à la baleine. Faute de cachalots, le navire s'engage dans un long périple qui le mènera dans l'Océan Pacifique. Là, l'équipage va rencontrer un grand cachalot très agressif qui va sceller le destin de l'Essex !
Au milieu du XIXème siècle, Herman Melville parcourt les mers en tant que marin à bord de cargos et de baleiniers. Lorsqu'il se lance dans la littérature, il puise alors naturellement dans ses expériences maritimes ainsi que dans les histoires qui lui ont été racontées. Pour la rédaction de Moby Dick, il va s'inspirer de deux incroyables histoires mettant en scène de véritables baleines à même de couler des navires. AU CŒUR DE L'OCEAN s'intéresse donc à l'un de ces deux récits. Le film met d'ailleurs en scène l'écrivain qui cherche à se documenter pour l'écriture de Moby Dick. Ancrée complètement dans la réalité, cette partie du film est en réalité purement fictionnelle. Il s'agit surtout d'un procédé narratif où un survivant du naufrage d'un baleinier, l'Essex, livre son histoire à Herman Melville. Ce procédé narratif laisse à penser qu'il s'agissait d'un romancier empli de doutes qui va tirer la force d'écrire un chef d'œuvre de la littérature suite à cette rencontre un peu rocambolesque. AU CŒUR DE L'OCEAN a donc l'envie de raconter une histoire véridique en se basant une mise en place purement fictive et tordant la réalité. L'approche est curieuse surtout qu'à l'issue du film, un constat s'impose : il est plus intéressant de narrer un récit fictionnel plutôt que la «réalité» ! Impossible dès lors de ne pas évoquer L'ODYSSEE DE PI, film mettant en scène un naufrage et le périple maritime de ses survivants. Mais la fantasmagorie de L'ODYSSEE DE PI n'a pas lieu d'être dans le cinéma de Ron Howard. Si l'on pouvait s'attendre à une épopée sur les mers, AU CŒUR DE L'OCEAN se montre bien trop sage et sérieux pour nous emmener réellement à l'aventure. L'histoire originale ne laisse, à vrai dire, que peu de place à la fantaisie et Ron Howard traite son sujet principal, le voyage de l'Essex et son naufrage, avec le même respect que la catastrophe spatiale d'APOLLO 13. Au final, plutôt qu'un souffle épique, c'est surtout l'ennui qui pointe le bout de son nez. La partie qui précède la destruction du bateau fonctionne plutôt bien, décrivant quelques bribes de la vie à bord d'un baleinier de l'époque. Le film n'élude pas la chasse brutale au cachalot et le carnage qui s'ensuit. Toutefois, AU CŒUR DE L'OCEAN ne prend pas de position à ce sujet. Ce n'est certainement pas le but du film pas plus que de ses auteurs. Toutefois, cela rejoint les nombreux éléments qui semblent rester en suspens. Par exemple, on sent poindre une rivalité qui fait un peu penser aux REVOLTES DU BOUNTY mais cela ne débouche que sur bien peu de tension à l'arrivée. Le gros défaut d'AU CŒUR DE L'OCEAN, c'est certainement de ne jamais vraiment développer jusqu'au bout ses différents personnages, ce qui ne les rend pas forcément attachants. De fait, les événements tragiques du film perdent leur force évocatrice.
La grande aventure n'est pas vraiment au rendez-vous malgré les moyens mis en œuvre. Le film ne lésine pas sur la reconstitution à coups de costumes et de décors. AU CŒUR DE L'OCEAN pourrait se rattraper en marchant sur les plates bandes des DENTS DE LA MER ou de ORCA. Mais ce n'est probablement pas l'ambition de Ron Howard. Le cachalot agressif est, au final, assez discret en dehors de deux scènes, l'une très spectaculaire et l'autre un poil ridicule ! AU CŒUR DE L'OCEAN n'est donc pas assez généreux pour les amateurs de bestioles croqueuses d'hommes et aura du mal à ravir ceux qui attendaient une grande aventure maritime. AU CŒUR DE L'OCEAN est un spectacle joli mais peu passionnant.