Header Critique : RASPUTIN : THE MAD MONK (RASPOUTINE, LE MOINE FOU)

Critique du film et du DVD Zone 0
RASPUTIN : THE MAD MONK 1966

RASPOUTINE, LE MOINE FOU 

Malgré de surprenants dons de guérisseur, en raison de ses frasques violentes et libertines, Raspoutine est rejeté par l'ordre clérical qu'il avait rejoint. Il décide alors de quitter la campagne pour tenter sa chance à la grande ville où il ne tarde pas à entrer en contact avec les hautes sphères de la cour impériale.

Au milieu des années 60, la Hammer Films signe un contrat avec Seven Arts pour la livraison de onze films ! Dans ce contexte, les dirigeants de la Hammer Films ont l'idée de produire les films deux par deux, une façon de réaliser des économies. En effet, une même équipe va ainsi enchaîner deux tournages quasiment dans les mêmes décors pour réduire les coûts de production. Don Sharp qui a déjà réalisé LE BAISER DU VAMPIRE ainsi que LES PIRATES DU DIABLE pour le compte de la Hammer Films se voit confier la mise en scène de RASPOUTINE LE MOINE FOU qui sera tourné dans la foulée de DRACULA PRINCE DES TENEBRES. Les deux films vont ainsi partager une équipe de tournage relativement identique à l'exception notable du réalisateur, Terence Fisher laissant la place à Don Sharp sur RASPOUTINE LE MOINE FOU. A l'écran, on retrouve les mêmes comédiens avec Barbara Shelley, Francis Matthews, Suzan Farmer et, en tête d'affiche, Christopher Lee ! Comme à son habitude, l'interprète emblématique de Dracula fait de nombreuses recherches sur les événements historiques entourant la vie de Raspoutine. Néanmoins, il sera déçu par le scénario du film très éloigné de la réalité. Pourtant, à l'origine, Anthony Hinds, sous le pseudonyme John Elder, avait écrit un premier jet du scénario reprenant les véritables personnages historiques. Mais il lui faut revoir sa copie lorsqu'un avocat représentant Felix Yusopov, l'un des assassins de Raspoutine, met en garde la maison de production sur les désagréments qui pourrait subvenir. La Hammer Films n'est pas sans savoir qu'une trentaine d'années auparavant, la MGM avait été assigné en justice par la famille Yusopov au moment de la sortie de RASPOUTINE ET L'IMPERATICE. Cela avait d'ailleurs forcé, par la suite, la plupart des films à placer au générique une mention indiquant qu'il s'agit d'une œuvre de fiction dont les similitudes avec des faits et personnages réels ne seraient que pure coïncidence. Quoi qu'il en soit, pour éviter des problèmes juridiques et l'éventualité d'énormes dommages et intérêts à payer, Anthony Hinds gomme des personnages, modifie les événements et proposent donc un scénario bien différent des intentions d'origine. Ces précautions n'ont peut être pas été très utiles puisque Felix Yusopov décédera seulement quelques mois après la sortie anglaise du film ! Déjà bien modifié, le scénario sera une nouvelle fois retaillé lorsqu'il apparaît évident que le film n'a pas les moyens de ses ambitions. Pour éviter des dépassements de budget, Anthony Hinds et Don Sharp reprennent le scénario de manière à couper les parties les plus onéreuses. Ainsi, le personnage de la tsarine est sérieusement réduit ce qui évite de montrer le faste de la cour impériale. D'ailleurs, au montage, quelques stock-shots, comme le plan du bal, seront utilisés de manière habile pour donner l'illusion d'une production plus fortunée.

A peine le tournage de DRACULA PRINCE DES TENEBRES terminé, les six semaines de prises de vue de RASPOUTINE LE MOINE FOU débute en réutilisant les mêmes décors. Certains sont flagrants comme les extérieurs du château de Dracula. On peut aussi reconnaître la cave du CAUCHEMAR DE DRACULA, déjà largement utilisé par d'autres production de la Hammer Films, devenant ici le «Café Tzigane». Plus curieusement, la mort de Raspoutine, sur la glace, renvoie à la disparition du vampire dans DRACULA PRINCE DES TENEBRES après un combat entre les deux mêmes interprètes : Christopher Lee et Francis Matthews. Le film en lui-même n'est pas sans rappeler l'influence hypnotique de Dracula qui ensorcèle une nouvelle fois Barbara Shelley. Même avec les meilleures intentions du monde, il apparaît évident que RASPOUTINE LE MOINE FOU met l'accent sur l'aspect maléfique et sulfureux de son personnage au détriment d'une véritable évocation historique. Raspoutine est souvent filmé comme le vampire de DRACULA PRINCE DES TENEBRES. Néanmoins, Christopher Lee incarne ici un rôle plus volubile et extraverti. Il n'en reste pas moins un personnage pernicieux et inquiétant, limite diabolique comme lorsqu'il joue avec une victime dans une pièce entièrement plongée dans l'obscurité. Soyons tout à fait honnête, sans Christopher Lee, RASPOUTINE LE MOINE FOU serait un spectacle en demi-teinte. C'est avant tout le comédien qui fait le show en interprétant à merveille ce personnage habité par un machiavélisme primal. Il est aidé par le reste de la distribution avec, en tête, Barbara Shelley qui assure la touche glamour et sexy (pour l'époque). Enfin, la Hammer Films rattache ce drame historique à l'horreur en parsemant le film de quelques éclats de violence outrancière : main coupée, visage brûlé à l'acide... Le film obtient sans surprise le «X» de la plupart de autres films d'épouvante de la Hammer et il sera distribué en 1966 en Grande Bretagne et en double programme avec LA FEMME REPTILE, ce dernier étant issu d'un double tournage, avec L'INVASION DES MORTS-VIVANTS, fait en parallèle par John Gilling. En France, le film sortira seul dans les salles, durant l'année 1966, en reprenant la traduction littérale de son titre original : RASPUTIN THE MAD MONK.

Sorti en 1999, ce DVD américain de RASPOUTINE LE MOINE FOU peut sembler totalement obsolète. En effet, depuis, plusieurs éditions ont vu le jour un peu partout dans le monde dont des Blu-ray présentant le film en haute définition. En France, le film a aussi connu une édition DVD en 2005. Celle-ci ne reprenait malheureusement pas le commentaire audio de Christopher Lee, Barbara Shelley, Francis Matthews et Suzan Farmer. Le disque proposait seulement la bande-annonce et une Featurette un peu inutile de la série «documentaire» World of Hammer. De fait, l'antédiluvien DVD américain, épuisé à ce jour, est le seul qui propose de voir le film avec le choix entre la version originale anglaise et son doublage français avec le commentaire audio ! Bien évidemment, si vous n'avez aucun intérêt pour le doublage francophone, il apparaît bien plus intéressant de viser le Blu-ray anglais ne disposant pas d'option française mais de nouveaux suppléments ! Cela dit, pour tirer parti du commentaire audio, il faudra comprendre parfaitement l'anglais puisqu'il n'y a pas de sous-titrage sur ce DVD… Et si vous préférez la version originale sous-titrée en français, il faudra jeter un œil du côté de l'édition DVD française…

Plus d'une quinzaine d'années après sa sortie, l'image délivrée par ce DVD n'est pas spécialement époustouflante. Rien de catastrophique pour autant puisque le rendu est plutôt joli et retranscrit assez bien une photographie aux couleurs très affirmées. Pour un DVD aussi ancien, cela semble même plutôt surprenant. Mais il est certain que les éditions Blu-ray offrent une image bien meilleure. Cependant, il est bon de préciser que le film souffre de quelques défauts d'origine, rien à voir avec ce DVD, avec une légère déformation de l'image sur les bords gauche et droit. Tout aussi surprenant, la version anglaise s'avère moins précise que le doublage français, bien plus clair et agréable à l'oreille. Cela dit, pour apprécier pleinement le film, il est préférable d'opter pour la version originale, histoire d'apprécier le véritable jeu de Christopher Lee mais aussi des autres comédiens. Le doublage français des rôles secondaires étant assez peu probant !

Si vous n'avez aucune idée de qui est Christopher Lee, vous n'apprendrez pas grand chose avec l'épisode de «World of Hammer» qui lui est consacré. Narré par Oliver Reed, cette pseudo série documentaire ne fait qu'aligner durant un peu moins de trente minutes des extraits de films produit par la Hammer et mettant en scène Christopher Lee. Pauvre et sans intérêt ! A côté, on peut aussi voir des bandes-annonces dont celle du double programme avec LA FEMME REPTILE. Le véritable supplément, c'est donc le commentaire audio qui réunit les quatre acteurs principaux du film. Bien que ce soit les comédiens qui s'expriment dans ce commentaire audio, il est bourré d'informations pertinentes sur la création de RASPOUTINE LE MOINE FOU mais aussi, d'une façon plus large, à propos de la Hammer Films. Christopher Lee prend un peu le dessus en raison de son érudition, nous donnant par exemple le fruit de ses recherches sur le véritable Raspoutine. Enfin, des scènes disparues sont évoquées mais celles-ci semblent totalement perdues puisque à notre connaissance, elles n'ont jamais refait surface à l'instar de l'affrontement final, bien plus long à l'origine !

Rédacteur : Antoine Rigaud
2025 ans
4 news
635 critiques Film & Vidéo
2 critiques Livres
On aime
Une belle prestation de Christopher Lee
Un drame historique vu par le prisme de la Hammer Films
On n'aime pas
Sans Christopher Lee, ce Raspoutine serait peu enthousiasmant
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L'édition vidéo
RASPUTIN : THE MAD MONK DVD Zone 0 (USA)
Editeur
Support
DVD (Simple couche)
Origine
USA (Zone 0)
Date de Sortie
Durée
1h32
Image
2.35 (16/9)
Audio
English Dolby Digital Mono
Francais Dolby Digital Mono
Sous-titrage
  • Aucun
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