Fool, un petit garçon d'une dizaine d'années se retrouve
mêlé à un cambriolage dans l'espoir de récolter
l'argent nécessaire au paiement du loyer. En effet, sa mère,
très malade, ne peut plus subvenir aux besoins de sa modeste
famille, par ailleurs menacée d'expulsion par son propriétaire,
un homme réputé pour être une véritable ordure.
Le cambriolage vise justement le magot de ce pourri, ce qui ne serait
que justice aux yeux de Fool. Avec ses complices, deux voleurs à
la petite semaine, il prépare le coup mais une fois à
l'intérieur de la maison, tout tourne au vinaigre, puis au cauchemar...
LE SOUS-SOL DE LA PEUR commence comme un film dramatique prenant place dans le ghetto. Le personnage principal est un petit garçon qui n'a vraiment pas de chance. On pourrait craindre de tomber sur un film larmoyant pour les mômes. Ce n'est bien sûr pas le cas, bien que les thèmes du film soient tous empruntés à une imagerie enfantine. Par bien des points, LE SOUS-SOL DE LA PEUR peut se rapprocher des GOONIES. En bien plus extrême et en moins puéril, bien sûr ! On pense notamment à la recherche d'un trésor de pièces d'or, le passage obligé dans la maison de dégénérés, les enfants de la famille enchaînés et traités comme des animaux
Au delà de cette référence aux GOONIES, plus généralement, Wes Craven transpose à merveille les contes pour enfants les plus terrifiants qui soient à notre époque, inventant ici un nouveau conte urbain. On retrouve dans LE SOUS-SOL DE LA PEUR des réminiscences de nombreuses historiettes imaginées par des Grimm, Andersen et autres auteurs. L'intrusion de l'enfant dans la maison de l'ogre, le trésor caché dans la maison, la princesse prisonnière Autant de thèmes classiques empruntés à ce genre dit pour enfants, mais qui en réalité recèle une incroyable cruauté. Le réalisateur, lui, ne s'embarrasse pas de métaphores pour définir le profil de son "ogre" et de sa "sorcière" : il les montre tels qu'ils sont vraiment, sanguinaires, impitoyables avec les enfants et ceux qui osent convoiter leur trésor. Ainsi, L'Homme découpe la chair humaine fraîche, en croque un morceau au passage, et nourrit ses créatures affamées sans le moindre remord, tandis que sa compagne, l'horripilante et hystérique Femme l'encourage et l'incite à toujours plus de cruauté.
Un conte est toujours prétexte
à une morale. Celle du SOUS-SOL DE LA PEUR pourrait se
résumer à une maxime relative à l'avarice. En effet,
le couple, dont on apprend plus tard qu'ils ne sont pas mari et femme
mais frère et sur, ultime outrage, est tellement épris
et jaloux de sa fortune qu'il en perd tout sens commun et qu'il élimine
quiconque viendrait à s'approcher de trop près. Leur maison,
véritable forteresse bénéficiant des pièges
à voleurs les plus sophistiqués est presque aussi imprenable
que Fort Knox. On pense immanquablement à une certaine bourgeoisie
qui cherche coûte que coûte à assurer sa descendance
et à protéger ses acquis, quitte à vivre dans l'illégalité
et l'immoralité.
LE SOUS-SOL DE LA PEUR, malgré des scènes franchement gores ne se départit jamais d'un humour discret mais efficace, dans certaines situations, mais surtout dans la définition des personnages : le couple est à cet égard très drôle, ressemblant de plus en plus à des personnages de bande dessinée, à mesure qu'avance le film. Les acteurs se régalent dans la peau de ces êtres névropathes, et le spectateur s'amuse aussi de voir ce couple sombrer dans une démence qu'il avait réussi à dissimuler jusque-là car il s'avère que sous leurs airs de bons américains snobinards, ce sont de redoutables monstres dont la férocité dépasse l'imagination. Nul ne peut soupçonner ce qui court dans leurs murs, ce qui se terre dans l'obscurité de leur cave. Nul ne peut soupçonner l'infamie qui règne dans cette maison. Tandis que le film se déroule, il est intéressant de noter la décomposition de leurs visages, comme s'ils étaient de cire et que la colère les faisait fondre irrémédiablement. Ainsi, la belle coiffure apprêtée de La Femme et son maquillage soigné vont se transformer en un brouillon de cheveux et de cosmétiques dégoulinants, signes de la perte de sang froid de cette marâtre égoïste. Son compagnon, quant à lui, va endosser un costume qui évoque à la fois celui d'un super héros masqué mais aussi celui d'un esclave dans les délires sadomasochistes, ici à la botte de sa complice.
Pour une douzaine d'euros, le DVD du SOUS-SOL DE LA PEUR est plus que convenable. Le transfert image n'est pas de la toute dernière fraîcheur mais les couleurs sont bien rendues et il n'y a que dans certaines séquences sombres où l'on pourra faire un peu la moue. Et encore ? Pour le son, on n'obtient rien de plus que la bande sonore d'origine en stéréo surround. Pas de quoi grimper aux rideaux, elle donne du corps à la bande sonore mais reste bien en deçà des possibilités offertes par le Dolby Stéréo (deux canaux matricés). Pour les bonus, c'est la même chose. Comme tous les disques sortis à la même date et au même prix chez Universal, vous n'obtiendrez rien de plus que la bande-annonce ! Pas la peine de s'étendre plus sur l'aspect technique de ce DVD.
LE SOUS-SOL DE LA PEUR
est un film caustique, plein de bonnes idées et très bien
interprété. On peut le considérer comme l'une des
meilleures réalisations de Wes
Craven, ce qui, au vu de son prix modéré, le rend
quasi indispensable dans toute DVDthèque fantastique qui se respecte.