Chris (Fabian Wolfrom) a été témoin d'effets du passage d'une comète qui va pousser son père à devenir psychopathe. Dix ans après la mort de ses parents, et pris désormais d'une peur panique du noir, il assiste à une nouvelle comète passant près de la terre. Petit à petit, Paris et ses habitants semblent eux aussi devenir fous et muter en créatures tentaculaires.
Phénomène plutôt rare sur notre territoire, DEAD SHADOWS a été produit de manière totalement indépendante et tourné en langue française. Réalisé en 2012 et présenté au marché du film de Cannes cette même année, nous avions été les premiers à vous en parler dans notre critique dédiée. Le film connut une destinée quelque peu chaotique. Sorti au Japon, en Allemagne, en Grèce,et aux USA dans le prestigieux label Scream Factory, et présenté dans de nombreux festivals internationaux, il fut totalement ignoré dans son pays d'origine. D'abord par les festivals français qui, sauf un, décidèrent de ne pas le sélectionner (un comble pour un des rares produits de genre du sol!). Puis ensuite la difficulté de trouver un éditeur… 3 ans après, chose faite puisque qu'un label français décide de le sortir à la fois en DVD et en Blu Ray.
On ne reviendra pas sur le film sur lequel mon sentiment n'a pas évolué de nouvelles visions en HD. Autant perclus de ratages : un scénario fourre-tout sans parler de certains dialogues et acteurs hors de tout- Laure jouée par Johanna Seror, oh mon dieu!- que de réussites formelles, DEAD SHADOWS a réussi a apporter un plus non négligeable dans le paysage du film de genre français. Les réussites indéniables des effets Quand ce dernier ne vautre pas dans l'arty-chaud-du-cul, il s'épanche dans le grossier/vulgos de gore à gros baquets, le référentiel à la con ou le torture porn masquant le manque d'idées ou tout simplement des pannes d'écriture. Non pas que le film de David Cholewa soit exempt de défauts, loin s'en faut.
Mais il apporte une sincérité dans le propos tenu. Probable résultat du tournage-commando, production compliquée, moyens très réduits tenant parfois à peu de chose. Le film projeté des fantasmes cinéphiles-clins d'oeil, de NEW YORK 1997 (confirmé par l'amour porté par le réalisateur au maître US John Carpenter dans les bonus) ou encore une MORT AUX TROUSSES bien en évidence. La soeur du réalisateur fait une apparition dans le rôle de la journaliste, tout comme le producteur Julien Dunand dans celui du scientifique interviewé. Le film redonne une imagination au pouvoir. Du ralenti vibratoire rougeoyant de la fête de la fin du monde aux créatures protéïformes. Une sorte de dynamite des apparences qui zoome vers un final qui, mutatis mutandis, opère une certaine synthèse des genres. Il utilise la tectonique des ploucs - Rurik Sallé idéal en mode petite frappe à bride abattue vs un John Fallon hétéro-haltérobeauf parfait— tout comme un parcours initiatique quasi-lovecraftien du héros pour une Annonciation d'apocalypse comme néo-genre humain. Tout détruire pour se réinventer? Une sorte de métamorphose des coins de portes qui s'arrondissent, laissent s'immiscer les tentacules du changement, permet une ouverture vers des possibilités infinies.
Le film était déjà disponible dans pas mal de pays, dont un hideux Blu Ray 3D allemand. Un Blu Ray américain sorti chez Shout! Factory avait déjà donné le La de la HD haut de gamme. Quoi de neuf sur le sol français?
Déjà, un Blu ray codé région B (mais non précisé comme tel sur la jaquette), donc forcément accessible pour tous les lecteurs européens. Pour clarifier la situation, il faut mentionner plusieurs erreurs sur la jaquette verso du Blu Ray : mauvais format renseigné (1.85:1 au lieu de 2.10:1), tout comme les pistes audio indiquées en Dolby Digital 5.1 et 2.0. Mauvais calcul car l'édition offre des mixages bien plus vendeurs (et meilleurs), à savoir une version française en DTS HD MA 5.1 et LPCM 2.0, donc non compressés. Incompréhensible que l'éditeur ait pu laisser passer de telles coquilles, ceci étant tellement plus vendeur auprès de acheteurs potentiels (et audiophiles!).
Durée sensiblement similaire sur les deux disques US et français (74mn39 pour l'édition française, 74mn42 pour l'américaine), mais on note quelques différences du Blu Ray français par rapport à son collègue US. On passera sous silence la version teutonne, positivement repoussante en termes qualitatifs ainsi que le doublage anglais présent sur la galette de chez Shout. Ceci repose sur le nombre de suppléments proposés. On retrouve une interview du réalisateur (LPCM stéréo 48k et SD, comme pour tous les bonus), le making of, les scènes coupées et le making of des effets visuels - très intéressant parallèle des scènes avant/après plans composites avec les effets spéciaux numériques. Un teaser de 2mn02 (sous-titres anglais incrustés), qui accompagne le film annonce officiel de 2mn (sans st). Une curiosité, puisque sur le BD US, le film annonce faisait 2mn 07 (dans un format différent) et le taser plus court de près d'une minute! Le gros avantage étant aussi que l'ensemble des bonus du BD américain étaient tous en HD, ce qui n'est pas du tout le cas de la galette française. L'autre avantage du Blu Ray US étant la possibilité d'un menu pop up, absent en France.
Nous avons en plus la présentation du film à l'Etrange Festival puis les interviews des différents intervenants sur 23mn51. Ce dernier supplément reste hautement informatif, pris sur le vif mais hélas mal éclairé et en contre-jour total. A noter que l'entretien de 28mn34 de David Cholewa repris du Blu Ray allemand, avec les intertitres teutons qui ont été expurgés (durée initiale : 33mn). Curieusement, l'accès au menu animé ne s'effectue pas par chapitres : celui-ci a été oublié, même si le film se trouve doté de 8 segmentations (NB : le menu US offre lui cette possibilité de sélectionner le chapitre désiré).
Visuellement, le Blu français en 1080p en format 2.10:1 procure de jolies sensations quant à la texture des visages, la précision de l'arrière-plan : par exemple dans les scènes de la chambre de Chris, nombre de figurines, affiches et artefacts de collectionneurs apparaissent très clairement. L'origine numérique du film transpose parfaitement les éclairages métalliques, bleus acier des moments nocturnes. Tout en réservant au gothique rouge (la scène de la fête) un piqué plus que réussi. Les contrastes sont bien gérés - à noter des noirs plutôt profonds, jamais bouchés ni de tendance au grisâtre. Une jolie définition qui donne un très bel aperçu des détails. Peut-être trop, la fin avec la bataille avec les militaires laissant transparaitre trop certains effets mal maitrisés. Ceci posé, l'image demeure plus douce et moins contrastée que le Blu Ray de chez Shout!.
Côté pistes audio, à l'instar de l'édition américaine, le Blu ray français offre deux mixages sonores. Mon ampli Marantz utilisé pour le test, avec un Oppo BDP 93, détecte une piste DTS HD MA 5.1 de toute beauté qui permet de profiter de l'ample mixage sonore ciselé par Alan Howarth. Le générique de début demeure une petite perle en la matière, le musique de Kevin Riepl caressant harmonieusement l'ensemble des canaux. Les divers effets sonores qui parcourent le film, au moment de l'irruption de créatures, la fête d'apocalypse… se détachent agréablement de l'ensemble. Dialogues clairs se mêlent à l'action sans empiéter ni saturer sur le reste. L'autre en LPCM 2.0 s'avère toute aussi limpide, semblant quelque peu plus profonde sur les canaux avant. Les sons dans les deux cas se détachent t parfaitement de l'action, précis dans la répartition par canaux - le mixage sonore donnant le meilleur dans le détail des effets sonores créés;
Même imparfait, DEAD SHADOWS embarque le spectateur pour un trip tendance hallucinatoire. Comme tout rollercoaster, il y a des hauts et des bas, mais les moments forts et autres emportent aisément l'adhésion. On peut aisément se laisser bercer pour cette douce musique mutante, au final vraiment apocalyptique, de ceux qui marquent. Et bardé de suppléments comme peu de films en bénéficient.
En conclusion, l'édition Rimini s'avère moins qualitative pour la partie visuelle que le disque Shout!, une articulation du menu plus sommaire. Mais offre une meilleure palette de suppléments propres au film - même si seulement en définition standard. Pour les lecteurs francophones ne possédant pas de lecteur dézoné, Le Blu Ray français est bien évidemment le meilleur moyen de découvrir DEAD SHADOWS dans les conditions optimales. Même si le DVD (avec ses pistes Dolby Digital 5.1 et 2.0, 2.10:1 en 16/9e, d'une durée de 71mn40) offre une contrepartie pas désagréable pour celles et ceux qui ne sont pas équipés de lecteur Blu ray.