Confronté à une vague d'assassinats qui semblent sans aucun lien, Peter Nicolas va mettre à l'épreuve sa foi dans la religion catholique au fur et à mesure de son enquête. En effet, avant de mourir, chacun des tueurs affirme que son geste a été commandé par Dieu !
Scénariste, réalisateur, producteur et même créateur de série télévisée, Larry Cohen est un cinéaste malin, toujours à même de trouver des idées surprenantes. GOD TOLD ME TO, MEURTRES SOUS CONTROLE en France, en est certainement l'un des meilleurs exemples. Tourné à l'économie, le film comble son manque de moyen par un concept tordu et une écriture captivante. Les premiers instants du film, captés sur le vif, nous placent directement dans l'action et pose les bases d'une intrigue policière qui se montrera très inattendue. Mais Larry Cohen présente surtout, durant une petite dizaine de minutes et quelques courtes scènes, le portrait d'un personnage principal complexe et torturé. Cette mise en place importante permet de lancer un film dont l'histoire exploite une idée surprenante. Le cinéaste pourrait d'ailleurs s'en contenter mais il ménage, au contraire, des rebondissements étranges ainsi qu'un incroyable retournement de situation. Découvrir ou redécouvrir aujourd'hui un film comme GOD TOLD ME TO, c'est se rendre compte que, finalement, l'imagination n'est pas une question d'effets spéciaux ou de budget pharaonique. C'est d'autant plus surprenant que beaucoup de cinéastes actuels se réclament des années 70 et du cinéma d'exploitation en livrant des films ne faisant preuve d'aucune véritable création, recyclant ce qui était inventif à l'origine même dans un domaine purement commercial ! Le seul exemple, dans le cinéma français, d'un film se rapprochant d'un GOD TOLD ME TO, c'est le curieux et méconnu SIMPLE MORTEL de Pierre Jolivet. Tout comme GOD TOLD ME TO, le surnaturel et le fantastique y étaient présentés avec de véritables personnages, des idées incongrues et un véritable talent narratif. Cela rend encore plus important de revoir, de nos jours, un film comme GOD TOLD ME TO osant quelques images impensables aujourd'hui à l'instar d'un Richard Lynch en messie christique et psychopathe, révélant en gros plan ce qui le rend différent du commun des mortels. D'ailleurs, avec GOD TOLD ME TO, Larry Cohen se montre particulièrement frondeur, remettant en question les fondements de la religion tels que nous les connaissons. Cela donne une œuvre bizarre et inclassable qui ne peut laisser indifférent ! Autant dire qu'il s'agit d'un film à découvrir d'urgence ou à revoir de manière à se rendre compte qu'une quarantaine d'années après, GOD TOLD ME TO s'impose toujours plus clairement comme une œuvre atypique et réussi, donc un incontournable du cinéma fantastique !
Blue Underground avait déjà sorti un DVD de GOD TOLD ME TO en 2003. Néanmoins, cette édition avait le défaut de ne proposer aucune option française. Une douzaine d'années plus tard, l'éditeur américain revient sur le film de Larry Cohen en proposant un tout nouveau transfert 4K issu du négatif original. Evidemment, pour en tirer parti, il sera plus intéressant de faire l'acquisition du Blu-ray plutôt que du DVD qui sort en même temps. De plus, ces nouvelles éditions ont l'avantage de proposer une traduction française du film sous la forme d'un sous-titrage dans notre langue. Le Blu-ray, ainsi que le DVD, n'étant pas protégé par un codage régional, il serait bien dommage de s'en passer !
Si le nouveau transfert offre une image en haute définition, il ne faut pas s'attendre à découvrir un rendu cristallin. Ce nouveau transfert renforce surtout l'aspect cinéma et son rendu pellicule très 70's. Comme c'était le cas sur le DVD de 2003, l'éditeur américain propose plusieurs déclinaisons de la piste audio en mono d'origine. Cela s'avère plutôt étrange d'offrir des pistes DTS HD Master Audio 7.1 ou encore une piste en Dolby Digital EX 5.1. En effet, cela s'avère plutôt sobre, donnant un peu plus de coffre à l'ensemble mais sans fioriture. A noter que le Blu-ray propose une troisième piste audio permettant de suivre le film dans sa version originale en mono.
Les deux nouvelles éditions proposent de retrouver les suppléments du DVD de 2003. Ainsi, on peut redécouvrir le commentaire audio de Larry Cohen, les bandes-annonces ainsi qu'une galerie de photos. Mais, contrairement à d'autres éditeurs pourtant plus importants, Blue Underground étoffe ses nouvelles éditions. On peut ainsi découvrir des bandes-annonces additionnelles. Mieux, l'éditeur offre aussi deux interviews réalisées spécialement pour l'occasion. La première permet de donner la parole à Tony Lo Bianco. Le comédien parle ici des deux rôles qui ont marqué sa carrière, GOD TOLD ME TO, bien sûr, mais aussi LES TUEURS DE LA LUNE DE MIEL. Plus intéressant encore, la deuxième interview laisse s'exprimer Steve Neill qui s'était occupé des effets spéciaux de maquillage. L'occasion pour lui d'évoquer avec une pointe de nostalgie une période où il a pu côtoyer des personnalités d'un mythique Hollywood à présent révolu. Il revient aussi sur ses débuts dans le métier ainsi que sur sa collaboration avec Larry Cohen qu'il remercie d'ailleurs chaleureusement ! Larry Cohen, justement, on le retrouve dans deux suppléments qui sont des enregistrements un peu amateur réalisé lors de projections de ses films. La plus ancienne, capté au Lincoln Center, est d'ailleurs en simple définition et est assez courte. La seconde, deux fois plus longue, est bien plus récente et offre une image de meilleure qualité bien que, une nouvelle fois, le cadrage tremblotant trahit l'aspect peu professionnel de ces prises de vue. Quoi qu'il en soit, ces deux documents sont tout aussi intéressant que l'excellent commentaire audio. Si l'on n'évite pas les redites, on découvre surtout un Larry Cohen particulièrement à l'aise devant un auditoire, assurant le show, plaisantant avec les anecdotes et conditions de tournage de ses films. Mais derrière l'humour et la décontraction, il transmet surtout une évidente passion du cinéma ainsi que son talent de conteur !
Un nouveau transfert en haute définition, des suppléments inédits et sympathiques, ce n'est pas de bol pour ceux qui avaient déjà fait l'acquisition du film en 2003 ou, plus tard, lors de la distribution d'un DVD français. Il va falloir repasser à la caisse ! Et si vous n'avez jamais vu le film, le Blu-ray américain est parfait pour le découvrir. Seul souci, quelques petites coquilles s'invitent sur le sous-titrage français et, surtout, le visuel de la jaquette, bien que d'époque, est franchement moche ! Deux petits soucis qui n'entachent en rien le plaisir de revoir le film au travers de ce Blu-ray...