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Critique du film
HONEYMOON 2014

 

Paul et Béa sont de jeunes mariés qui partent faire leur voyage de noces dans un cottage situé bord d'un lac isolé. Quelque temps après Paul retrouve Béa en pleine nuit ,errant dans le bois, complètement déboussolée. Dès lors, le comportement de la jeune femme deviendra de plus en plus étrange.

L'histoire démarre avec le film souvenir du mariage de Béa et Paul dans lequel on découvre les circonstances de la demande en mariage, l'amour réciproque des tourtereaux, puis le voyage jusqu'au Canada où se trouve le cottage familial de Béa. La lune de miel se déroule à merveille jusqu'à ce que Béa soit victime d'une apparente crise de somnambulisme. Paul la retrouve en effet nue au milieu du bois, désorientée. Paul ressent nue distance naissante, et devient de plus en plus suspicieux. Il comprend alors que Béa n'a pas été victime d'une banale crise de somnambulisme, mais de quelque chose. Ce qui devait être une lune de miel se transforme en véritable cauchemar

Honeymoon est le premier long métrage de la jeune réalisatrice Leigh Janiak lequel a été coécrit avec Phil Grazadei. Leigh Janiak a voulu réaliser un film intimiste basé sur la relation de couple et de son évolution à travers l'histoire, des moments les plus heureux jusqu'à la lente dégradation. Pour ce faire, elle s'entoure de Rose Leslie dans le rôle de Béa (Game of Thrones, Downtown Abbey, et de Harry Treadaway qui interprète le rôle Paul (Fish Tank, La cité de l'ombre, Control), deux valeurs montantes.

Le film décrit le bonheur complet de Paul et Béa pendant la première demi-heure, ainsi que leur complicité, leurs codes. Un démarrage très sentimental qui dure bien longtemps. Pour bien planter le décor, Leigh Janiak insiste sur la plénitude de leur amour, laissant de côté l'action et les dialogues, ce qui a pour effet d'attiser l'impatience du spectateur. L'environnement est aussi décrit longuement : la situation du cottage au milieu du bois, en bordure de lac et à une période peu fréquentée par les touristes nous donne une piste bien trop évidente. Sans oublier l'absence de réseau : classique mais repris dans beaucoup de films de ce genre ! Comme si les scénaristes étaient paresseux à l'idée de justifier autrement l'absence de communication avec le monde extérieur…

Les choses intéressantes commencent enfin à partir du moment où Béa est retrouvée errant dans le bois. Tout basculer enfin et la tension psychologique augmente crescendo au fur et à mesure des découvertes étranges de Paul au sujet de sa femme, physiquement comme moralement. L'angoisse s'installe peu à peu : Paul mène son enquête et ira de déconvenue en déconvenue. Le climat entre nos jeunes mariés se détériore et l'ambiance devient dramatique.., mais malheureusement cela ne suffit pas à effrayer réellement.

Bien que les acteurs soient parfaitement crédibles dans leurs rôles respectifs, le film centré sur le caractère psychologique et la tension ne réussira pas à décoller. Gros problème : le scénario avec de sérieuses lacunes. Le spectateur a toujours une longueur d'avance sur les protagonistes car tout est présenté pour que l'on devine à l'avance ce qui va se passer.

Même si le côté latent était certainement voulu par la réalisatrice comme pour illustrer une gestation, cela se fait au détriment de l'histoire qui devient une succession de clichés (comme l'ex petit ami de Béa dont la femme présente les même symptômes qu'elle par exemple). On nous laisse entrevoir des lumières, ressentir des vibrations puis des phénomènes bizarres qui laissent penser que des extra-terrestres vont débarquer et ont pris possession du corps de Béa. La référence à L'INVASION DES PROFONATEURS DE SEPULTURES est évidente. Mais à l'inverse il y a de l'action et une histoire en plus du côté « gestation » de l'alien. Dans HONYEMOON, pas vraiment le cas. On nous présente des pistes, des indices, mais cela n'ira pas plus loin.

Leigh Janiak aurait pu également exploiter jusqu'au bout l'aspect psychologique à travers le changement d'identité de plus en plus sombre de Béa. Comme ce fut le cas avec le personnage de Jack Nicholson dans SHINING, mais encore une fois le concept est juste effleuré.

Pourtant les thèmes de l'exploration du couple à travers ce huis clos et la perte d'identité de Béa apparaissent assez bien portés à l'écran. Par ailleurs, des images relativement belles, et les cadrages intelligents pour faire monter l'angoisse, et les jeux de lumières sont également bien exploités pour le côté surnaturel.

L'espoir de voir un alien s'est estompé même si on était très proche : le paroxysme de l'horreur aurait été atteint, comme lors de la découverte des extra-terrestres dans L'INVASION VIENT DE MARS. A la place / une fin décevante voire risible.

Le sujet de départ qui était intéressant aurait pu donner un meilleur rendu si le scénario avait eu plus de corps. Ce sont les acteurs et la réalisation habile qui donnent le ton au film, et l'atmosphère d'angoisse qui devait s'intensifier crescendo n'arrive pas vraiment à s'installer. Si dans IT FOLLOWS (qui vient d'être primé au festival) on sent la menace réelle et l'imminence du danger ce résultat n'est pas malheureusement pas atteint avec HONEYMOON. Le film manque cruellement d'audace et de jusqu'au boutisme pour pouvoir captiver le spectateur qui ressort frustré de sa séance. Espérons que ce soit dû au fait que ce soit le premier long-métrage de Leigh Janiak, et que la suite sera certainement plus prometteuse.

Rédacteur : Anne Barbier
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