THE POOL dans son titre original DE POEL nous place aux côtés de deux familles hollandaises partis aller camper pour les vacances en plein milieu d'une forêt. Et le patriarche décide de quitter les sentiers battus, franchir une zone interdite pour aller trouver un lac aussi inquiétant que boueux qui s'avère maudit, hanté et fonctionnant un peu comme un épisode du PRISONNIER c'est à dire qu'on ne peut s'échapper de l'endroit. Et pour une cause, une sirène a piégé le petit groupe bien décidé à obtenir ce qu'elle désire d'eux.
Chris W. Mitchell qui a réalisé le film signe là son premier long métrage. Auparavant on l'a connu comme scénariste notamment du film FRANKENSTEIN ARMY de Richard Raaphorst. Jouant avec les inspirations, forcément on pense aux légendes liés aux femmes sirènes, aux ondines en passant par les rulsaka, un mythe universel de la femme ayant connu un destin tragique lié à l'eau, morte noyée, et qui reviendrait pour s'en prendre particulièrement aux hommes. Bien qu'ici un flashback nous laisse à entendre qu'il pourrait s'agir d'une sorcière noyée ce qui expliquerait sans doute le fait qu'aucun personnage ne puisse échapper aux lieux.
En partant avec ce postulat de tirer son inspiration plutôt des légendes nordiques ou germaniques moins connues de notre côté et de délaisser les habituelles histoires de vengeance, redneck ou fantôme, l'on gagne en originalité d'autant que les personnages dépeints sont très loin d'être des anges. Comme avec la première saison de AMERICAN HORROR STORY chacun a ses tords et ses défauts, le mari trompé délaisse sa femme et ne lui porte guère d'attention, la femme abuse son mari et se venge en l'humiliant devant ses enfants, enfin l'amant est un peu trop roucoulant pour être honnête, quand aux enfants, ne semblant nullement touché par la tragédie familiale se déroulant sous leurs yeux ils se battent pour coucher ensemble puisqu'il y a deux frères lorgnant sur la même jolie demoiselle. L'ensemble promet forcément un final apocalyptique.
Avec tous ces éléments là et une atmosphère qui quitte rapidement la légèreté des vacances pour une ambiance lourde et malsaine, le film a tout pour ravir le cœur de ses spectateurs. Le jeu d'acteur est bon et la plupart des intrigues réussites en ce qui concerne les conflits entre les personnages, la tension entre les deux frères, la préférence du père envers l'un des deux fils forcément donnant lieux à de nouvelles tensions. Il y a quelques trouvailles plutôt bien faites comme le délire de la mère après une énième dispute cette fois-ci avec violence. Et bien sûr il y a les premières apparitions de la sirène qui sont bien gérées, on croit que c'est l'adolescente qui joue dans l'eau puis l'on se rend compte que non. Il y a des rires se répercutant sur la surface de l'eau puis le jeune homme s'enfonce sous l'eau et voit ce bal aquatique dans un superbe plan où la sirène l'entraine dans les profondeurs. Le tout est coupé soudainement par le père tirant son fils hors de l'eau. Qu'il soit ensuite la cible de la sirène semble logique.
Pourtant en dépit d'une écriture intelligente la mise en scène manque sacrément de force. Bien sûr il y a quelques défauts d'écriture comme les nombreux allés retours dans la forêt qui s'ils sont justifiés n'en finissent plus sans apporter quelque chose réellement au film, l'attraction opéré par la sirène sur les deux hommes n'engendre aucun conflit entre les deux d'autant que c'est le père et le fils. Mais les plus gros défauts du film sont d'une part le fait que la sirène apparaisse hors de l'eau sous une tenue de bourgeoise aussi absurde que ridicule. La séquence où le père passe un collier de perle au cou de la sirène est aussi vain que risible. En réalité plus le film avance moins la sirène semble séductrice ou dangereuse, on sent à peine son influence laissant à penser que les hommes deviennent fou sans raison, ce qui aurait pu être quelque chose d'intéressant si à la fin on ne retrouvait pas la sirène.
La mise en scène, et surtout l'image plastique du film tout autant que le son manque sacrément de puissance et de soin. La forêt est mal filmée. L'image est laide faisant passer le film pour un téléfilm du dimanche après midi. Au son on n'est pas envoûté, un travail plus approfondis aurait dû être fait. En fait le film manque de cinéma. On a l'impression d'être à la télé devant un visible manque de moyen. Mais même les films low budget font des efforts pour apporter un minimum d'esthétique afin d'éviter le côté vidéo des images au minimum. Et cette platitude de l'image rend les personnages peu attirant, la forêt pas envoûtante, le lac plutôt laid et petit d'ailleurs, sans évoquer la sirène qui n'est plus du tout attirante ni sexy au bout du premier tiers du film.
Et pour achever le tout, la fin est bâclée. Tout l'intrigue familiale savamment distillée est achevée en deux secondes. Ce qui est d'autant plus dommage c'est qu'on perd la folie distillé dans la seconde partie du film où l'on a quand même des scènes démentes avec le feu de joie fait avec le cadavre du premier mort, ce qui donne lieu à quelques scènes assez drôle quand les filles reviennent et découvrent le corps carboniser, l'adolescente étant la fille du corps. Mieux réalisé le film aurait pu toucher à quelque chose d'intéressant, aborder des thèmes chers à Polanski de la folie, des hallucinations, de la malédiction fausse ou pas, mais THE POOL manquant cruellement de maîtrise retombe à plat.