Dans les rues d'une ville fantômes, le destin de plusieurs personnes se croisent. De manière inattendue, étrange femme vampire et un jeune homme vont se rencontrer et se découvrir…
D'origine iranienne, Ana Lily Amirpour est née en Grande Bretagne, juste avant que ses parents s'installent aux Etats-Unis. Précoce, la jeune cinéaste tournerait des courts-métrages depuis qu'elle a une douzaine d'années. Et c'est donc assez naturellement qu'elle va rejoindre l'université de Los Angeles pour y étudier la mise en scène. Cependant, Ana Lily Amirpour est pragmatique et, surtout, refuse d'être à la botte d'Hollywood de manière à conserver une indépendance artistique. Il faut bien le reconnaître, A GIRL WALKS HOME ALONE AT NIGHT n'a effectivement rien d'une œuvre calibrée pour les studios !
Souvent vendu comme le premier film de vampire iranien, A GIRL WALKS HOME ALONE AT NIGHT est un paradoxe entretenu par les ambiguïtés de sa réalisatrice et scénariste. En effet, le film a été tourné aux Etats-Unis et a été entièrement produit avec un financement américain. Parmi les producteurs du film, on trouve d'ailleurs le comédien Elijah Wood. Le lien avec l'Iran ? Il est surtout présent en raison de deux éléments qui sont, à l'arrivée, très anecdotiques. Les comédiens de A GIRL WALKS HOME ALONE AT NIGHT s'expriment en persan et la femme vampire porte le chador. Ces deux ingrédients gommés, il ne reste plus rien, ou presque, d'une éventuelle filiation avec l'Iran. Cela n'empêche pas Ana Lily Amirpour de présenter son film comme un western iranien avec un vampire. Mais elle affirme aussi qu'il s'agit d'une fable se déroulant dans une ville fictive qui pourrait se situer n'importe où. Autant dire que A GIRL WALKS HOME ALONE AT NIGHT est aussi une romance horrifique avec des gangsters. Ou bien l'histoire d'un vampire qui aime le skate, son chat et le rock'n'roll. Mais le mieux, c'est peut être de dire honnêtement qu'il s'agit d'un film intello, prétentieux et un peu chiant !
A GIRL WALKS HOME ALONE AT NIGHT démarre pourtant bien. Le préambule fait un peu illusions, donnant l'impression de découvrir un film intemporel qui ramène le souvenir de quelques classiques tournés en format large et dans un joli noir et blanc à l'instar du PLUS SAUVAGE D'ENTRE TOUS. La filiation avec le Western, on la ressent dans quelques passages musicaux lorgnant vers Ennio Morricone ou encore des plans rappelant Sergio Leone. Pourtant, A GIRL WALKS HOME ALONE AT NIGHT fait bien plus penser à du Jim Jarmusch, celui de STRANGER THAN PARADISE. Autant de références plutôt flatteuses mais qui servent une narration qui finit par s'enliser dans une intrigue sans grand intérêt. Oublions l'éventualité d'une évocation de la jeunesse iranienne avec cette jeune femme qui fait du skateboard et écoute de la musique rock alors qu'elle est recouverte d'un vêtement traditionnel antédiluvien. Comme déjà évoqué, ce n'est peut être pas la véritable motivation d'une réalisatrice qui est bien plus portée vers une forme, devenant futile, que le fond. Elle l'évoque elle-même en expliquant que ce tchador donnait un aspect de chauve-souris à son personnage, l'idée du film venant entièrement de là ! Mais passé l'aspect purement visuel et sonore, A GIRL WALKS HOME ALONE AT NIGHT n'a, au final, pas grand chose à offrir et cela s'avère très maigre ! Il a tout de même réussi à enthousiasmer les spectateurs du festival de Sundance, assurant au film une notoriété qui semble bien trop exagérée pour être honnête ! Quoi qu'il en soit, le film de Ana Lily Amirpour va donc faire surtout frissonner le public hardcore des salles Art & Essai. Car en terme de «Fantastique», le thème du vampirisme y est à peu près aussi accessoire que la langue persane !