Convaincu par son oncle mourant, Leo Vincey (Randolph Scott) se lance dans une expédition sur les traces de l'un de ses ancêtres. Celui-ci aurait trouvé, quelques siècles auparavant, une flamme mystérieuse qui aurait la faculté de donner l'immortalité...
Après KING KONG, le producteur Merian C. Cooper continue de produire des films et en profite pour capitaliser sur son plus grand succès en lui donnant une suite plus modeste, LE FILS DE KONG. Au milieu des années 30, il cherche à renouer avec l'aspect grandiose de KING KONG et se lance dans deux grosses productions : LES DERNIERS JOURS DE POMPEI et LA SOURCE DE FEU. Ruth Rose, compagne de Ernest B. Schoedsack, s'occupe de superviser l'écriture des deux films comme elle l'avait fait pour KING KONG et LE FILS DE KONG. D'ailleurs, bien plus que LES DERNIERS JOURS DE POMPEI, l'histoire de LA SOURCE DE FEU emprunte le même chemin que celui de KING KONG. Il s'agit une nouvelle fois d'une expédition dans une contrée lointaine, pleine de mystères et d'aventures. Basé sur un livre de H. Ridder Haggard, LA SOURCE DE FEU prend des libertés avec l'œuvre originale et n'en conserve que la partie en apparence essentielle.
Ainsi, on retrouve une femme immortelle et cruelle à la tête d'un royaume oublié. Depuis des siècles, elle attend la réincarnation de l'homme dont elle était éperdument amoureuse. Dans cette adaptation du livre, Ruth Rose ajoute un triangle amoureux absent à l'origine avec l'arrivée d'un personnage féminin supplémentaire. Le reste du livre est épuré à l'extrême et la scénariste place l'intrigue à son époque. Se faisant, le prologue tente de donner une explication scientifique à la fameuse «source de feu», flamme qui donnerait l'immortalité. Ces modifications du livre, pas forcément utiles, offrent tout de même quelques variations inattendues même si cela reste souvent à un niveau anecdotique. Mais, le plus curieux, c'est certainement la délocalisation de l'histoire dans le grand nord. Le climat y étant tout de même radicalement différent de celui de l'Afrique. La première partie du film nous permet donc de suivre une expédition difficile dans une région hostile et gelée ! De quoi offrir un décor aux antipodes des aventures de KING KONG. Mais ne nous y trompons pas, LA SOURCE DE FEU contient quelques passages qui font directement écho à son célèbre aîné mais aussi à LA CHASSE DU COMTE ZAROFF, toujours produit par Merian C. Cooper et réalisé par Irving Pichel. Une séquence de la fuite au-dessus d'un ravin en est ainsi le meilleur exemple. Toutefois, LA SOURCE DE FEU se montre, au final, plus posé en raison d'une histoire où l'aspect spectaculaire réside essentiellement dans les décors. Et il s'avère assez souvent imposant, particulièrement lors d'une cérémonie avec de nombreux danseurs. C'est peut être la raison pour laquelle le film n'a pas réussi à atteindre le même statut que KING KONG. Passé le voyage qui compose la première partie du film, la suite s'avère plus proche d'un drame en costumes. Le postulat fantastique, bel et bien présent, reste un peu au second plan jusqu'au dénouement de l'histoire, ce qui retire un peu de magie à LA SOURCE DE FEU !
Rimini Editions nous propose de voir LA SOURCE DE FEU en DVD via sa version restaurée. Rappelons que le film était considéré comme perdu pendant de nombreuses années avant qu'une copie ne soit retrouvée et complétée pour atteindre la durée originale. Mais cette version restaurée a une particularité. Si elle a été travaillée dans son noir et blanc d'origine, elle a aussi subit un traitement alternatif pour lui donner de la couleur. A l'origine, LA SOURCE DE FEU avait été pensé en couleurs mais la RKO, productrice du film, avait décidé de faire, au tout dernier moment, une économie sur le budget en le tournant simplement en noir et blanc. Colorisé les films à posteriori, il s'agit d'une pratique ayant de quoi hérisser le poil des cinéphiles. Pour éviter une levée de bouclier trop importante, cette version en couleurs a été supervisée par Ray Harryhausen, le vénérable spécialiste des effets spéciaux. De plus, le DVD français vous donne de toutes façons le choix entre les deux versions. Hormis la couleur, on notera que le nom de Ray Harryhausen n'apparaît qu'au tout début du générique de la version colorisée. Quoi qu'il en soit, le procédé n'est pas d'un grand naturel mais, à l'écran, cela n'a rien de vraiment honteux. Noir et blanc ou couleur, l'image de ce DVD est, en tout cas, plutôt satisfaisante pour de la définition standard. Pour le son, le disque propose seulement la version originale sous-titrée en mono d'origine. Pas de quoi être impressionné mais il n'y a pas de réel défaut à l'horizon pour un tel film !
En complément du film, le disque propose aussi deux petits documentaires. Si vous trouvez la couleur peu naturelle, Christophe Champclaux l'est tout autant avec un phrasé sans spontanéité. Plus gênant, certaines illustrations reviennent en boucle et parfois de façon très inutile avec des effets sonores qui donnent surtout l'impression de jouer la montre. Heureusement, les informations sont tout de même là. Cela s'avère surtout intéressant concernant le livre original. Sur le film, l'historien du cinéma se montre bien plus évasif. A ce propos, il y a donc deux vidéos, l'une étant une présentation du film et l'autre s'intéresse plus particulièrement à l'histoire originale. On notera que dans le premier, on peut voir une scène coupée mais sans véritable explication, surtout que les différences avec ce qui est dans le film sont très subtiles ! Enfin, les autres adaptations du livre de Ridder Haggard sont très rapidement évacuées alors qu'elles sont plutôt nombreuses. Si on cite de manière très rapide la version de la Hammer Films, LA DEESSE DE FEU, rien n'est évoqué concernant le film mettant en scène, tout de même, la chanteuse Ophélie Winter dans le rôle titre ! Quoi qu'il en soit, cette édition DVD permet tout de même de retrouver le film dans de bonnes conditions, donne le choix aux puristes concernant la version à regarder et commence à défricher le sujet grâce à deux petits documentaires. Voilà qui est déjà bien !