Après une guerre nucléaire, la Terre a été entièrement dévastée. Quelques rares survivants vivent dans les sous-sols alors que d'autres osent se déplacer à la surface. C'est le cas de Kurt et de son gang de motards qui arrivent dans une ville abandonnée. Ils y trouvent de la nourriture et décident d'y passer la nuit sans savoir qu'ils vont être assiégés par des hordes de rats agressifs !
Au début des années 80, deux films ne vont pas laisser insensible l'industrie cinématographique italienne : MAD MAX 2 et NEW YORK 1997. Une vague d'œuvrettes se déroulant dans des univers post-apocalyptiques va alors être produit en Italie ainsi que d'autres pays. Enzo G. Castellari balance LES NOUVEAUX BARBARES, Sergio Martino se propulse en 2019 APRES LA CHUTE DE NEW YORK et, surenchère oblige, Lucio Fulci tourne 2072 : LES MERCENAIRES DU FUTUR. Ca, c'est pour le meilleur (encore que ?). Mais il faudra aussi compter sur le duo Bruno Mattei et Claudio Fragasso pour revisiter le genre à leur manière ! La paire de cinéastes nous emporte deux siècles dans le futur et ce après que la planète ait été ravagée par une guerre nucléaire. Le film s'ouvre ainsi sur un plan aérien, probablement volé ailleurs, avec une longue introduction où l'on nous explique la vilaine situation de l'humanité. De quoi s'attendre à une histoire complexe et ambitieuse. Pas de chance, LES RATS DE MANHATTAN est en réalité plutôt minimaliste et très fauché !
En plus de Beatrice Film, société italienne derrière plusieurs films de Bruno Mattei des années 80, LES RATS DE MANHATTAN va se faire avec l'aide de la France et plus particulièrement des Films Jacques Leitienne. On peut ainsi fièrement affirmer que LES RATS DE MANHATTAN fait un peu partie de l'exception culturelle de l'hexagone. Toutefois, les spectateurs français ont probablement dû rester bouche bée face à la chose lors de sa sortie dans les salles de cinéma en 1984. Pour commencer, LES RATS DE MANHATTAN n'est pas réellement un film post-apocalyptique. Ou plutôt, ce décor ne sert pas à grand chose et se montre surtout prépondérant lors de l'introduction et de son épilogue. En réalité, LES RATS DE MANHATTAN se rattache beaucoup plus au cinéma d'horreur mettant en scène des animaux tueurs. Si on doit le rapprocher d'un autre film, ce serait donc plutôt du tout aussi curieux FROGS de George McCowan. Curieux car, comme le laisse supposer son titre, le film mettait en scène une invasion de batraciens aussi belliqueux que peu crédibles à l'écran. Les rongeurs des RATS DE MANHATTAN appartiennent bien à la même famille. Lorsque Bruno Mattei et Claudio Fragasso braquent leur caméra sur les bestioles, elles semblent quelque peu inoffensives et ce malgré leurs yeux rouges. Et la violence de leurs attaques est proportionnelle à la propulsion des pauvres rats jetés sans ménagement sur les comédiens par les techniciens du film. Cette crédibilité au niveau zéro ne surprend pas beaucoup de la part du tandem qui nous a offert VIRUS CANNIBALE ou encore ROBOWAR. Pas plus que le sacrifice de quelques rongeurs grillés à la gloire du septième art pour les besoins de quelques scènes des RATS DE MANHATTAN ! Et, bien évidemment, la patte de Bruno Mattei et Claudio Fragasso, on la retrouve dans les autres aspects du film. Le manque de rythme s'affirme largement au gré de longues séquences où l'horreur et la tension flirtent avec le ridicule. Enfin, l'interprétation des comédiens est outrancière ou inexistante, c'est selon !
A l'évidence, on ne regarde pas LES RATS DE MANHATTAN pour ses qualités cinématographiques. Pas non plus pour ses effets spéciaux, qu'il soit sanglant ou pas... En dehors des jets verticaux ou horizontaux de pauvres rongeurs, on peut aussi assister à une ahurissante charge de rats en plastique ! La seule véritable qualité des RATS DE MANHATTAN, c'est la candeur des deux cinéastes à la tête du projet. Peu importe qu'ils n'aient pas les moyens, que les acteurs soient mauvais et que la mise en scène est à peine fonctionnelle, ils y croient et foncent tête baissée ! Mais si cela pouvait surprendre dans les années 80, à un moment où des films de ce type pouvaient encore sortir sur les grands écrans, il faut reconnaître que cela a perdu de sa force aujourd'hui. A présent, tout le monde peut s'improviser réalisateur en attrapant une caméra vidéo pour assembler des films. Au XXIème siècle, la singularité d'un film comme LES RATS DE MANHATTAN est bizarrement devenue une norme dans les monceaux de films produits de manière plus ou moins indépendante à destination du marché de la vidéo ou de la télévision. Au moins, LES RATS DE MANHATTAN réserve quelques surprises dont un épilogue étrange qui fait vaguement penser à La Planète des Singes, le livre plus que le film de 1968. De plus, à l'instar de VIRUS CANNIBALE, le film ébauche une vague critique de notre société. Cela reste à vrai dire très discret ici. Mais, soyons honnête, l'ensemble des RATS DE MANHATTAN offre surtout un spectacle qui prête à sourire, maladroit et involontairement aberrant !
En France, LES RATS DE MANHATTAN est toujours inédit en DVD alors qu'il existe déjà des éditions dans d'autres pays. Ainsi, Anchor Bay avait déjà édité le film aux Etats-Unis en 2002 avant que Blue Underground ne le ressorte en 2007. Sept ans plus tard, Blue Underground propose de revoir LES RATS DE MANHATTAN mais, cette fois, en Blu-ray. Un nouveau transfert a été réalisé à partir d'une source originale ce qui permet de découvrir une image en haute définition assez incroyable pour un tel film ! De plus, l'éditeur américain propose sur le même disque un autre film de Bruno Mattei et Claudio Fragasso avec, aussi, une qualité optimum. De plus, VIRUS CANNIBALE et LES RATS DE MANHATTAN disposent, tous les deux, de sous-titrages en français avec néanmoins de petits soucis (voir notre chronique de VIRUS CANNIBALE) ! Et comme le disque n'est pas protégé par un codage régional, il est possible de le commander aux Etats-Unis et de le faire tourner sans aucun problème sur un lecteur français. C'était la bonne nouvelle ! La mauvaise, c'est que Blue Underground ne propose que des pistes audio en version anglaise. Les doublages sont à la hauteur du mauvais jeu des comédiens mais il ne s'agit pas de la version originale. De même, les fans français pesteront sûrement sur l'absence du doublage français de l'époque !
En complément, l'éditeur reprend le contenu de sa précédente édition DVD avec des bandes-annonces, une galerie de photos ainsi qu'une interview de Bruno Mattei d'un peu moins de dix minutes. Ce dernier finit d'ailleurs par affirmer qu'il n'aime pas ses films et qu'il serait prêt à les refaire ! Mais Blue Underground propose aussi du neuf avec un nouveau documentaire proposant un assemblage d'interviews sur une cinquantaine de minutes. A noter que si le film est sous-titré en français, les suppléments sont, eux, seulement sous-titré en anglais à l'exception d'un court passage où l'intervenant s'exprime dans cette langue et non pas en italien. Pour plus d'information concernant les suppléments, nous vous conseillons de jeter un œil à notre chronique du Blu-ray de VIRUS CANNIBALE.