Poursuivi par un prêtre, Mikos Stenopolis s'empale sur les pointes d'une grille qu'il essaie d'escalader. Il est alors emmené rapidement à l'hôpital le plus proche où il est opéré en urgence. Malheureusement, il s'avère que Mikos Stenopolis est un fou dangereux qui a la faculté de se régénérer...
Aristide Massaccesi s'est fait un nom sous le pseudonyme de Joe d'Amato mais le cinéaste italien brouille les pistes en signant une partie de ses films sous d'autres patronymes. Cela s'avère plutôt curieux dans le cas de ROSSO SANGUE devenu HORRIBLE en France. En effet, Joe d'Amato vient de remporter un certain succès avec ANTHROPOPHAGOUS, premier film produit au sein de sa société Filmirage. L'année suivante, parmi ses nombreux projets, il se lance dans la mise en boîte d'un film qui aurait pu devenir un ANTHROPOPHAGOUS 2. Et, à vrai dire, c'est sous ce titre que HORRIBLE sera parfois vendu dans certains pays. ANTHROPOPHAGOUS nous présentait un tueur dégénéré vivant sur une île grecque. Dans HORRIBLE, nous avons une nouvelle fois affaire à un colosse barbu qui passe son temps à grogner avant d'éliminer violemment tous les êtres vivants qui croisent son chemin ! George Eastman, alias Luigi Montefiori, signe une nouvelle fois le scénario et incarne à l'écran le tueur monolithique et d'origine grecque ! Pour le reste, les deux films n'ont, en réalité, pas grand chose à voir...
Dans HORRIBLE, un homme d'église réalise d'étranges expériences scientifiques qui vont donner naissance à un tueur qui se régénère et qui devient donc increvable. L'ecclésiastique grec est à la poursuite du monstre qu'il a créé. Il lui court donc après dans la forêt américaine. Ils ont donc couru bien longtemps pour réussir à traverser l'Atlantique. Comment ont-ils fait ? Pourquoi l'église se lancerait elle dans des expériences scientifiques contre nature alors qu'en général, science et religion ne font pas bon ménage ? Pas mal de question qui ne trouveront pas de réelle réponse. C'est d'ailleurs peut être la raison pour laquelle le film est devenu ABSURD lors de son exploitation anglophone. Ce ne seront pourtant pas les seules absurdités de HORRIBLE. Par exemple, une gamine immobilisée dans son lit en raison d'un grave problème à la colonne vertébrale finira par se lever pour tenter d'échapper au tueur ! HORRIBLE se montre donc assez peu cohérent et propose même quelques dialogues et situations surréalistes. Ainsi, on pourra découvrir que des notables s'organisent une soirée spaghetti pour regarder une finale de football américain à la télévision. Passons sur le fait que l'action se déroule de nuit et que le match retransmis est manifestement filmé en plein jour. Ce sont peut être là les raisons qui ont poussé Joe d'Amato à ne pas signer cette oeuvrette opportuniste sous son nom habituel. Opportuniste car si HORRIBLE se rattache de manière très artificielle à ANTHROPOPHAGOUS, il s'oriente très nettement vers un genre très porteur au début des années 80, le Slasher. Le tueur de HORRIBLE, malgré ses borborygmes et ses grimaces, est clairement dénué d'une véritable conscience à l'instar du Michael Myers de HALLOWEEN. D'ailleurs, ici, le tueur va s'attaquer à des enfants gardés par une baby-sitter tout comme c'était le cas dans le classique de John Carpenter. Il est même poursuivi par un homme qui voit en lui l'incarnation du mal absolu. Enfin, une partie du film se déroule dans un hôpital, lieu de l'action de HALLOWEEN 2. George Eastman s'est donc assez naturellement inspiré des succès du moment pour l'adapter aux besoins commerciaux de HORRIBLE.
ANTHROPOPHAGOUS adoptait une narration relativement posée mais instaurait une véritable ambiance mortifère dans un décor peu usité dans le cinéma d'horreur. Malheureusement, HORRIBLE ne partage avec ANTHROPOPHAGOUS qu'un déroulement assez lent. Certaines poursuites ou séquences s'étirent parfois de façon démesurée, amenuisant au passage l'efficacité de l'action et révélant assez nettement la gratuité de l'entreprise. Par exemple, notre tueur pas très futé attrape une jeune femme et plutôt que lui tordre simplement le cou, il la traîne à la cuisine, lui place la tête dans un four puis l'allume avant de la maintenir jusqu'à pleine cuisson. Cela s'avère un poil longuet et un peu ridicule mais le tueur du film aime à alterner les plaisirs comme dans la plupart des Slashers des années 80. On ne peut pas dire que HORRIBLE soit une grande réussite, loin de là. Il s'agit plutôt d'une petite production emballée à la va-vite par Joe d'Amato au milieu de la demi-douzaine de films qu'il réalisera la même année ! HORRIBLE se montre toutefois curieux avec des idées saugrenues ou encore quelques scènes gores difficiles à prendre au sérieux. Le film martyrise ses comédiens à coups de perceuse chirurgicale, de pioche, de hache ou de scie mécanique. Il illustre même visuellement l'expression «avoir le compas dans l'œil». Au moins, HORRIBLE se montre généreux en effets sanglants ! Enfin, on notera que Michel Soavi, future réalisateur de l'excellent DELLAMORTE DELLAMORE, fait une petite apparition en motard, le temps de trouver la mort sous les paluches de George Eastman.
Le film de Joe d'Amato n'a rien d'un classique impérissable. Mais, curieusement, il va faire des émules. Impossible de savoir s'il y a un lien mais l'année suivante, Chuck Norris va affronter un adversaire redoutable. Dans HORREUR DANS LA VILLE, le karatéka va ainsi se battre contre un tueur en série qui a la faculté de se régénérer suite à une expérience scientifique. Ce concept sera aussi utilisé de la même façon, près de vingt ans plus tard, dans INDESTRUCTIBLE. Troublant !
HORRIBLE avait disparu corps et âmes après son exploitation cinéma et sa diffusion en cassette vidéo. En DVD, le film s'était aussi montré discret jusqu'à ce que MYA Distribution le propose aux Etats-Unis. Mais si nous étions alors déjà bien habitué aux transferts en haute définition, l'éditeur proposait un étrange assemblage entre deux sources vidéo à la qualité variable. En réalité, MYA Distribution est parti d'un transfert vidéo relativement propre, mais loin des standards actuels, qui retranscrivait une copie italienne du film. Au sein de ce montage, l'éditeur a inséré des plans et scènes manquantes provenant d'une copie américaine. La qualité de cette dernière est assez mauvaise et la transition entre les deux sources se fait nettement sentir ! Les Italiens avaient-ils coupés les scènes les plus extrêmes ? Pas du tout, les ajouts sont des extensions de séquences sans grand intérêt ou des scènes de dialogues et d'exposition à l'utilité très discutable. Du coup, on peut se demander si le montage italien n'était pas simplement plus rythmé et si Joe d'Amato n'avait pas simplement filmé des séquences supplémentaires pour le marché international de manière à ce qu'il puisse être possible ensuite d'expurger les effets trop sanglants en vue d'un passage télévisé. La réponse, on ne la trouvera pas sur le DVD français. A chacun de se forger son opinion. Ce qui est sûr, c'est qu'il s'agit ici du meilleur transfert existant jusqu'à ce qu'un éditeur ne prenne la décision d'exhumer une copie 35mm pour réaliser un nouveau master. On notera tout de même un défaut sur ce disque français, l'image souffre de saccades récurrentes qui sont assez symptomatique d'une conversion du NTSC vers le PAL réalisée de façon brutale. Enfin, il est bon de préciser que si le format cinéma est relativement respecté, le transfert ne dispose pas du 16/9.
En ce qui concerne le son, le DVD français dispose de trois pistes audio. Passons sur le doublage anglais, celui-ci n'est pas, en théorie la version originale. HORRIBLE aurait été tourné en langue italienne. On retrouve cette piste audio sur le DVD. Néanmoins, une partie des passages réinsérés dans le film sont en langue anglaise, même si vous choisissez l'option italienne. Un indice supplémentaire pour étayer la thèse d'un montage italien différent de celui réalisé pour l'exportation. Enfin, on peut aussi choisir le doublage français. On pourra déceler pas mal de petits défauts sur cette piste audio et on vous conseillera donc d'opter pour la piste italienne. Des sous-titres français sont disponibles mais il est bon de préciser qu'ils se basent bizarrement non pas sur la version originale italienne mais sur le doublage anglais !
En complément, Bach Films produit des suppléments. On peut donc voir une petite galerie avec l'affiche française ainsi que les douze photos d'exploitation datant de la sortie cinéma en France. On trouve aussi une curieuse bande-annonce de HORRIBLE qui ressemble plus à un assemblage d'extraits du film réalisé récemment. On trouve aussi la bande-annonce de ANTHROPOPHAGOUS suivi juste après de celle de HORRIBLE. Oui, elle est présente deux fois sur le DVD. Mais l'éditeur est aussi allé voir le journaliste Christophe Lemaire pour lui demander de parler du film. La dizaine de minutes survole le sujet de façon plutôt vague et un peu à l'arrache. Si vous connaissez bien le cinéma d'exploitation italien, vous n'y apprendrez rien. Au moins, l'éditeur essaie de soigner son édition. D'ailleurs, le disque est placé dans un digipack aux couleurs agressives et propose même trois reproductions cartonnées de photos et affiche !