Un soir, l'écrivain R. Chetwynd-Hayes est accosté par un homme étrange. Après avoir révélé qu'il est un vampire, il invite le romancier à boire un verre dans un club underground peuplé de monstres...
Les noms des producteurs Milton Subotsky et Max Rosenberg sont associés à Amicus Productions. Pendant plus d'une quinzaine d'années, ils vont ainsi produire en Angleterre des films d'épouvante, de science-fiction et d'aventures. Mais à la fin des années 70, les deux hommes décident de mettre un terme à leur collaboration et vont continuer chacun de leur côté. Des deux producteurs, Milton Subotsky était la part créative de l'entreprise et donc son âme. Son parcours viendra le prouver… Au sein d'Amicus, il avait ainsi amener les adaptations d'Edgar Rice Burroughs et il envisage d'adapter de l'Heroïc Fantasy de Robert E. Howard. L'arrêt de l'Amicus ne freine pas son envie de concrétiser ce projet qui nécessite de gros moyens. Le producteur contacte même David Prowse pour lui demander s'il serait intéressé d'incarner Conan à l'écran ! Malheureusement, Milton Subotsky ne réussit pas à obtenir les droits de Conan achetés au même moment par Edward Pressman et il se tourne alors vers une série de livres de Lin Carter, Thongor. Dans l'intervalle, il va s'occuper d'un petit métrage qui a tout d'une production Amicus. LES CHATS DU DIABLE rassemble ainsi devant la caméra des comédiens qui ont déjà travaillé avec la maison de production britannique dans ce qui est un film proposant des sketchs d'épouvante. Ensuite, Milton Subotsky va trouver de nouveaux partenaires pour créer Sword and Sorcery Production, une maison de production avec laquelle il va enfin être possible de mettre en chantier THONGOR IN THE VALLEY OF THE DEMONS avec David Prowse dans le rôle principal, Harley Cokeliss en tant que réalisateur et les moyens financiers d'United Artists. L'envergure du projet ralentit sa mise en œuvre effective et Sword and Sorcery va alors produire un film d'épouvante plus modeste, DOMINIQUE de Michael Anderson. Avec Sword and Sorcery, Milton Subotsky annonce des projets surprenants et d'avant-garde. Il ambitionne de porter à l'écran la bande dessinée Hulk ou encore filmer les aventures des Micronauts, une gamme de jouets qui a aussi connu des aventures dessinées chez Marvel. Toutes ces idées n'aboutiront sur rien de concret et THONGOR va sombrer, lui aussi, lorsque United Artists décidera de retirer son argent du film, les problèmes de production de LA PORTE DU PARADIS de Michael Cimino n'y étant sûrement pas étranger...
C'est dans ce contexte assez particulier que LE CLUB DES MONSTRES va voir le jour au début des années 80. Plus ou moins à la même période, Milton Subotsky va obtenir le droit d'utiliser le nom de la défunte Amicus Productions. C'est probablement l'une des deux raisons pour laquelle LE CLUB DES MONSTRES est parfois perçu comme un métrage produit sous la bannière Amicus Productions. Ce n'est donc pas vraiment le cas et ce même si le film, encore plus que LES CHATS DU DIABLE, se rapproche énormément des métrages produits par Amicus Productions. Il s'agit d'un film à sketches, un genre que la société britannique avait largement popularisé. LE CLUB DES MONSTRES se base aussi sur des nouvelles de R. Chetwynd-Hayes comme c'était déjà le cas de FRISSONS D'HORREUR. Le métrage est réalisé par le vétéran Roy Ward Baker qui avait mis en scène le film gothique AND NOW THE SCREAMING STARTS ainsi que deux films à sketchs (ASYLUM et VAULT OF HORROR) pour la Amicus. Une partie de la musique est composée par Douglas Gamley alors que le film est monté par Peter Tanner, deux techniciens habitués des métrages de la maison de production britannique. Rien de surprenant à ce qu'il y ait donc une méprise ou un raccourci de manière à lier LE CLUB DES MONSTRES à la Amicus... La plupart des comédiens ont même déjà travaillé sur des films de cette maison de production comme Patrick Magee, Britt Ekland ou encore Donald Pleasence... Même Vincent Price avait œuvré pour la Amicus dans un très moyen MADHOUSE aux côtés de Robert Quarry et Peter Cushing. Dans LE CLUB DES MONSTRES, on retrouve aussi quelques autres acteurs américains qui oeuvraient alors en Europe : Robert Johnson, Stuart Whitman et John Carradine. Ce dernier incarne l'écrivain R. Chetwynd-Hayes, l'auteur des trois histoires qui composent le film. Si l'idée est intéressante, le résultat ne sera pas franchement au goût du véritable écrivain qui exprimera son mécontentement à propos du CLUB DES MONSTRES !
Dire que LE CLUB DES MONSTRES est un incontournable du genre serait très exagéré. Il se traîne d'ailleurs une très mauvaise réputation. Néanmoins, ce film à sketchs n'est pas dénué de qualité pour peu que l'on ne s'attende pas à découvrir une perle du genre. Car LE CLUB DES MONSTRES aurait même tendance à se bonifier avec l'âge à cause, justement, de ce qui semblait être ses défauts à l'origine. Le film de Roy Ward Baker est ainsi le très curieux et ironique testament d'un genre cinématographique qui était alors déjà enterré à l'époque. Le lien entre toutes les histoires nous présente un romancier spécialisé dans les histoires d'horreur qui découvre en compagnie d'un véritable vampire qu'il existe réellement des monstres. En quelque sorte, c'est la rencontre entre la fiction et une réalité qui s'avère très surprenante. Bien que les comédiens envisagés à l'origine pour interpréter le rôle de l'auteur et du vampire n'étaient pas John Carradine et Vincent Price, les deux acteurs symbolisent aussi de la rencontre de deux époques du cinéma d'épouvante. John Carradine a surtout brillé, dans le domaine de l'horreur, durant l'âge d'or de la Universal alors que Vincent Price incarne une autre période du genre. En 1980, ce sont néanmoins des dinosaures qui ont été remplacés par des horreurs plus réalistes et violentes dans le cœur des spectateurs. Cela explique certainement la part d'ironie qui est insufflé dans ce CLUB DES MONSTRES et particulièrement dans sa seconde partie. L'histoire d'un enfant dont le père est un vampire tourne à la parodie du film d'horreur, le tout sonorisé par une bande-son classique à base de violons omniprésents. Si les monstres ne font plus peur, autant en rire ! Le sketch est carrément osé et pourra être interprété comme un véritable foutage de gueule. Il s'avère tout de même dans la continuité de cette visite d'un étrange club où les monstres se retrouvent pour siroter du sang frais tout en se déhanchant sur des morceaux musicaux entraînants. La faune du club est franchement improbable et bien peu réaliste puisque les danseurs arborent des masques délirant et peu élaborés, tendant plus vers le carnaval que l'horreur. Le second sketch est introduit de manière surprenante par un producteur présenté comme un monstre et portant le nom de Lintom Busotsky ! Tout cela trouve d'ailleurs son évidente conclusion lors de l'épilogue du CLUB DES MONSTRES. Une fin qui se termine dans la bonne humeur mais qui apporte une évidence qui n'a rien de vraiment réjouissant. Si les monstres ne font plus peur, c'est peut être parce que l'homme et la réalité sont largement plus terrifiants ! A l'époque de sa sortie, LE CLUB DES MONSTRES ne réussit pas à convaincre. Pourtant le film fait preuve d'une véritable réflexion sur le genre et si cela ne s'avère pas totalement probant, le métrage est tout de même une étrange curiosité à découvrir.
Les défauts et les qualités du CLUB DES MONSTRES seront à l'appréciation de chacun. Car le métrage propose un curieux mélange. Le premier et le dernier sketch ont ainsi une approche très classique et se montrent même un peu trop sage et simple dans leur déroulement. Ils tranchent radicalement avec le fil conducteur du CLUB DES MONSTRES et son sketch central qui jouent sur un registre plus délirant et ironique. De même, le film fait la part belle à des morceaux musicaux, les filmant dans leur intégralité et s'intercalant autour de chacune des histoires. Ce choix est assez casse gueule mais, qu'on apprécie ou pas les groupes qui jouent leurs chansons, cela donne un aspect encore plus singulier à ce CLUB DES MONSTRES. Suite à l'échec du film, Milton Subotsky aura du mal à se remettre en selle. Heureusement pour lui, parmi ses nombreux projets avec Sword and Sorcery, il avait fait l'acquisition de plusieurs nouvelles de Stephen King. S'il ne les porte pas lui-même à l'écran, il en cède les droits d'adaptation à Dino De Laurentiis ce qui lui vaudra d'être crédité en tant que coproducteur sur MAXIMUM OVERDRIVE, CAT'S EYE ou encore VENGEANCE DIABOLIQUE.
Après plusieurs sorties DVD en France, reprenant le même contenu, LE CLUB DES MONSTRES nous est présenté avec un nouveau transfert en haute définition. Un transfert 16/9 qui a l'avantage de nous proposer le film dans un format plus proche de ce qui était projeté dans les salles à l'époque de sa distribution cinéma. Le précédent transfert, datant d'une dizaine d'années, était en plein cadre et s'il révélait plus d'image en haut et en bas, il dénaturait le cadre cinéma. Ce nouveau master en haute définition est décliné en Blu-ray et DVD, les deux disques étant dans la même boîte. Premier constat qui fait un peu tâche, le Blu-ray français affiche la haute définition en version entrelacée (1080i) alors que la norme pour des films produits en pellicule est plutôt le 1080p/24, en progressif et respectant le défilement d'origine. Hormis ce défaut, il faut être honnête, à l'écran, l'image est magnifique et se montre même par endroit franchement bluffante dans sa manière de reproduire la végétation ou encore la pelouse. Jusqu'ici, nous n'avions jamais vu LE CLUB DES MONSTRES avec une si belle image ! La partie sonore est respectueuse du matériel d'origine. Les pistes audio sont ainsi encodées sur deux canaux mais distillent un même signal monophonique. Pas de quoi faire trembler vos enceintes mais les pistes non compressées sont dénuées de défauts. A l'exception de la piste française qui nous offre un doublage assez épouvantable. La version originale s'impose d'elle-même. A ce propos, bien évidemment, on trouve sur le Blu-ray et le DVD un sous-titrage français et celui-ci a le bon goût de traduire les dialogues mais aussi les paroles des chansons !
Bonne surprise, l'éditeur a réellement produit des suppléments là où d'autres se seraient contentés d'une simple bande-annonce, voire de rien du tout ! On trouve donc un clip présentant la collection dont fait partie LE CLUB DES MONSTRES mais aussi une petite galerie de photos ainsi que les bandes-annonces du film ainsi que celle de COMTESSE DRACULA. De plus, on peut voir une présentation du film par Alain Schlockoff, le créateur du magazine L'Ecran Fantastique et de l'ancien Festival du Film Fantastique de Paris. Cette introduction est plutôt sympathique et est souvent agrémentée d'affiches pour illustrer le propos. Milton Subotsky ainsi que les comédiens et leurs parcours sont évoqués de façons à expliciter le contexte du film. On notera tout de même quelques petites erreurs comme, par exemple, le fait que UNE FILLE POUR LE DIABLE n'est pas le dernier film produit par la Hammer durant les années 70 malgré ce qui est dit dans cette présentation. De petites erreurs qui n'ont rien de vraiment catastrophiques et qui n'entachent pas cette trentaine de minutes informative consacrée au film !