Header Critique : HUND VON BLACKWOOD CASTLE, DER (LE CHATEAU DES CHIENS HURLANTS)

Critique du film et du DVD Zone 2
DER HUND VON BLACKWOOD CASTLE 1968

LE CHATEAU DES CHIENS HURLANTS 

Aux abords de Blackwood Castle, un homme se fait agresser et tuer par un mystérieux dobermann aux canines démesurément longues. En parallèle, Jane Wilson (Karin Baal) arrive au château afin d'hériter du domaine suite à la mort de son père. Une succession de personnages tous logés à l'auberge Old Inn, semblent s'intéresser de près à Blackwood Castle, mais finissent par se faire assassiner par la même bête...

25ème adaptation estampillée Edgar Wallace par la firme allemande Rialto, le film tourné en octobre et novembre 1967 offre à la série son tueur le plus inattendu. Bien sûr, on ne peut que penser au "Chien des Baskerville" mais le récit se dirige vers un tout autre type de suspense. Le spectateur va retrouver des thèmes familiers comme l'organisation criminelle, la vengeance, les sombres histoires d'héritages et une kyrielle de sous-intrigues. Pas de doute : on se retrouve en plein milieu teuton Wallacien. Mais l'histoire d'origine ne se rattache pas à Edgar Wallace. En effet, aucun livre ou récit au titre éponyme, même chez Edgar Wallace. Le scénario original a été écrit par Herbert Reinecker, d'après un récit de Franz Seitz (nommé "Der Schwarze Hund Von Blackwood Castle"), écrit sous le pseudonyme de Georg Laforet en mai 1967. Ceci à la demande de la Constantin Film.

Sorti tardivement en France en 1971 sous le titre LE CHATEAU DES CHIENS HURLANTS, cette onzième réalisation d'Alfred Vohrer va porter sa marque de fabrique bien déterminée. A l'instar de DER MONSCH MIT DER PEITSCHE, Alfred Vohrer donne à sa mise en scène un mélange d'épouvante, de gothique et de quasi-parodie du genre. Ses touches d'humour, discrètes, se répartissent sur les seconds plans de l'image, en léger retrait de l'action principale – voir les poses de Grimsby (Arthur Binder) qui miment celles de la statue grandeur nature dans le salon. Ou encore dans le personnage de la tenancière de l'auberge, Lady Averton (Agnes Windeck), gentille vieille dame anglaise un peu allumée qui termine le métrage en chevauchant un side-car. On ne peut que se réjouir que Alfred Vohrer ait pris les commandes du film, alors qu'à la base, celui-ci aurait du échoir au plus moyen Harald Reinl, déjà pris sur le tournage de DYNAMIT IN GRÜNER SEIDE.

Les connaisseurs du cycle Krimi de la Rialto auront tôt fait de reconnaître les habitués de la série de films. Siegfried Schürenberg reprend son rôle de Sir John, toujours la main baladeuse sur Miss Finley (la toujours primesautière Ilse Pagé). Il apparaît cependant moins ridicule que dans les autres adaptations. Heinz Drache (DAS INDISCHE TUCH, DER HEXER) en tète de distribution, mais cette fis-ci non pas dans un rôle d'inspecteur, mais celui d'un mystérieux Mr. Connery, observant ce petit monde à la loupe – un rôle plus qu'ambigu. Amusant de noter qu'Horst Tappert (CRIMES DANS L'EXTASE mais surtout la série DERRICK) intervient ici en gangster, alors qu'i reprendra le rôle de l'inspecteur Perkins dans les films suivant de la série comme DER GORILLA VON SOHO ou DER MANN MIT DEM GLASSAUGE. Mady Rahl a elle participé à de nombreux films populaires allemands, notamment à des «faux Edgar Wallace» 60's comme L'ARAIGNEE BLANCHE DEFIE SCOTLAND YARD ou encore DAS WIRTSHAUS VON DARTMOOR. Enfin, Karin Baal est connue du public international amateur de Gialli pour son interprétation dans MAIS..QU'AVEZ-VOUS FAIT A SOLANGE ?, ou elle jouait la femme de Fabio Testi. Recoupement régulier entre Krimi et Giallo, puisque cette co-production italo-allemande (comme pour LE TUEUR A L'ORCHIDEE) se basait là aussi sur une histoire d'Edgar Wallace.

Ce HUND VON BLACKWOOD CATSLE emprunte les codes du film d'horreur gothique à plus d'un titre. Déjà, le chien aux canines acérées proéminentes et ses attaques nocturnes en plein lande brumeuse renvoie au vampirisme et autres récits gothiques. Le château fait très «Old Dark House» tendance épouvante 60's, accompagné par des éclairages savamment dosés, candélabres dégoulinants, passages secrets, serpents venimeux… d'ailleurs, on ne peut que féliciter Karin Baal pour la scène où le serpent lové dans son lit remonte le long de son visage. Sans cascadeur : le métier d'actrice est parfois dangereux !

Avec l'épouvante gothique, l'autre caractéristique des adaptations de Krimi demeure les intrigues tortueuses à souhait et l'abondance de personnages. Rien ne manque à la règle ici. L'organisation criminelle aidant, le scénario aligne pas moins de quatre intrigues entrelacées les unes avec les autres, trouvant leur point d'orgue à la toute fin. L'influence de FANTOMAS (version Hunebelle), déjà notée dans DER MONSCH MIT DER PEITSCHE, se retrouve aussi dans ce métrage, allant jusqu'à en reprendre certains plans. Le ton imprimé par Alfred Vohrer annihile le risque d'indigestion qui pointe : rythme rapide, interprétation à double lecture, clins d'oeil et un humour assez fin. L'intrigue ne laisse que peu de temps morts, on aurait d'ailleurs presque trop de cadavres à l'écran. Le risque étant de ne pas s'attacher à chaque intervenant du fait du peu de présence à l'écran – et se voir réduit à l'état de chair à canon. Il ne s'agit pas de cela ici, tant Alfred Vohrer réussit à donner un minimum de personnalité à chacun des personnages tout en amenant les rebondissements et autres coups de théâtre de manière singulière, voire parfois de façon détachée !

Au final, on assiste à une oeuvrette sympathique dans ce cycle Edgar Wallace. Le casting s'amuse visiblement bien de ces jeux de dupes et autres meurtres canins. Alfred Vohrer joue aussi de son matériau qui commence un peu à tourner en rond et donne les impulsions nécessaires, visuellement et via le jeu d'acteurs au second degré, pour en faire un divertissement policier hybride de bonne facture. Il est juste dommage que la production ait cru bon d'adoucir le ton d'épouvante des scènes de meurtre en y collant une musique pop doublée d'un solo de guitare électrique, de l'habituel Peter Thomas, ce qui désamorce d'éventuels frissons. Dommage.

DER HUND VON BLACKWOOD CASTLE est disponible à la fois à l'unité ou dans le coffret Edgar Wallace n°7 (édition 1967-1968) en compagnie de DER MONSCH MIT DER PEITSCHE, IM BANNE DES UNHEIMLICHEN et DER GORILLA VON SOHO. Sorti par Universum, Kinowelt et Tobis en Allemagne, on a droit à la version originale de 88mn47, format 1.66 :1 et format 16/9ème. Ce DVD allemand étant bien évidemment codé Zone 2. La netteté de l'image et la qualité des détails sont à mettre en avant. Notamment lors de scènes de nuit, les plans de Siegfried Schürenberg et Ilse Pagé en embuscade hors du château apparaissent éclatants. Certains plans en extérieurs restent en contrastes assez pâles, comme pour la séquence pré-générique. Mais le savoir-faire des éclairages compense largement. On notera également des teintes de peau naturelles (voir le gros plan de Karin Baal à la 9ème minute) et une compression agréable.

Le DVD offre deux pistes audio en mono et codé sur deux canaux : la version allemande d'origine et son doublage anglais. Tout en donnant la possibilité de sous-titres sur les deux langues précitées. A l'instar de quelques Krimi précédemment chroniqués ici-même, la piste audio allemande s'avère la plus riche et précise. Une grande qualité notable notamment lors des échanges de dialogues. Peu de souffle, avec des effets sonores qui se trouvent absents de la piste anglaise. Celle-ci se révèle plus brute, moins fournie, étouffée et perdant en atmosphère sonore. Côté sous-titres, on observera quelques fantaisies pour la partie anglaise dues probablement à une transposition littérale de la version anglais doublée – certaines traductions n'ayant rien à voir avec les dialogues allemands !

Il est cependant dommage que les bonus des premiers disques de cette collection sorties en 2001, contenant des interviews d'Ilse Pagé, Uta Levka, ne soient pas repris ici. Idem pour les notes de production et la galerie de photos. On aura ainsi à faire uniquement au film annonce original. A noter que le visuel des menus est identique aux autres DVD de la série Edgar Wallace, tout comme le chapitrage. Pour les heureux détenteurs de la Box n°7, vous aurez accès au livret explicatif sur les quatre films présentés ainsi que le planning original du tournage de DER HUND VON BLACKWOOD CASTLE.

Rédacteur : Francis Barbier
Photo Francis Barbier
Dévoreur de scènes scandinaves et nordiques - sanguinolentes ou pas -, dégustateur de bisseries italiennes finement ciselées ou grossièrement lâchées sur pellicule, amateur de films en formats larges et 70mm en tous genres, avec une louche d'horreur sociale britannique, une lampée d'Albert Pyun (avant 2000), une fourchettée de Lamberto Bava (forever) et un soupçon de David DeCoteau (quand il se bouge). Sans reprendre des plats concoctés par William Friedkin pour ne pas risquer l'indigestion.
56 ans
1233 news
397 critiques Film & Vidéo
On aime
Une intrigue horrifico-policière à rebondissements
Le style Vohrer
L’atmosphère gothique
On n'aime pas
Une musique parfois agaçante, envahissante et en décalage avec le film
Aucun bonus relatif au film
RECHERCHE
Mon compte
Se connecter

S'inscrire

Notes des lecteurs
Votez pour ce film
Vous n'êtes pas connecté !
-
1 votes
Ma note : -
L'édition vidéo
DER HUND VON BLACKWOOD CASTLE DVD Zone 2 (Allemagne)
Editeur
Kinowelt
Support
DVD (Double couche)
Origine
Allemagne (Zone 2)
Date de Sortie
Durée
1h29
Image
1.66 (16/9)
Audio
German Dolby Digital Mono
English Dolby Digital Mono
Sous-titrage
  • Anglais
  • Allemand
  • Supplements
      • Bandes-annonces
      • Edgar Wallace Edition (2mn25)
      • Heinz Ruhmann Collection (2mn13)
      • M – Eine Stadat Sucht Einen Mörder
      • La Dolce Vita
      • Donna Leon – Acqua Alta/ Venezianisches Finale
      • Killer Stellen Sich Nicht Vor
      • CSI – Las Vegas
      • Der Wixxer
      • Mindhunters
      • Die Purpurnen Flüssen 2 : Die Engel Der Apokalypse
    Menus
    Menu 1 : HUND VON BLACKWOOD CASTLE, DER (LE CHATEAU DES CHIENS HURLANTS)
    Autres éditions vidéo
      Aucune autre édition répertoriée.