Critique du film
et du Blu-ray Zone B
MAD MAX : AU-DELA DU DOME DU TONNERE
1985
Après avoir été dépossédé de son véhicule, Max arrive à Bartertown où il compte bien récupérer son matériel. Mais pour se faire, il va être obligé de pactiser avec Entité qui dirige, en apparence, la ville…
Après l'énorme succès de MAD MAX 2, George Miller n'a pas vraiment l'intention de poursuivre sur un troisième épisode du guerrier de la route. En fait, plutôt que continuer dans l'univers du cinéma, il se dirige vers la télévision. Ainsi la maison de production Kennedy Miller Productions va produire THE DISMISSAL, une mini-série ancrée dans l'univers politique australien en relatant la crise institutionnelle du pays en 1975. C'est en produisant cette mini-série que George Miller découvre le plaisir de travailler de manière collégiale avec de nombreux intervenants dont les réalisateurs Phillip Noyce et George Ogilvie. Cette manière de travailler en commun, il y goûtera aussi avec sa première réalisation américaine lorsque Amblin et Steven Spielberg lui proposeront de diriger l'un des segments du film à sketches LA QUATRIEME DIMENSION. Fort du succès de THE DISMISSAL, Kennedy Miller Productions se lance dans deux autres séries télévisées narrant des faits réels, le drame sportif BODYLINE et l'histoire d'une énorme évasion dans un camp de prisonniers durant la guerre pour THE COWRA BREAKOUT. Autant dire que George Miller est très occupé et qu'il ne pense pas forcément à un nouveau film pour le cinéma…
Lors d'une conversation durant un dîner avec Terry Hayes, George Miller évoque le cas d'un groupe d'enfants perdus dans une région hostile qui sont obligés de survivre à leur manière. Ce point de départ sera finalement ce qui deviendra MAD MAX AU-DELA DU DOME DU TONNERRE quand un studio américain proposera de financer un nouveau MAD MAX. En toute logique, George Miller et Terry Hayes vont écrire le scénario du film comme ils l'avaient fait pour MAD MAX 2. Pendant l'écriture, les deux hommes pensent à Tina Turner pour incarner une femme forte à même de diriger une ville dans monde post-apocalyptique. A l'époque, ils ne pensent pas sérieusement à ce que la chanteuse intègre la distribution du film. Mais George Miller se souvient d'une interview donnée par Tina Turner après sa participation à TOMMY de Ken Russell. Elle évoquait son envie de participer à d'autres films et c'est ainsi qu'elle va se retrouver à l'affiche de MAD MAX AU-DELA DU DOME DU TONNERRE. Le film donne aussi un rôle à une autre personnalité de la musique puisque le bras droit de Tina Turner est joué par Angry Anderson, le chanteur du groupe australien Rose Tattoo. Mais cette troisième aventure de Max aurait pu ne jamais voir le jour. Car le partenaire de George Miller depuis ses débuts dans le cinéma s'écrase en hélicoptère. Le décès de Byron Kennedy va mettre un terme à l'intérêt de George Miller pour ce film car le réalisateur ne se voie pas faire une suite sans lui. C'est d'ailleurs la raison pour laquelle MAD MAX AU-DELA DU DOME DU TONNERRE est finalement réalisé à quatre mains par George Miller et George Ogilvie. Les deux cinéastes avaient déjà travaillé de concert dans une belle entente sur THE DISMISSAL et ils avaient même «co-réalisé» l'un des épisodes ! Et, bien évidemment, MAD MAX AU-DELA DU DOME DU TONNERRE est dédicacé à Byron Kennedy comme on peut le voir au début du générique de fin.
Avec MAD MAX AU-DELA DU DOME DU TONNERRE, l'univers de Max continue son évolution. La société s'effondrait dans MAD MAX et notre monde était devenu le lieu d'affrontements sauvages et motorisés dans un monde aride pour MAD MAX 2. Avec ce troisième film, le temps a passé et les routes ont disparu. Du coup, il y a un changement radical entre MAD MAX AU-DELA DU DOME DU TONNERRE et les deux premiers films. Sans route, la caméra ne peut plus raser l'asphalte au niveau des roues des véhicules et, à vrai dire, une grande partie de l'action de MAD MAX AU-DELA DU DOME DU TONNERRE n'est pas du tout composé de poursuites en voitures. Cet aspect de MAD MAX, on le retrouvera essentiellement dans la dernière partie du métrage pour une séquence pas forcément très naturelle vis à vis de ce qui précède. Car si à l'évidence George Miller et Terry Hayes ont eu l'envie de proposer une nouvelle approche, une façon de faire évoluer l'univers mais aussi et surtout leur personnage principal, il était impossible de trancher radicalement avec ce qui faisait le succès de MAD MAX et surtout MAD MAX 2. Il est d'ailleurs intéressant de noter que le titre de ce troisième film ne porte pas de numéro. Certainement une façon pour George Miller d'exposer clairement qu'il s'agit d'un prolongement très différent des deux premiers films. Même la musique ne se raccroche pas du tout aux compositions de Brian May puisque c'est Michel Jarre qui en assure l'écriture avec un style moins brut et plus romanesque. Forcément, si à l'époque de sa sortie dans les cinémas, MAD MAX AU-DELA DU DOME DU TONNERRE remporte un certain succès, il fait aussi office de douche froide pour ceux qui attendaient un métrage dans la lignée de MAD MAX 2. Et on peut les comprendre dans le sens où MAD MAX AU-DELA DU DOME DU TONNERRE se montre moins percutant et violent que ses prédécesseurs. Plus léger et aventureux, ce troisième film marque aussi un changement plus radical de son personnage principal qui va de nouveau s'humaniser au contact d'une tribu d'enfants. Ce long passage dans le film évoque une sorte de version très optimiste et naïve de Sa Majesté des Mouches de William Golding. Les enfants, livrés à eux même, vivent en autarcie et se sont forgés leur propre croyance, sorte de religion qui les place dans l'attente d'un messie qui les mènera vers une terre promise. Une idée assez curieuse, il faut bien le reconnaître, mais qui apporte une nouvelle vision du monde dépressif dépeint jusque là ! Pour George Miller, le renouveau viendra donc de l'innocence perdue des enfants plutôt que d'une société adulte livrée à de stériles luttes de pouvoirs. D'ailleurs, le personnage de Master Blaster («Maître Bombe» dans la version française) évoque une personnalité à la dualité très ambiguë, illustrant parfaitement l'innocence pervertie par le monde des adultes. Car si l'on peut voir dans MAD MAX AU-DELA DU DOME DU TONNERRE un film inoffensif et grand public, il se montre pourtant moins manichéen que ne pouvait l'être MAD MAX 2. La plupart des personnages de ce troisième film ne sont ainsi pas foncièrement bons ou mauvais à l'instar de ceux incarnés par Tina Turner et Angelo Rossitto.
Mais au final, si ce MAD MAX AU-DELA DU DOME DU TONNERRE est plutôt surprenant, il se montre surtout assez inégal. La première partie du film se montre assurément la plus satisfaisante en nous peignant le portrait d'une ville post-apocalyptique qui tente, à sa façon, d'imposer un nouvel ordre assez fragile au milieu du chaos. C'est aussi dans cette partie du film que l'on trouve le véritable morceau de bravoure de ce troisième métrage. Il s'agit d'un étonnant duel à l'intérieur du dôme qui donne son nom au film. Une séquence digne des jeux du cirque. La suite du métrage se montre un peu moins convaincante jusqu'à une course poursuite qui, comme déjà dit, donne surtout l'impression d'être une figure imposée. La poursuite sur le train a, au moins, le mérite d'être plutôt rythmée et permet de terminer MAD MAX AU-DELA DU DOME DU TONNERRE sur quelques séquences spectaculaires ! Un quatrième film, MAD MAX : FURY ROAD, peinait à se monter depuis quelques années mais il devrait finalement être visible dans les salles des cinémas en 2014. Et si l'on en juge par son titre, après la sortie de route de MAD MAX AU-DELA DU DOME DU TONNERRE, George Miller retourne sur le bitume pour une nouvelle aventure sans Mel Gibson dans le rôle principal…
MAD MAX AU-DELA DU DOME DU TONNERRE est un peu le parent pauvre de la saga. Aux Etats-Unis, même MAD MAX a connu une édition DVD très fournie chez MGM. Mais le troisième film est, aujourd'hui, un peu mal aimé et cela se ressent dans cette édition en haute définition. Car si MAD MAX 2 était déjà sorti seul en Blu-ray, ce n'était pas le cas des deux autres films. Ils sont à présent regroupés tous les trois dans une même boîte intégrée à l'intérieur d'une sorte de faux bidon métallique. Cela ne ressemble pas vraiment à un bidon d'essence mais l'idée est amusante et surtout cela n'a pas de réel impact sur le prix, les trois films étant vendus pour une trentaine d'euros. Autant dire qu'il s'agit d'un achat raisonnable et ce même si l'on a déjà fait l'acquisition de MAD MAX 2 auparavent. Mal aimé, donc, parce que MAD MAX AU-DELA DU DOME DU TONNERRE n'a le droit qu'à une bande-annonce en guise de supplément et il n'y a rien d'autre en plus du film. Il existait pourtant un making-of d'époque qu'il aurait été possible de déterrer. Ce ne sera donc pas le cas !
Heureusement, Warner propose de revoir le film avec un nouveau transfert en haute définition de belle facture. Ce n'est pas ce que nous avons pu voir de plus beau en Blu-ray mais le résultat se montre largement supérieur au DVD sortis auparavant ! Les séquences dans le désert gagnent en ampleur alors que Bartertown ainsi que ses habitants sont dépeints avec beaucoup plus de précision. De quoi revoir le film dans d'excellente condition avec, en plus, une piste originale en DTS HD Master Audio qui se montre des plus efficace et ce dès les premières secondes et son générique sur la musique de Tina Turner. La version française n'a pas bénéficié d'un lifting et n'est proposé que dans sa version stéréo d'époque ! Il apparaît tout de même plus logique d'opter pour la version originale sous-titrée, le son est bien meilleur, et on découvre que le disque 33 tours dans le film contient du français et non pas de l'espagnol comme dans le doublage !