Header Critique : HYBRID (L'HOMME AUX YEUX DE LOUP)

Critique du film et du DVD Zone 2
HYBRID 2007

L'HOMME AUX YEUX DE LOUP 

HYBRID est beau comme un téléfilm canadien co-produit avec la chaine SyFy. Non pas qu'il faille se rabattre dessus HYBRID abattue. Il faut savoir raison garder, car Aaron (Corey Monteith) est victime d'un accident le laissant aveugle. Il devient le cobaye d'une expérience de transplantation révolutionnaire avec des yeux d'un loup retrouvé blessé dans une réserve indienne. Il peut désormais bénéficier de sa vue retrouvée doublée d'une vision nocturne. Mais avec des résultats dramatiques. Normal, sinon, il n'y aurait pas de film.

Autant le dire tout de suite, malgré le titre grec du DVD (LYCANTHROPOS), HYBRID n'entretient aucun rapport de près ou de loin avec le loup-garou. Ou alors de très loin, puisque la scientifique de service qui joue avec Mère nature (Justine Bateman, sœur de Justin) navigue sur quelques sites internet dédiés au sujet. Car elle veut comprendre, la bougresse. Certes, elle est responsable du bordel ambiant, l'échappée de la créature et la nuée de victimes qui suit. Non mais franchement, qu'a-t-elle bien pu faire de mal ? ELLE A JUSTE FICHU EN L'AIR L'EQUILIBRE DE LA NATURE, voilà ce qu'elle a fait. Même si le sujet rejette le greffon et que le-dit greffon prend possession psychologiquement du héros, jusqu'à provoquer une transformation physique (je vous ai perdu, là, hein ?). Mais combien de fois devra-t-on répéter aux scénaristes que ça ne sert à rien de trouver des sérums miracles (PEUR BLEUE) des fleurs à la con qui guérissent du cancer (MEDECINE MAN), la nature n'aime pas ça et les hommes vont tout faire foirer. Point. Règle d'or. Production canadienne tournée au Manitoba ou pas.

Et comme la pente des stéréotypes horrifiques file doux, autant y aller franco, comme dirait Jess. Donc on aura la scientifique à la queue de cheval sévère et le 4x4 BMW qui a fait une erreur. «Oups, désolée, je recommencerai plus» (à prononcer avec une mine déconfite). Puis le méchant militaire qui veut profiter de cette découverte pour l'appliquer dare-dare aux opérations en cours. A noter que le niveau d'intervention des militaires canadiens est du niveau du Luxembourg en basse-saison : 4 personnes. Enfin la petite amie agrémentée de scènes de fesses davidhamiltonnienne obligées et le meilleur pote black (Brandon Jay McLaren) qui partira rapidement de la narration, ne servant quoiqu'il en soit à rien. Personnages plantés - et un film en voie de garage.

De prime abord, l'approche scientifique proposée n'est pas inintéressante. Certains éléments du scénario révèlent des embryons d'idée. La jeune héroïne (Tinsel Korey, maintenant célèbre pour avoir tripatouillé avec d'autres loups dans la saga TWILIGHT) est une métisse indienne/française qui a tout d'abord rejeté ses origines. Le parallèle saute aux yeux quant au héros, Cory Monteith (célèbre aujourd'hui pour son statut de héros de la série GLEE), qui a bien du mal à accepter sa nouvelle nature lupine. Mais triple hélas pour nous, l'auteur de ce redoutable scénario n'est autre qu'Arne Olsen, sinistre responsable de GRIZZLY RAGE, UN FLIC ET DEMI et du SCORPION ROUGE. De ce fait, finesse et intelligence ont sombré depuis longtemps. Passé un petit coucou à la culture indienne comme alibi, avec le shaman de rigueur (George Tootoosis) pour la caution de la nature qui n'aime pas être bouleversée, le film attaque dans le dur. Et là... misère.

Manque de budget oblige, on n'assistera à aucune transformation. Quelques maquillages barbouillés vite fait, des lentilles de contact fluorescentes ou une deux giclées de sang... et il va falloir trouver des artifices pour faire croire au pauvre spectateur affligé d'un minimum de crédibilité. C'est à peu près raté sur toute la ligne. Car dès l'apparition des yeux luminescents de Aaron face à la caméra, l'inventivité se trouve stoppée net. Et cette espèce de clone animal de THE EYE mâtiné de pseudo-lycanthropie (ajouter n'importe quelle transformation humain->animal du cinéma à ce moment précis de ce texte) termine sa trajectoire dans le décor. Le problème majeur d'HYBRID : il ne s'agit ni d'un film d'horreur, ni d'un film de loup-garou, ni d'une romance TWILIGHT-esque. Un film qui tente un sentier nouveau mais qui échoue faute de talent, de scénario plausible, d'originalité de traitement, d'acteurs dignes de ce nom, de moyens... et surtout, qui ne sait pas où il va. Et pour combler ces lacunes, fait balader Aaron torse nu les ¾ du film. Pourquoi pas habillé ou complètement à poil, on ne saura jamais.

La réalisatrice Yelena Lanskaya s'avère incapable d'insuffler la moindre originalité au concept. Même dans le parcours initiatique du jeune héros quant à la découverte de sa nature hybride, le film reste en surface. Niveau soap opera sur la condition psychologique. Et l'action se contentant d'une vulgaire bagarre de bar pour montrer la force naissante du bestiau. On restera aimable sur une réalisation minable et désolante. La traque de la «créature» se donne des airs du FUGITIF version très pauvre. Il faut voir le pauvre Aaron barbouillé de sang, torse nu, en train de grogner face à un simili militaire ne sachant combattre. Pathétique. Par ailleurs, on soupçonne fort que le lieu de tournage soit le même que pour GRIZZLY RAGE.

Pour pallier au manque d'argent et tenter de faire comprendre au spectateur «les douloureux moments qu'Aaron traverse», le film nous balance en surimpression de ses yeux d'interminables images de poursuites de loups en liberté. Puis courser des buffles. Puis courir. Et courir. En ralenti, une attaque de buffle et ralenti de course. Frédéric Rossif et le National Geographic n'ont qu'à bien se tenir. Et comme il s'agit du jeune héros, autant le faire balader torse nu le long du film. Pas à poil car le produit est destiné à un public ado/postado. Donc mollo sur le sexe et le sang. Mais suffisamment pour faire croire qu'il s'agit d'un film d'horreur même si après un quart d'heure, le spectateur a compris qu'il assistait à un drame psychologique fantastique pour adolescentes. Inoffensif et trompeur.

Comme si ça n'était pas assez horrible, le film rajoute des couches de scènes de tam-tams et autres blabla chamanique. Entrecoupés de morceaux de rap local. Probablement pour faire plaisir à un groupe du coin ou «faire djeunz», histoire là aussi de réveiller les spectateurs déjà assoupis. Le morceau ne parait pas mauvais en soi (tous les goûts, comme on dit, sont dans la nature) : il n'a juste rien à faire là. Degré zéro de la conscience cinéphile.

Si les yeux ne sont pas ceux de la forêt ni celui d'un étranger, ceux du lecteur avide de sensations seront arrivés jusqu'ici. Le constat terrible : le film est nul. Aucun frisson. HYBRID saborde le peu d'idées basiques, y adjoint des acteurs-robots guidés par l'envie d'en finir vite fait. Il n'y a aucune séquence d'action pouvant rehausser le niveau. Il n'existe rien qui puisse sauver la projection, hormis peut-être le fait d'empêcher dans le futur la réalisatrice de commettre de nouveaux méfaits. Trop tard, elle a commis SAUVEZ LE PERE NOEL ! en 2010. Mais avant de stopper tout nouvel effort. Ouf.

Sorti sur notre territoire sous le titre L'HOMME AUX YEUX DE LOUPS directement en vidéo, HYBRID est également disponible en DVD Zone 1 dans la collection «ManEater» aux USA. Il s'agit cependant de l'édition grecque sorti chez Audio Visual qui retient l'attention. Enfin, attention reste un bien grand mot. On voit débarquer le film en format 1.78:1 avec signal 16/9e, d'une durée complète de 86mn54. Un transfert propre quoique sombre mais qui comblera les amateurs pas très exigeants de séries C fond de panier. Néanmoins regardable aux vues du budget consacré, mais il ne faudra pas attendre de sursaut qualitatif notable. Deux pistes sonores s'offrent à l'audiophile : anglais en 5.1 et 2.0. Un peu superfétatoire. L'enveloppement sonore en 5.1 demeure assez médiocre et l'on peut se contenter du 2.0, avec des dialogues clairs. A noter que la jaquette et le menu fixe mentent sur le produit : les canines proéminentes n'apparaissant jamais dans le film.

Comme pour toutes les sorties DTV en Grèce, Audio Visual a gonflé cette édition de bonus incroyables. Tout d'abord il faut impérativement se farcir la publicité du sponsor du parc d'attraction aquatique d'Athènes. Impossible de passer au travers avant de voir le film. Puis via l'accès au lien «Extra» : le trailer original (en 4/3). Et ensuite, comble, joie, bonheur, partage, 6 films annonce de leur catalogue. Ainsi, nous saurons tout sur les secrets de fabrication de HYBRID. Ou pas.

Rédacteur : Francis Barbier
Photo Francis Barbier
Dévoreur de scènes scandinaves et nordiques - sanguinolentes ou pas -, dégustateur de bisseries italiennes finement ciselées ou grossièrement lâchées sur pellicule, amateur de films en formats larges et 70mm en tous genres, avec une louche d'horreur sociale britannique, une lampée d'Albert Pyun (avant 2000), une fourchettée de Lamberto Bava (forever) et un soupçon de David DeCoteau (quand il se bouge). Sans reprendre des plats concoctés par William Friedkin pour ne pas risquer l'indigestion.
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L'édition vidéo
HYBRID DVD Zone 2 (Grece)
Editeur
Audio Visual
Support
DVD (Double couche)
Origine
Grece (Zone 2)
Date de Sortie
Durée
1h26
Image
1.78 (16/9)
Audio
English Dolby Digital 5.1
English Dolby Digital Stéréo
Sous-titrage
  • Aucun
  • Supplements
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