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Critique du film
HORROR STORIES 2012

 

Après avoir kidnappé une jeune femme, un tueur en série mutique lui exprime le fait qu'il la laissera en vie si elle lui raconte des histoires terrifiantes. Et pour cause, le tueur ne parvient pas à trouver le sommeil que si on réussit à lui glacer le sang...

Avec HORROR STORIES, les réalisateurs de MEMENTO MORI, EPITAPH ou encore ANTI GAS SKIN se réunissent pour assembler un film à sketches sud coréen entièrement dédié à l'horreur. Le film se compose donc d'un fil rouge et de quatre segments totalement distincts. Comme souvent avec les anthologies, le résultat se montre relativement inégal et on notera que la moitié du film est plutôt réussie alors que le reste se montre bien plus anecdotique. Mais le plus curieux, c'est que ce qui fonctionne le mieux dans HORROR STORIES, ce sont les relectures des contes, nous offrant des variations contemporaines d'histoires très connues. Ce qui donne ainsi un contraste entre une horreur plus classique, plus ancrée dans l'inconscient collectif, et l'aspect terrifiant d'un univers plus quotidien. Les deux segments tentant de se raccrocher à des tendances plus actuelles sont dénués justement de cet intéressant décalage, leur conférant un aspect, au final, assez banal...

Les histoires d'horreur qui fonctionnent le mieux sont elles directement liées à un imaginaire enfantin ? C'est ce que l'on pourrait croire dès la première histoire qui suit deux enfants, seuls à leur domicile durant la soirée. Adoptant une approche plutôt mignonne de façon à dessiner ses deux personnages principaux, cette première histoire va, petit à petit, intégrer des détails étranges de manière à nous faire partager la peur des enfants. Peur de l'obscurité. Peur de se retrouver seul. Peur de l'inconnu. Le résultat fonctionne à merveille durant toute sa première partie. On excusera même l'intrusion d'un spectre qui donne l'impression d'être tombé là un peu par hasard, après l'avoir mis en scène pour un gag au tout début. Mais cela renforce l'aspect flippant de l'histoire, un peu comme si ce fantôme ayant marqué l'imaginaire des enfants venaient s'ajouter en surimpression d'une horreur bien plus réelle. Malheureusement, ce sketch va un peu loin et ne réussit pas à s'arrêter au bon moment. Plus gênant, il nous propose une embardée vers un message contestataire qui semble quelque peu hors sujet et surtout très flou puisque nous séparant des enfants que l'on avait pu suivre jusque là. Il n'en reste pas moins que cette première histoire fait partie des meilleurs moments de HORROR STORIES. Opposant deux gamins à un ogre, les mettant même pendant un moment dans la situation des trois petits cochons, assiégés par une créature prête à les "dévorer".

Du coup, on tombe un peu de haut en prenant un avion de ligne en compagnie d'un tueur en série dans la seconde histoire du film. Encore une fois, un spectre fait son apparition mais semble être surtout le fruit de l'esprit dérangé du psychopathe qui finit par faire un massacre à bord de l'avion. Rien de bien neuf à l'horizon avec ce sketch qui ne réussit pas vraiment à créer une tension ou à générer un peu de suspense là où sur le même sujet TURBULENCES A 30.000 PIEDS se montrait largement plus satisfaisant. Basique, sans poésie ou magie, on attend donc l'épilogue de cette histoire de façon à passer à la suite. Et, justement, avec cette deuxième conclusion, après la première histoire, on comprend que les histoires n'auront jamais de véritable fin. Comme si les différents réalisateurs et scénaristes partent du principe qu'un point final retire l'aspect terrifiant des histoires, le cliffhanger étant sensé tenir en haleine ou éventuellement provoquer l'inquiétude. Néanmoins, cette approche a de quoi rebuter, ne donnant pas de chute croustillante ou satisfaisante aux différentes histoires à l'exception du troisième sketch.

Justement, ce troisième sketch se montre donc largement plus satisfaisant. Complètement ancré dans une ambiance de conte avec une belle-mère qui brime sa belle fille pour mieux mettre en avant son véritable enfant. Ou encore en nous présentant un homme riche qui cherche à se marier pour la septième fois. Evidemment, il cache un secret et les plus perspicaces auront compris assez vite de quoi il en retourne. Pourtant, connaître ce secret ne nuit en rien à la vision de cette histoire. Au contraire, elle prend un aspect savoureux à force de dialogues à double sens. Enfin, cette histoire joue sur quelques effets gores particulièrement bien mis en scène et jouant pas mal de la suggestion. Avec la première histoire, ce troisième sketch est ce qui est le plus mémorable dans HORROR STORIES que ce soit en terme de réalisation ou d'imagination.

Car la quatrième et dernière histoire se montre peu engageante. On nous dépeint une énième invasion de morts-vivants et l'on suit une poignée de survivants qui se retrouvent dans une ambulance roulant vers un hypothétique salut. Rien de neuf, des situations vues à de nombreuses reprises dans la pléthore de films de morts-vivants et une chute sans grand intérêt. Pire, sur la fin, ce segment n'en finit plus et provoque un certain ennui. Quitte à ne pas être novateur, à ne pas faire preuve d'imagination, il aurait été salvateur de concentrer l'action et de compresser l'intrigue à son minimum de façon à en décupler l'impact.

Mais HORROR STORIES contient une cinquième histoire, le fameux fil rouge, celui qui introduit chacun des segments. Au même titre que la première et la troisième histoire, cette partie du film détourne un classique. Une jeune femme enlevée par un tueur en série inquiétant est obligée de lui raconter des histoires terrifiantes. Cela ramène le souvenir de Shéhérazade qui, pour éviter d'être exécutée, narre chaque jour des histoires merveilleuses au sultan. Utiliser cette idée pour une anthologie horrifique est une excellente idée mais le résultat ne dépasse pas, au final, son statut de liant à quatre véritables histoires dont la qualité est malheureusement très variable. Toutefois, ce HORROR STORIES, malgré les réserves exprimées, est d'un assez bon niveau technique pour nous faire oublier les quelques longueurs ainsi que les baisses de rythmes.

Rédacteur : Christophe Lemonnier
Photo Christophe Lemonnier
Ancien journaliste professionnel dans le domaine de la presse spécialisée où il a oeuvré durant plus de 15 ans sous le pseudonyme "Arioch", il est cofondateur de DeVilDead, site d'information monté en l’an 2000. Faute de temps, en 2014, il a été obligé de s'éloigner du site pour n'y collaborer, à présent, que de manière très sporadique. Et, incognito, il a signé de nombreuses chroniques sous le pseudonyme de Antoine Rigaud ici-même.
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