Header Critique : MORT D'UNE OMBRE (DOOD VAN EEN SCHADUW)

Critique du film
MORT D'UNE OMBRE 2012

DOOD VAN EEN SCHADUW 

Evoluant dans un univers intemporel, Nathan Rijckx capture les ombres des hommes et des femmes qui sont sur le point de mourir. Une tâche qu'il accomplit pour un étrange collectionneur et dans l'espoir d'être délivré de ce fardeau avec, comme récompense, la possibilité de revoir la femme qu'il a aimée dès le premier regard, juste avant de mourir alors qu'il était soldat durant la Première Guerre Mondiale...

Passionné par le cinéma, Tom Van Avermaet entreprend, dans ce sens, des études au sein du RITS, une école d'Arts visuels à Bruxelles. C'est là qu'il va tourner DROOMTIDJ, un premier court-métrage qui validera la fin de ses études mais qui sera aussi très remarqué dans différents festivals. Cela sera très certainement le cas de son nouveau court puisque celui-ci a déjà reçu des Prix, ce qui ne surprend guère après l'avoir vu. Si DROOMTIDJ était très influencé par Terry Gilliam, DOOD VAN EEN SCHADUW, ou plutôt MORT D'UNE OMBRE en français, s'oriente plutôt vers Jean-Pierre Jeunet. Toutefois, ce nouveau court partage le même sens du détail, offrant un spectacle d'une vingtaine de minutes extrêmement soigné.

Beaucoup de cinéastes utilisent le court-métrage de manière à exposer leur savoir-faire, réduisant souvent cet exercice à une démo technique. MORT D'UNE OMBRE est, à ce titre, une véritable réussite visuelle. L'idée de capturer l'ombre de personnes au moment de leur mort est ici exploitée de belle manière. Les effets spéciaux et la mise en scène joue sur une sobriété évocatrice donnant une véritable finesse à MORT D'UNE OMBRE. Il en va de même pour les décors, particulièrement le hall d'exposition des ombres capturées. Néanmoins, il serait dommage de réduire le travail de Tom Van Avermaet aux seuls critères techniques. Car MORT D'UNE OMBRE se repose sur un fond réellement solide, le cinéaste ayant clairement des points de vue ainsi que des idées à exposer, le tout de manière subtile. De plus, si l'on évoque Terry Gilliam ou Jean-Pierre Jeunet, Tom Van Avermaet distille ses influences pour nous exposer, au final, des univers qui lui sont propres, ou en tout cas en nous racontant ici une histoire assez inédite. On pourra éventuellement être frustré par l'aura de mystère qui entoure l'univers de MORT D'UNE OMBRE. Le cinéaste ne donne pas d'explication à la situation dans laquelle se trouve le personnage principal pas plus qu'il ne lève le voile sur l'origine d'un inquiétant collectionneur se repaissant de la douleur et de la mort des autres. Il faut donc adopter cet univers étrange nous offrant une poésie visuelle à même de servir le thème du film, ce qui à l'évidence est tout aussi important.

MORT D'UNE OMBRE évoque l'amour dans ce qu'il y a de plus beau et finalement de plus cruel. Le destin du personnage principal permet ainsi de suivre le parcours d'un homme amoureux, prêt à tout pour celle qu'il aime éperdument. Quitte à passer une « éternité » à capturer la mort des autres dans l'espoir de retrouver, ne serait-ce qu'un instant, la femme qu'il a aimé au premier regard. Mais l'amour, cela n'a rien de simple comme va le découvrir l'infortuné héros, nous montrant des extrémités peu glorieuses ou encore un ultime sacrifice, une véritable preuve d'amour totalement désintéressée. Avec seulement une vingtaine de minutes, Tom Van Avermaet réussit donc à allier le fond et la forme de manière plutôt ambitieuse, ce qui s'avère plutôt rare dans le domaine des courts-métrages fantastiques. On pourra ergoter sur le fait que l'émotion n'est pas totalement au rendez-vous, MORT D'UNE OMBRE manquant un peu de chaleur. Mais à l'écran, le résultat est plutôt bluffant et suscite un vif intérêt quant aux futurs projets de Tom Van Avermaet.

Rédacteur : Christophe Lemonnier
Photo Christophe Lemonnier
Ancien journaliste professionnel dans le domaine de la presse spécialisée où il a oeuvré durant plus de 15 ans sous le pseudonyme "Arioch", il est cofondateur de DeVilDead, site d'information monté en l’an 2000. Faute de temps, en 2014, il a été obligé de s'éloigner du site pour n'y collaborer, à présent, que de manière très sporadique. Et, incognito, il a signé de nombreuses chroniques sous le pseudonyme de Antoine Rigaud ici-même.
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