La tâche n'a pas été simple mais une poignée de mercenaires a réussi à mettre la main sur une créature mythique, et ce en plein coeur du Mexique. L'heure est maintenant venue de l'expédier dans un pays anglophone afin que des gens plus sérieux et compétents puissent se livrer à des analyses dignes de ce nom. Pour cela, on colle la bestiole dans une caisse, et on la fait voyager dans la cale d'un splendide paquebot. Soirées loto, bains de boue et piscines à bulles animent ce véritable palais flottant mais la créature n'en a que faire. Ce qu'elle veut, c'est bouffer du vacancier grassouillet. Elle profite donc de la curiosité de certains matelots pour se faire la belle et débute son séjour gastronomique en arpentant les couloirs. Mais le capitaine du navire, ancien militaire de profession, ne l'entend pas de cette oreille. Il s'entoure donc d'une petite équipe, se saisit d'une arme et part lui aussi sillonner quelques corridors...
Chupacabra. Suceur de chèvres.
Alors oui, balancé comme ça, on frôle l'irrévérencieux, l'injure de cour de récré et le bruit aura tôt fait de courir que la rédaction de DeVilDead manque de sérieux. Et pourtant, loin de nous l'idée de plaisanter face à une créature qui, disons-le sans détour, n'a rien de comique. Issu du bestiaire d'Amérique du sud, et plus particulièrement du Mexique et de Puerto Rico, le Chupacabra doit son nom à sa manie de gloutonner les caprins locaux en aspirant leur sang. Selon les témoignages d'habitants qu'il conviendrait de soumettre à des examens toxicologiques, la créature serait couverte de poils, dotée d'yeux lumineux rouges et disposerait de trous en guise de nez. Bien qu'il semble assez raisonnable de douter qu'une telle créature puisse exister, elle aura tout de même su faire son trou au sein de l'univers fantastique. C'est ainsi que le Chupacabra fut l'objet d'une poignée de métrages furieusement Bis comme le faux documentaire LEGEND OF CHUPACABRA (1999), NIGHT OF THE CHUPACABRA (2005) ou encore BLOODTHIRST: LEGEND OF THE CHUPACABRAS (2003) et sa suite BLOODTHIRST 2: REVENGE OF THE CHUPACABRAS (2005). Il aura même été le sujet d'un épisode de X-FILES (épisode 11 de la saison 4), mais aussi d'une aventure du dessin animé JACKIE CHAN (épisode 19 de la saison 2) et bien évidemment de SCOUBIDOU ET LE MONSTRE DU MEXIQUE.
Rien de réellement enthousiasmant à dire vrai, et ce n'est pas notre CHUPACABRA TERROR de 2005 qui risque de changer la donne. Car soyons tout à fait honnêtes, il n'a pas belle mine notre bouffeur de biquettes. Le bougre a ainsi tiré un trait sur ses yeux rouges et sa vilaine dentition semble indiquer qu'il a abusé de sa cousine au second degré, l'acidulée Chupachups. Toujours sur le plan cosmétique, notre Chupacabra dispose d'un épiderme qui fera frétiller les amateurs de latex porté près du corps. Fort heureusement, il est également équipé de gants griffus et d'un masque qui n'est pas sans évoquer (vaguement) L'ETRANGE CREATURE DU LAC NOIR. Ouf, nous voilà sauvés, nous avons ainsi la petite touche classique qui évitera aux acteurs de se fendre la poire lorsqu'ils verront apparaître le prédateur latino.
Parmi ces personnages qui seront confrontés à l'horreur sus nommée, John Rhys-Davis est sans aucun doute le plus notable. A l'aube des années 2000, l'acteur est auréolé du succès de la trilogie LE SEIGNEUR DES ANNEAUX dans laquelle il tient le rôle du nain Gimli. Pourtant, le tapis rouge ne semble pas vouloir se dérouler pour lui et le monsieur enchaîne dès lors quelques métrages que nous qualifierons par politesse de «modestes». ENDANGERED SPECIES, DRAGON STORM, PANIQUE A NEW JERSEY et KING RISING, AU NOM DU ROI sont autant de titres qui abreuveront les vidéoclubs et permettront donc à Rhys-Davis de payer ses factures. Dans CHUPACABRA TERROR, le bonhomme incarne le Capitaine du navire, un rôle qu'il maîtrise à merveille puisque sa stature lui a valu d'être Général, Lieutenant, Chef ou même Roi dans la grosse majorité des Bisseries qu'il a fréquentées. L'homme est donc à l'aise, en compagnie de Dylan Neal (THE TRAVELER) et Chelan Simmons (OGRE), armes au poing pour traquer le suceur de chèvres.
Bien évidemment, il ne faudra attendre de véritable prouesse de personne car les consignes sont simples : Baladons-nous dans d'étroits couloirs et voyons ce qui nous attend... Au détour d'une porte, on pourra par exemple trouver le cadavre éventré d'un malheureux passager ou d'un membre d'équipage. Reconnaissons à ce titre que CHUPACABRA TERROR est plutôt gore dans ses effets et offre aux spectateurs quelques kilos de barbaque et plusieurs mètres d'intestins. Point de numérique ici, mais de l'ouvrage manuel, à l'ancienne, et donc plus satisfaisant que ce que l'on peut voir dans la masse des pellicules de ce calibre. Le numérique s'invitera cependant lors de quelques plans particulièrement médiocres, parmi lesquels la disparition d'un navire dans les eaux, sorte de variante extrêmement naïve et touchante de TITANIC.
Inégal dans la forme, CHUPACABRA TERROR l'est également dans le fond avec un scénario particulièrement léger. Nous l'avons dit, nous n'avons là qu'un «film de couloirs» et ce n'est pas les menues sous-intrigues qui viendront dynamiser l'ensemble. Le scientifique un peu barré est le même que dans la plupart des films de monstres, et le passagers-voleur ne fait que rallonger l'ensemble d'une poignée de pénibles minutes. Nous sommes donc très loin par exemple d'UN CRI DANS L'OCEAN de Stephen Sommers, lequel vient inévitablement à l'esprit lorsqu'on évoque une bestiole et un paquebot. Avec son film de Chupacabra, John Shepphird peine clairement à convaincre. Le public tout d'abord, mais également les producteurs puisque notre homme entamera une période d'inactivité cinématographique de six années. En 2011, il tentera UPSIDE DOWN, puis JERSEY SHORE SHARK ATTACK l'année suivante. A la vision de ce dernier, on se demandera si le comeback du monsieur était bien nécessaire, voire vraiment raisonnable...
Nul doute que cet aperçu du métrage vous aura mis l'eau à la bouche. Aussi que vous soyez amateurs de navets transgéniques ou titillés par les téteurs de caprins, vous n'avez qu'une idée en tête : Vous procurer cette pelloche au format numérique. Miam. Fort heureusement, l'éditeur français Antartic a pensé à vous et met à votre une disposition une galette dont la sobriété force le respect. Une jaquette bien moche, un menu fixe, un chapitrage en six parties et la possibilité de zyeuter la bande-annonce française du film. Voilà donc pour le contenu. Le film en lui-même ne vous sera offert qu'en français, via un doublage sans véritable panache mais, convenons-en, acceptable. La piste sonore en elle-même se montre très plate, avec une exploitation minimaliste du format Dolby Digital Stéréo.
Sur le plan visuel, la copie est assez propre et la définition très correcte. Les couleurs sont également assez belles et ce même si les noirs manquent clairement de profondeur. La compression se rappelle cependant à notre bon souvenir de manière assez régulière, via quelques à-plats bien peu gracieux. Nous noterons par ailleurs que l'image au ratio 1.33 proposée par le disque français diffère de celle au ratio 1.78 du disque américain. L'image du DVD d'Antartic offre en réalité davantage d'image en haut et en bas. Est-ce un bien ou un mal ? Nous nous garderons bien de trancher, précisant simplement qu'aucun plan ne trahit un cadrage suspect, ou l'apparition d'éléments non-désirés. Les plus attentifs remarqueront enfin que le métrage s'ouvre sur le titre alternatif «LE MONSTRE DISPARU». Mais, puisque l'on parle de titres français, il s'avère que ce film a été commercialisé sous deux jaquettes différentes en France, la première sous le titre TERREUR EN HAUTE MER alors que la seconde conserve le titre original, CHUPACABRA TERROR.