Lorsqu'une jeune femme s'adresse à Dylan Dog suite au meurtre étrange de son père, le détective refuse l'affaire car il ne veut plus tremper dans des histoires surnaturelles. Mais lorsqu'on s'attaque à son ami, il décide de se mettre sur les traces du tueur, le menant à renouer avec le monde souterrain peuplé de loups-garous, vampires et autres morts-vivants…
Au milieu des années 80, Tiziano Sclavi invente un héros de bande dessinée pour adulte qui va connaître rapidement le succès en Italie. En France, il est d'ailleurs assez difficile de mesurer la renommée que peut avoir Dylan Dog dans son pays d'origine. Seule une infime partie des aventures du détective a été traduite en langue française alors qu'il existe des centaines d'histoires de l'autre côté des Alpes. Malgré la publication mensuelle de nouvelles aventures depuis les années 80, ce fumetti n'avait pas encore connu d'adaptation cinématographique. Durant les années 90, toutefois, une autre histoire de Tiziano Sclavi avait été portée à l'écran. DELLAMORTE DELLAMORE prenait comme base un roman qui narre les aventures d'un gardien de cimetière, personnage qui avait mené à la création de Dylan Dog... Avec l'essor des projets d'adaptations cinématographiques de bande dessinée, à la fin des années 90, une société américaine est créée dans l'optique de gérer les droits de personnages illustrés que ce soit en les proposant ensuite à des tiers ou bien en vue de produire directement des œuvres pour le petit ou le grand écran. Platinum Studios fait ainsi rapidement l'acquisition des droits d'exploitation du personnage créé par Tiziano Sclavi pour le cinéma et la télévision. Toutefois, il faudra attendre une bonne dizaine d'années avant que Dylan Dog ne soit concrètement porté à l'écran. Entre-temps, Platinum Studios produira la série télévisée JEREMIAH ou, plus récemment, s'associera avec DreamWorks pour COWBOYS ET ENVAHISSEURS. Le studio ne prendra la décision de produire DYLAN DOG qu'en 2009 et le métrage n'atteindra les salles de cinéma que deux ans plus tard, en 2011.
Pour l'écriture de DYLAN DOG, on ne fait pas appel à Tiziano Sclavi. Il faut dire que l'auteur original s'est écarté depuis longtemps du personnage, les aventures sous forme de bandes dessinées ayant été reprises par d'autres scénaristes depuis longtemps. Ce seront donc Thomas Dean Donnelly et Joshua Oppenheimer qui en assurent l'écriture. Ils avaient déjà travaillé ensemble sur l'adaptation d'une nouvelle de Ray Bradbury, A SOUND OF THUNDER, et s'attaqueront, ensuite, au fameux personnage de Robert E. Howard, CONAN. Ils font d'ailleurs quelques aménagements difficiles à comprendre. L'action est, par exemple, déplacé de Londres à la Nouvelle Orléans. De même, l'acolyte de Dylan Dog est remplacé par un nouveau personnage. Sur ce point, on peut éventuellement se demander si cela n'avait pas un lien avec des problèmes de droits, le personnage ressemblant beaucoup à Groucho Marx. Il faut préciser que les aventures dessinées de Dylan Dog font souvent référence au cinéma. D'un autre côté, il aurait été difficile de transformer ce personnage en mort-vivant puisque c'est exactement ce qui arrive au comparse du héros. L'occasion pour le film de proposer des saynètes comiques à propos de sa condition très particulière. Si certains passages prêtent à sourire, cet aspect humoristique se montre le plus souvent balourd et le métrage n'en sort pas vraiment grandi. Ce nouveau personnage est interprété par Sam Huntington qui jouait Jimmy Olsen dans SUPERMAN RETURNS. Un film où le comédien apparaissait déjà avec Brandon Routh qui y jouait le rôle du super héros. Cette fois, il incarne donc Dylan Dog. A l'origine Tiziano Sclavi pensait à Rupert Everett lorsqu'il a créé Dylan Dog. Brandon Routh ne lui ressemble carrément pas. Néanmoins, il réussit, par endroit, à faire oublier ce détail surtout que le choix du comédien n'est certainement pas le véritable problème de DYLAN DOG.
Cette adaptation cinématographique n'est pas spécialement une réussite. Pas un total naufrage, non plus, soyons honnête ! DYLAN DOG manque surtout de cohérence dans sa manière de ficeler son scénario. En effet, par endroits, le film ressemble à un enchaînement de sketches plus ou moins réussis plutôt qu'au déroulement linéaire de son intrigue principale. Evidemment, cela permet de créer un univers bigarré, nous permettant de découvrir le monde «fantastique» qui se cache à l'insu du notre. L'occasion de découvrir un étonnant marché noir de pièces détachées pour morts-vivants, un fast-food très particulier ou encore le trafic de stupéfiants menés par des vampires. Si certaines de ces idées fonctionnent assez bien, elles seront finalement laissées un peu à l'abandon. Ce problème, on le retrouve aussi dans le ton adopté par le film. DYLAN DOG a un peu de mal à faire cohabiter son intrigue sérieuse et des passages comiques. Cela provoque assez souvent des ruptures de ton assez étranges et peu naturelles. Enfin, l'intrigue donne l'impression de s'inspirer bien plus de BLADE et UNDERWORLD que de la bande dessinée d'origine. Et ce même si les auteurs font un clin d'oeil à Tiziano Sclavi en donnant son nom à l'un des vampires du film.
De bonnes idées, d'autres moins bonnes, DYLAN DOG n'est tout de même pas désagréable, juste étrange dans son déroulement. Difficile de savoir si l'on doit rejeter la faute aux scénaristes, aux producteurs ou bien à son réalisateur, Kevin Munroe, qui n'avait mis en boîte jusqu'ici que TMNT. Probablement que tout le monde a un peu sa part de responsabilité. Mais DYLAN DOG, s'il se montre par endroit un peu fauché, a le mérite de nous proposer des effets spéciaux plutôt réussis dans leur genre. Que ce soit les vampires ou encore les loups-garous, le résultat est plutôt de bonne facture. De plus, le métrage véhicule des thèmes pas inintéressants. La notion du bien et du mal est, par exemple, réajusté. Les monstres n'étant pas nécessairement malfaisants, l'intégrisme l'étant bien plus même lorsqu'il est pro-humain. Pas développé outre mesure, ces aspects adultes de l'intrigue viennent s'ajouter au mélange très hétéroclite et mitigé de DYLAN DOG.
Condor Entertainment ne sort pas DYLAN DOG dans les salles françaises de cinéma. Il faut dire que le film n'a pas vraiment connu le succès lors de sa sortie italienne, pays où il aurait pourtant du cartonner, et a rencontré un accueil glacial aux Etats-Unis. C'est donc en DVD ou Blu-ray que l'on peut découvrir le film de Kevin Munroe dans l'hexagone. En ce qui concerne le Blu-ray, le contenu se montre assez chiche. L'éditeur ne propose rien d'autre que le film. Pas de suppléments concernant DYLAN DOG, le métrage ou même la bande dessinée d'origine. Rien, si ce n'est des bandes-annonces de deux autres films de l'éditeur, visible seulement à l'insertion du disque !
Tourné pour le cinéma, le film devrait nous être présenté dans un transfert 1080p/24, nous offrant la meilleure résolution possible sur un Blu-ray et le défilement naturel de l'image. Pas de chance, le disque nous propose un transfert 1080i/50hz. C'est à dire une image entrelacée et un défilement un poil plus rapide qu'il ne devrait l'être (comme sur les VHS et les DVD). Hormis ce problème, non négligeable, l'image se montre plutôt bonne. Ce n'est pas ce que nous avons vu de mieux en Blu-ray mais cela s'avère réussi. De son côté, le son est proposé en DTS HD Master Audio 5.1 que ce soit pour la version originale anglaise sous-titrée ou le doublage français. Les deux pistes ne sont pas spécialement impressionnantes, ce qui peut surprendre en raison du sujet du film. En soit, il n'y a pas de défaut mais cela n'a rien de bluffant. Quelque part, c'est donc assez représentatif du film, le résultat n'est pas à la hauteur des attentes. A noter que le disque contient aussi une piste Audio 3D en version française. Cette piste est dédiée à ceux qui regarderaient le film avec un casque de manière à reproduire virtuellement une piste 5.1.