Depuis le succès de HIGHLANDER, ses deux producteurs Peter S. Davis et William N. Panzer ont décliné leur création sous toutes les formes possibles et imaginables, au gré de suites destinées au cinéma, de séries pour la télévision et même de dessins animés. Toutefois, après HIGHLANDER : ENDGAME, quatrième film pour le cinéma, la frénésie marque le pas. En 2007, pourtant, les immortels reviennent dans deux longs métrages : HIGHLANDER, LE GARDIEN DE L'IMMORTALITE avec Adrian Paul d'une part et HIGHLANDER, SOIF DE VENGEANCE d'autre part. Ce dernier étonne son monde puisqu'il n' s'agit pas d'un film occidental mais carrément d'un dessin animé japonais réalisé par un maestro du genre, Yoshiaki Kawajiri, dont c'est le premier long métrage destiné au cinéma depuis VAMPIRE HUNTER D, BLOODLUST. Techniquement, HIGHLANDER, SOIF DE VENGEANCE s'avère toutefois une production américaine, initialement conçue en langue anglaise, bien que l'animation elle-même soit produite en Asie.
Dans un futur post-apocalyptique, Colin McLeod l'immortel erre de ville en ville. Sa route le mène dans un New York dévasté, dirigé d'une main de fer par un redoutable tyran. McLeod comprend vite que ce dernier est en fait le Romain Marcus, l'homme qui a tué l'amour de sa vie et massacré son village en Écosse il y a plus de deux millénaires !
Voici une histoire qui ne perd pas les amateurs de HIGHLANDER et de ses produits dérivés ! Colin McLeod s'avère un immortel traînant avec mélancolie son immortalité ponctuée de duels et de quickenings. Le prénom change mais nous sommes très proche du Connor McLeod original. Colin a vu son premier amour assassiné par un immortel il y a plusieurs siècles et ne s'en est jamais remis. Un mentor l'a formé et il retrouve à New York son ennemi juré. Il arbore même un sabre de samouraï, un imperméable purement années 80 et une voix éraillée à la Christophe Lambert !
Ce McLeod «Made in Japan» se distingue tout de même par une motivation avant tout orientée vers la vengeance. Il poursuit le même adversaire de siècle en siècle, à savoir Marcus, personnage fascisant tentant à travers les époques de rétablir la puissance de la Rome antique. Vouant son d'immortalité à une seule quête de mort et de vengeance, Colin s'avère un Highlander plus sombre et brutal que celui d'origine.
Nous n'en attendons pas moins d'un film dirigé par Kawajiri et nous retrouvons même à travers divers personnages, que ce soit dans leurs visuels ou dans leurs personnalités, des souvenirs de NINJA SCROLL. Vieillard facétieux et jeune guerrière décidée seront les alliés du héros tandis que côté méchant, nous trouvons une brute géante, froide et androgyne, indestructible, allié à une brune vicieuse tendance cuir, rappelant la maîtresse des serpents du film de 1993 ! Même le premier mutant que croise Colin ressemble fort au géant de pierre du fameux dessin animé.
Tout semble réuni pour une bonne tranche d'action sanglante, pour le plus grand plaisir du spectateur. Néanmoins, dès les premières minutes de HIGHLANDER, SOIF DE VENGEANCE, l'animation se montre un net cran en dessous des époustouflantes réussites techniques de VAMPIRE HUNTER D, BLOODLUST ou du segment d'ANIMATRIX signé par Yoshiaki Kawajiri. Les passages dessinés paraissent un brin raides et simples en comparaison. La cohabitation avec des images numériques s'avère artificielle et manque de finition. Cela dit, nous sommes dans une bonne moyenne qualitative et nous saluons un travail assez époustouflant effectué sur certains décors, comme les ruines de New York, immenses et grouillant de détails.
De même, les traditionnels flash-back de la série HIGHLANDER, nous emportant à travers les siècles, donnent lieu à quelques scènes remarquables, comme ce duel entre samouraïs, un affrontement en plein dans une Rome envahie par les barbares ou surtout un combat vertigineux durant la Seconde Guerre Mondiale ! Des idées que nous aimerions presque voir plus développées aux dépends de l'action principale dans son époque futuriste, avec ses scènes d'infiltration dans la base du méchant, trop routinières.
Au-delà de certaines réserves, nous passons quand même un bon moment devant ce HIGHLANDER, SOIF DE VENGEANCE, en particulier grâce à un méchant détestable à souhait, un sens de l'action brutale toujours imparable chez Kawajiri, comme le prouve un beau massacre dans un village écossais ou le premier affrontement contre un mutant armé d'une tronçonneuse géante ! Par rapport aux attentes suscitées par l'annonce d'un nouveau Kawajiri, HIGHLANDER, SOIF DE VENGEANCE déçoit. Il n'est ni aussi soigné que ses meilleurs films, ni vraiment innovant. Toutefois, pour un HIGHLANDER, il s'agit d'une réussite tout à fait honnête, un dessin animé d'action solide, enfonçant sans problème les diverses suites du film initial.
Initialement produit pour le grand écran, HIGHLANDER, SOIF DE VENGEANCE sort pourtant aux Etats-Unis directement en DVD, dans une version raccourcie de dix minutes par les producteurs. Cette version se retrouve un peu partout en Occident, y compris, hélas, en France. Au Japon, le film a tout de même droit à une vraie distribution en salles dans le montage voulu par Kawajiri, puis est distribué en DVD toujours dans ce montage. Il existe dans ce pays deux éditions : une collector proposant deux DVD (dont un de bonus) et une version simple disque. Pour des raisons linguistiques évidentes, nous nous sommes contentés de la version contenant un seul DVD !
Ce disque japonais NTSC multizone propose une copie 1.85 (16/9) très correcte, avec une compression globalement discrète, des contrastes et des couleurs superbes ainsi qu'une netteté irréprochable. Tout au plus pinaillera-t-on sur quelques petites traces de halos, mais nous avons affaire à un transfert globalement de très bonne tenue.
La bande son est disponible en anglais en 5.1, dans un piste correcte, mais manquant tout de même de finesse : les dialogues sont mixés trop bas par rapport aux effets sonores, souvent assourdissants en comparaison. Le caisson de basse est omniprésent, voire franchement envahissant par moment. Le résultat s'écoute tout de même, mais trahit un mixage simpliste. Le disque propose aussi un mixage 5.1 en japonais ainsi que des sous-titres japonais.
En guise de bonus, nous n'avons que trois courtes bande-annonces en japonais pour le film, dont le Teaser proposant des images qui n'apparaissent pas dans le métrage...
Même si ce disque n'est pas sans reproche, en particulier à cause d'une interactivité rachitique, il reste encore la solution la plus pratique pour voir HIGHLANDER, SOIF DE VENGEANCE dans la version voulue par son metteur en scène. Il est néanmoins réservé aux spectateurs comprenant l'anglais ou le japonais !