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Critique du film
GERM 2011

 

L'armée américaine tente de détruire un satellite avant son retour sur Terre. Résultat, ce dernier s'écrase malencontreusement en pleine campagne aux Etats-Unis, lâchant un germe qui contamine la population locale. Le shérif du coin (Mickael Flores) et sa petite copine joggeuse (Marguerite Sundberg) tente de sauver leurs cocitoyens, mais l'invasion de morts-vivants cannibales guette.

Lu comme ça, GERM parait alléchant. On nous jette à la figure des morts-vivants, des cannibales, une épidémie : on est de suite preneur. Le souci demeure que depuis une dizaine d'années, on nous ressert un peu toujours les mêmes sujets et des zombies bouffeurs de bras, on en mange toutes les semaines – ou presque. Ca lasse car l'originalité n'est pas de ce monde dans la plupart des cas.

Et là : désillusion totale. GERM est catastrophique. En fait, on se demande comment quelqu'un a pu financer le film. Une personne sensée a-t-elle vraiment lu le scénario, les dialogues ? Parce qu'on touche l'abyssal. Il n'y a malheureusement rien à sauver dans GERM. Son scénario passe-partout, sa mise en image médiocre, son image à la limite du triste et sale, ses acteurs pathétiques. A la simple moyenne du film de genre zombiesque, le film se situe tout en bas de l'échelle. Mais il s'agit surtout de l'ennui incommensurable qui saisit le spectateur assez rapidement, pour une projection qui semble durer des heures et des heures. Les vagues prétentions dramatiques sont tuées dans l'oeuf dès le début et ça n'est pas la scène finale du héros dans sa voiture se remémorant une bonne partie du film qui améliorera ce ressenti. La vision de GERM s'apparente souvent à l'impression de regarder du linge en train de sécher.

Dès la séquence pré générique, on sent que quelque chose ne va pas. Un homme en tenue scientifique court au milieu d'une forêt tout en tentant de passer un coup de fil avec son mobile, poursuivi par un zombie hargneux. La scène sonne faux. Mal jouée, mal ficelée. C'est malheureusement le côté amateur qui prend le pas sur le reste. Non pas que cela soit un mal, mais sur un métrage ayant apparemment coûté 500.000 dollars, ça la fout mal ! Le reste est à l'avenant. La séquence avec les militaires monitorant le satellite se résume à trois acteurs dans une pièce exigue, avec trois écrans d'ordinateurs, montée à la va-vite. C'est cela, la défense nationale ? Diable, les USA sont bien mal gardés !

Il faut bien admettre que la scène se déroulant dans l'espace au début de GERM s'avère la meilleure. Et on se dit : soit la moitié du budget est passée dans les effets spéciaux, réussis au demeurant, soit les images proviennent d'un stock déjà existant. Car il existe un tel décalage entre le soin apporté aux scènes dans l'espace et celles se déroulant sur Terre qu'il parait en surface impossible que la même équipe ait pu tourner cela. Une autre scène à sauver : l'attaque du camp de jeannettes en pleine forêt. Bon, on ne verra rien d'autre qu'un bras arraché. Mais le simple fait de s'attaquer à des enfants montre un peu d'audace, même si l'écran saura rester discret à ce sujet. Bien sûr, la petite fille appartenant à la cellule familiale sur laquelle est centrée le film en réchappe miraculeusement. Comment ? On ne sait pas. Mais le scénario n'est plus à une ellipse ou accommodation près.

Le problème majeur de GERM reste que les zombies (ou les contaminés, on ne sait plus très bien faire la différence !) ne représentent jamais une menace crédible. Alors oui, ils courent, ils hurlent, ils sautent mais à aucun moment on ne ressent un quelconque malaise. Aucun sentiment d'aucune sorte, d'ailleurs. On les voit juste courir et hurler. On en aurait presque excusé les espèces d'idiots et bécasses dans la salle de projection qui, jamais intéressés par ce qu il se passe sur l'écran, tweetent, facebookent, envoient des textos sans respect ni pour l'oeuvre projetée ou pour les spectateurs présents. Ce n'est pas propre à GERM, c'est une maladie répandue dans l'ensemble des cinémas quels qu'ils soient. Mais là, pour une fois, il se passait quelque chose dans la salle, contrairement à ce qu'on voyait à l'écran. Et ce n'est pas l'amourette contrariée qui nourrira un scénario en panne d'inspiration. Ou la ridicule scène de poursuite entre l'héroïne en VTT, lecteur MP3 évidemment vissé sur les oreilles et donc qui n'entend rien venir, et un zombie lui courant derrière, qui viendra relever le niveau.

Absence de rythme, production régionale, effort collégial d'une bande potes ? On veut bien envisager toutes les explications possibles pour excuser l'indigence générale. Le plus terrible est qu'on aurait voulu croire à cette histoire d'amour comme moteur du récit. On aurait aimé être impliqué dans l'aventure de ces individus aux prises avec cette énième histoire d'invasion de zombies cannibales. En lisant ces mots, d'ailleurs «zombies cannibales», ça titille de suite l'imagination fertile du bisseux qui sommeille en chacun(e) de nous. Triple fois hélas, ça ne dépassera jamais le stade des intentions. Pire encore et gros souci pour un film d'horreur : l'absence de scènes ouvertement horrifiques. On ne peut même pas se rabattre sur le gore à pleins baquets : il n'y en a pas. On a bien des maquillages en rafale, qu'on sent fait un peu à la hâte. Il y aura bien quelques membres arrachés ici et là, mais la très grande majorité du gore se joue hors champ. D'où une frustration grandissante au fur et à mesure.

Le métrage tente de se rattraper en mettant les bouchées doubles au final. Qu'il s'agisse de l'intervention de l'armée, des pompiers, du nombre important de figurants, épidémie galopante... En fait, en regardant le film annonce, très bien fichu, tout peut à la rigueur faire illusion. Mais sur une heure et demie, les fusillades et autres courses-poursuites humains/zombies lassent plus qu'autre chose. Si GERM avait été le premier film à parler de zombie aux velléités de champion de 100 mètres, il aurait été le bienvenu. On aurait excusé la piètre performance des acteurs et la technique médiocre. Problème : au moins une bonne centaine de films sur le même sujet sont déjà passés par là, ne serait-ce que le rigolo L'AVION DE L'APOCALYPSE d'Umberto Lenzi ! Du coup, GERM fait pâle figure face à ses précédecesseurs pour rester en mémoire.

Rédacteur : Francis Barbier
Photo Francis Barbier
Dévoreur de scènes scandinaves et nordiques - sanguinolentes ou pas -, dégustateur de bisseries italiennes finement ciselées ou grossièrement lâchées sur pellicule, amateur de films en formats larges et 70mm en tous genres, avec une louche d'horreur sociale britannique, une lampée d'Albert Pyun (avant 2000), une fourchettée de Lamberto Bava (forever) et un soupçon de David DeCoteau (quand il se bouge). Sans reprendre des plats concoctés par William Friedkin pour ne pas risquer l'indigestion.
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