La mère de Sally choisi d'envoyer sa fillette vivre avec son père. Ce dernier l'accueille, en compagnie de sa nouvelle compagne, alors qu'il est en train de restaurer une vieille demeure. L'intrusion de la fillette ne tombe pas vraiment au bon moment puisque l'architecte tente de terminer les travaux de manière à remporter la couverture d'un magazine prestigieux tout en espérant revendre la maison avec une forte plus value. Mais l'arrivée de Sally perturbe aussi d'autres habitants de la maison, des êtres maléfiques qui semblaient endormis depuis des lustres et que tout le monde, ou presque, avait oublié…
Dans les années 70, un film d'épouvante est produit pour la télévision sous le titre DON'T BE AFRAID OF THE DARK, plus connu dans nos contrées sous le nom LES CREATURES DE L'OMBRE. Au gré des rediffusions, le métrage va marquer les esprits de nombreux téléspectateurs qui auront eu la chance de le découvrir, le plus souvent, de manière impromptue. Il faut dire que s'il s'agit d'un film confectionné pour le petit écran, il se montre tout de même plutôt efficace en jouant avec les rouages de l'épouvante. Guillermo del Toro fait partie de ceux qui ont découvert le métrage il y a bien longtemps et qui en avait conservé un souvenir terrifiant. Au point que le cinéaste décide d'en produire une nouvelle version, cette fois pour les salles obscures...
En partant du métrage original écrit par Nigel McKeand, Guillermo del Toro va donc écrire un nouveau scénario avec l'aide de Matthew Robbins. Si le nom de Del Toro est assurément écrasant aujourd'hui sur une affiche, il serait dommage de ne pas mettre un peu plus en lumière celui qui avait déjà collaboré à l'écriture de MIMIC avec le réalisateur mexicain. Mais Matthew Robbins n'est pas un sous-fifre de Guillermo del Toro, en effet, il a ainsi écrit, avec Hal Barwood, SUGARLAND EXPRESS de Steven Spielberg, CONTACT MORTEL ou encore LE DRAGON DU LAC FEU. Le scénariste ayant d'ailleurs réalisé ce dernier mais aussi MIRACLE SUR LA 8eme RUE. Si Matthew Robbins et Guillermo del Toro sont des metteurs en scène, ils ne vont pas pourtant s'atteler à la réalisation de DON'T BE AFRAID OF THE DARK, version 2010. En effet, dans le même temps, un auteur canadien de bandes dessinées va envoyer son premier court-métrage, LATCHKEY'S LAMENT, à Guillermo del Toro de manière à avoir un avis professionnel sur son travail. En retour, on va lui proposer carrément de mettre en scène DON'T BE AFRAID OF THE DARK, autant dire que son premier essai était des plus convaincants ! C'est d'autant plus curieux puisque DON'T BE AFRAID OF THE DARK avait tout d'un projet personnel pour Guillermo del Toro que ce soit sur le fond ou la forme. Quoi qu'il en soit, Troy Nixey assure sa tâche avec un certain brio, le métrage étant une très grande réussite !
Il est souvent reproché aux «remake» de ne pas être fidèle à l'original. Ce sera le cas de DON'T BE AFRAID OF THE DARK qui propose des variations de taille par rapport aux CREATURES DE L'OMBRE. Ainsi, le personnage central n'est plus une jeune femme mais une petite fille. La modification s'avère importante mais permet d'amener une dimension supplémentaire à l'ambiance du film. La relation avec son père, sa mère et sa belle-mère fonctionne à merveille en se superposant à cette histoire basée en grande partie sur les terreurs nocturnes. Cette modification n'est ainsi plus une trahison mais une véritable amélioration du tissu original. Cela s'avère évident en voyant une fillette apeurée regarder sous son lit si de petits monstres pourraient bien s'y cacher ou bien encore lorsque les maléfiques bestioles abusent vicieusement de la situation familiale de la fillette pour mieux l'attirer. De manière étonnante, on s'identifie très rapidement à cette gamine confrontée à la peur du noir et des ombres qui viennent à rôder une fois que la lumière est éteinte. Les frissons sont bel et bien présents, le réalisateur jouant habilement de la suggestion tout autant que des possibilités offertes par les effets spéciaux d'aujourd'hui. Mais, en plus d'exploiter les peurs enfantines, DON'T BE AFRAID OF THE DARK ravive le cinéma d'épouvante classique, prenant un cadre résolument gothique. Le métrage est une telle réussite qu'on a beaucoup de mal à comprendre qu'il n'ait pas réussi à trouver son public lors de son exploitation dans les salles américaines. Tout autant que l'on ne peut que regretter la sortie directement en vidéo de ce film sur le territoire français. Car DON'T BE AFRAID OF THE DARK est un pur film de cinéma, soigné dans ses décors et sa mise en scène, distillant de véritables émotions et de réels moments de trouille ! Le film de Troy Nixey rejoint ainsi la courte liste des remakes réussissant à donner un véritable plus à l'original, le réinterprétant sans le trahir... Mieux, le film réussit à surprendre à plusieurs reprises avec des rebondissements très inattendus ou bien un prologue donnant l'impression de découvrir un conte dont les images se montrent au final extrêmement violentes, lorgnant sur un passage marquant de LA DERNIERE MAISON SUR LA GAUCHE... Il faut être honnête, DON'T BE AFRAID OF THE DARK, on n'y croyait pas tellement et le résultat nous a littéralement bluffé !
Pas de sortie dans les salles, le distributeur choisit la sécurité après l'échec du film lors de sa diffusion sur les grands écrans américains. Il faudra donc se faire une raison et découvrir DON'T BE AFRAID OF THE DARK en vidéo. Et quoi de mieux que d'opter pour le Blu-ray, le support étant le plus à même de retranscrire la beauté des images du film. Si le transfert n'est pas d'une totale perfection, il s'avère tout de même souvent impressionnant en retranscrivant les belles images de DON'T BE AFRAID OF THE DARK. Il en ira de même pour la sonorisation qui se fait en DTS HD Master Audio 5.1 que ce soit pour la version originale anglaise ou le doublage français. Nous militons souvent pour la version originale et ce n'est pas le doublage français du film qui nous fera changer d'avis. Hormis cela, techniquement les deux pistes savent se montrer spectaculaires, la version originale étant comme souvent bien plus naturelle dans sa manière d'intégrer les dialogues au reste de la bande sonore.
En supplément, l'éditeur a l'excellente idée de nous proposer le court-métrage qui avait donné l'idée à Guillermo del Toro de confier le film à Troy Nixey. Si le film n'a pas vraiment de rapport avec DON'T BE AFRAID OF THE DARK, cela s'avère franchement sympathique de pouvoir découvrir une autre facette du cinéaste au travers d'un court plutôt étrange. Le reste des suppléments se montrera plus anecdotique puisque l'on nous propose surtout des vidéos promotionnelles à la durée plutôt courte et dans lesquelles, forcément, on ne développe pas grand chose. Le making-of donne la parole à Guillermo del Toro et au réalisateur du film, on évoque le métrage original mais sans rentrer dans les détails pour tout ce qui est abordé. Les septs minutes d'interviews sont axées sur les trois acteurs principaux (Katie Holmes, Guy Pearce et Bailee Madison), chacun donnant des informations sur l'intrigue et les motivations du film, rien de bien passionnant puisque tous les spectateurs en arriveront aux mêmes conclusions simplement en voyant DON'T BE AFRAID OF THE DARK. Dans ce module d'interviews des comédiens, on retrouve encore Guillermo del Toro et Troy Nixey ainsi que de très courtes images de tournage. Enfin, durant cinq minutes, on nous présente les effets spéciaux en montrant certaines séquences à plusieurs reprises, de manière à comprendre les ajouts numériques. On peut aussi découvrir les créatures en pleine lumière grâce à des animations des bestioles sans aucun décor. Tous les suppléments sont présentés en haute définition (1080i) à l'exception du court-métrage. Enfin, cette édition est livrée avec un livret dont les 32 pages s'avèrent largement plus informatives que les suppléments présents sur le disque. Cependant, cela ne couvre que l'aspect purement graphique du film puisque la majeure partie est dédiée à des croquis préparatoires concernant les créatures avec des réflexions du réalisateur et des deux designers explicitant leurs choix et leurs directions artistiques. Les dernières pages s'en écartent un peu et s'orientent vers les décors. Le contenu du livret est, au final, des plus pertinents en tant que complément du film.