Header Critique : PORTO DOS MORTOS (BEYOND THE GRAVE)

Critique du film
PORTO DOS MORTOS 2008

BEYOND THE GRAVE 

Alors que le monde est envahi par les morts-vivants, un homme se lance sur les routes à la poursuite d'un tueur en série, un être maléfique qui posséderait des pouvoirs surnaturels. Coûte que coûte, il entend bien accomplir sa vengeance dans un monde qui court à sa perte…

Le premier nom qui vient à l'esprit lorsque l'on associe «Cinéma Fantastique» et «Brésil», c'est celui de l'iconoclaste José Mojica Marins. A part lui, c'est un peu le désert même si de jeunes cinéastes tentent d'imposer leur propre vision du «Fantastique» local. C'était ainsi le cas de MANGUE NEGRO, réalisé par Rodrigo Aragão, qui narrait une invasion de morts-vivants dans une petite bourgade isolée. De son côté, Davi de Oliveira Pinhero ne semble pas spécialement attiré par sa propre culture. En tout cas, ses influences sont très nettement marquées par un cinéma aux antipodes du Brésil. Le cinéaste revendique ainsi l'héritage de Sergio Leone, François Truffaut, William Friedkin, George A. Romero ou encore Richard Stanley. Une liste de cinéastes où l'on pourra noter un Français qui semble un peu perdu au milieu des autres réalisateurs. Mais Davi de Oliveira Pinhero n'oublie pas non plus d'invoquer des sources littéraires avec Stephen King et H.P. Lovecraft. Avec tout cela, le réalisateur brésilien place la barre extrêmement haut tout en suscitant l'attente Car Davi de Oliveira Pinhero a commencé à communiquer à propos de son premier long métrage il y a plusieurs années de cela. Le projet initial daterait de 2005 et n'a été tourné qu'en 2008 pour finalement être finalisé aux alentours de 2010. Dans l'intervalle, Davi de Oliveira Pinhero a réalisé un court-métrage «remarqué», THE SOUL DETECTIVE. On pouvait y suivre un enquêteur doté de pouvoirs paranormaux qui arrivait sur une scène de crime, grâce à ses dons il ressent les forces surnaturelles et entre en contact avec la victime. Si l'idée est intéressante, THE SOUL DETECTIVE est surtout un essai auteurisant et cryptique, provoquant l'emmerdement type David Lynch période chiante…

PORTO DOS MORTOS, titré BEYOND THE GRAVE à l'international, est donc le premier long métrage de Davi de Oliveira Pinhero. Il devrait aussi provoquer une rupture avec le ton de THE SOUL DETECTIVE puisque le film, très ambitieux, nous propose de suivre un vengeur solitaire et motorisé sur les routes d'un Brésil post-apocalyptique et infesté de morts-vivants. Voilà un sujet qui a de quoi provoqué l'enthousiasme après l'annonce des influences de Davi de Oliveira Pinhero. Le choix de la voiture du héros et la mission vengeresse de son héros sur des routes désolées rappellent le MAD MAX de George Miller. Des influences, PORTO DOS MORTOS en regorge, à l'outrance. Le cinéaste ne peut s'empêcher, par exemple, de prendre des bouts de IL ETAIT UNE FOIS DANS L'OUEST et de tout un tas d'autres métrages. L'assemblage se montre dès lors assez hasardeux puisque Davi de Oliveira Pinhero entend bien placer sa touche personnelle sur tous ses clins d'œil. A l'arrivée, PORTO DOS MORTOS adopte ainsi un ton assez proche de celui de THE SOUL DETECTIVE mais en plus long et forcément en plus chiant. Pourtant, le métrage devrait être nerveux en accumulant pas mal de scènes d'action comme celle qui ouvre le film. Mais l'action dans PORTO DOS MORTOS est très relative puisqu'elle n'est jamais naturelle, du coup jamais prenante. Les personnages prennent la pose, suivent des chorégraphies de films de sabre à deux à l'heure… Le héros, lui-même, est une véritable curiosité. Mutique et sombre, il est à la poursuite d'un tueur en série surnaturel. Un vrai «bad-ass» comme on dit ! Tellement «bad-ass» qu'il se dandine lentement, avec la démarche d'un John Wayne à qui l'on aurait fait une coloscopie sauvage. Autant dire un héros qui restera dans les «anales». Des idées curieuses, on en trouve d'autres dans PORTO DOS MORTOS comme un homme se battant comme un chef avec un parapluie. Forcément avec un film aussi référentiel, on peut se demander si ce choix est dicté par CHAPEAU MELON ET BOTTES DE CUIR ou si le budget ne permettait simplement pas d'obtenir autres choses comme ustensile meurtrier. Car PORTO DOS MORTOS, hélas, n'a jamais les moyens de ses ambitions. Le film est furieusement fauché, ce qui se ressent dans l'aspect vide des décors. Mais Davi de Oliveira Pinhero n'en lâche pas pour autant sa vision et oriente son métrage vers l'expérimental et l'étrange. Le cinéaste évoquait d'ailleurs Alejandro Jodorowski avant le tournage de PORTO DOS MORTOS. Mais soyons honnête, le résultat se montre surtout maladroit et bien peu satisfaisant, particulièrement après avoir attendu autant d'années pour découvrir PORTO DOS MORTOS. Le plus gênant, c'est certainement l'impression de découvrir un film mal cadré, en tout cas dans la version que nous avons pu découvrir. C'est assez symptomatique dans une séquence d'entraînement de tirs au revolver. En serrant l'image un peu trop, on voie ainsi de profil les personnages tenant à bout de bras une arme, mais l'image se coupe sur leur poignet. L'image tronquée perd de sa force et de son intérêt. Cela résume d'ailleurs assez bien un film avait tout pour susciter l'engouement mais qui finalement, à force de vouloir naïvement trop bien faire, loupe largement sa cible !

Rédacteur : Antoine Rigaud
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