Header Critique : COMEDOWN

Critique du film
COMEDOWN 2012

 

Le nul est-il festi-lavable à Cannes ? Non, à en juger COMEDOWN, car même lavé à 90°, il existera toujours cette odeur de médiocrité ambiante dans quelque lecteur DVD et Blu ray du monde. Il est inimaginable qu'un tel produit puisse sortir en salles mais il a déjà été acheté, semble t'il, par E One pour une distribution vidéo sur le marché français.

Fraichement sorti de prison, le chef d'un groupe de jeunes lascars londoniens a pour mission d'installer une antenne pirate au sommet d'une tour abandonnée. La bande connaît bien les lieux puisque ses membres y ont grandi auaparavant. Et ils réalisent assez vite qu'ils ne sont pas tout seuls, bloqués dans la tour désormais fermée. A partir de là, comme par enchantement scénaristique, il se font dézinguer un à un.

Original, non ? En plus, la raison invoquée est cette foi-ci i-d'installer une antenne pour diffuser la musique d'un DJ quelconque pour le compte d'un caïd lambda. C'est juste n'importe quoi. Bref. Pour mieux situer le produit, il faut imaginer un croisement de films de djeunz cool tendance branchitude urbaine à l'anglaise. Donc SHANK ou ATTACK THE BLOCK, et encore nous sommes gentil car ce sont des titres faisant partie du haut du panier. Ensuite une bordée de dialogues à base de jurons, d'insultes, le tout se déroulant dans un tour d'habitation désaffectée. En gros, un démarquage de LA HORDE, mais en moins grossier. On y ajoute un louchée de fumette, de pilules d'ecsta, de bière, l'inévitable femme enceinte qui va catalyser le tout. On met tout ça au shaker et hop, voilà le premier tiers du film.

Rapidement, les protagonistes constatent qu'un autre gang se trouve à faire des affaires sur d'autres étages. Mais surtout une ombre menaçante se faufile de pièce en pièce et manie les armes blanches avec dextérité. En fait, on assiste à une résurgence (un chant du cygne ?) d'un néo-torture porn. Avec sa cohorte de mise à morts gratuites à grands coups de clous dans la tête, de scie sauteuse, de pièges divers élaborés dans la tour. Une inspiration clairement puisée dans la saga SAW et celle naissante de THE COLLECTOR.

Mais ce n'est pas tout ! Car COMEDOWN est également un film de couloirs... Donc... Longs travellings avant dans des couloirs sombres, caméras à l'épaule-shakycam dans des corridors ténébreux, scènes de suspens dans des passages vides et emplis de pénombre. De temps à autre, un effet-peur pour faire sursauter l'auditoire, un couteau qui transperce une gorge «parce qu'il le vaut bien». Et comme la tour compte bien une trentaine d'étages, ça tombe bien : encore plus de couloirs à filmer.

Le principal problème de COMEDOWN, si l'on passe son écriture lâche, c'est sa longueur. 97 minutes qui se révèlent assez ennuyeuses malgré les rebondissements qui se succèdent. La faute à des personnages sans aucun relief, compartimentés dans d'uniques traits de caractère : le repris de justice amoureux, la "biatch" blanche, le géant noir benêt, l'énervé de service, le suiveur, et la blonde amoureuse du rebelle (et enceinte). A aucun moment le film ne tente de se départir de son schéma tout tracé. On attend donc patiemment que les jeunes débiles y passent tous. Et comme dans 99% des films de genre, on comprend rapidement qui va s'en sortir, à l'instar de MUTANT AQUATIQUE EN LIBERTE, par exemple. La menace est différente, mais le résultat est le même. Le reste n'est que poussière et péripéties de plus ou moins bonne augure.

Le scénario tente ben de développer plusieurs pistes quand aux menaces mises en place mais il abandonne rapidement tout ambition pour se rabattre sur un méchant surhumain qui s'est réfugié dans la tour. Pourquoi ? On s'en fiche et, de toute façon, ça n'intéresse pas les auteurs. On sent comme une impasse scénaristique dans la justification des actes et des tortures infligées. Mais ça n'est pas grave car il faut donner au spectateur ce qu'il est venu voir : des djeunz de banlieue se faisant équarrir sur un heure et demie. Changer les lieux, les fringues, les dialogues ne modifie en rien la matrice originelle : ça restera toujours un psychokiller à la con qui dégomme du jeune au kilomètre.

COMEDOWN n'est pas un produit original pour deux euros. Ceci dit, il trouvera certainement un débouché sur le marché du DTV de par son décorum urbain et ses meurtres gores. Mais ça ne trompera que momentanément le chaland qui constatera rapidement que le film n'est pas bon du tout.

Moralité du métrage : «la drogue, les antennes et faire peur aux pigeons, c'est le mal !».

Rédacteur : Francis Barbier
Photo Francis Barbier
Dévoreur de scènes scandinaves et nordiques - sanguinolentes ou pas -, dégustateur de bisseries italiennes finement ciselées ou grossièrement lâchées sur pellicule, amateur de films en formats larges et 70mm en tous genres, avec une louche d'horreur sociale britannique, une lampée d'Albert Pyun (avant 2000), une fourchettée de Lamberto Bava (forever) et un soupçon de David DeCoteau (quand il se bouge). Sans reprendre des plats concoctés par William Friedkin pour ne pas risquer l'indigestion.
56 ans
1233 news
397 critiques Film & Vidéo
RECHERCHE
Mon compte
Se connecter

S'inscrire

Notes des lecteurs
Votez pour ce film
Vous n'êtes pas connecté !
-
1 votes
Ma note : -