Apprentie aide soignante, Lucie va seconder pendant une dizaine de jours Madame Wilson lors de ses tournées auprès de diverses personnes âgées. Parmi les patients, un cas en particulier va retenir son attention dès le premier jour. Celui d'une ancienne danseuse renommée qui est à présent dans un état végétatif au milieu d'un manoir isolé. Après avoir entendu parler de cette rencontre et surtout la rumeur concernant un trésor caché, le petit ami de Lucie décide d'aller cambrioler la vieille femme.
Alexandre Bustillo et Julien Maury restent associés pour un second long métrage après A L'INTERIEUR. Ce dernier film aurait d'ailleurs du ouvrir les portes d'Hollywood au duo de cinéastes français. Après avoir travaillé sur un projet avorté de remake du HELLRAISER de Clive Barker, il est question de faire un film en langue anglaise en partie financé par les Etats-Unis. Ce long métrage, ce sera LIVIDE qui, finalement, sera réalisé en France et tourné dans la langue de Molière. Si A L'INTERIEUR était un drame horrifique très gore, LIVIDE tente un changement de registres. Toutefois, les deux films partagent des points communs. Il y est toujours question de mère et d'enfants et son personnage principal a du mal à faire le deuil d'un être cher, disparu de manière tragique. Avec A L'INTERIEUR, ce dernier thème était d'ailleurs parfaitement intégré donnant l'occasion de voir une courte séquence émouvante. Cette même séquence, filmée de manière bien plus brute, de façon moins subtile, affiche une certaine gratuité dans LIVIDE. D'autant plus que ce pan de l'histoire n'apporte finalement rien au film, enrichissant de manière artificielle un métrage déjà largement chargé de bric et de broc. Cet aspect bordélique, on le trouvait déjà sur A L'INTERIEUR mais ce premier film réussissait par moment à le faire oublier grâce à des séquences chocs et gores. Dénué de l'aspect bas de plafond, brutal et rentre-dedans, LIVIDE ne présente qu'un puzzle d'images inégales et liées par une intrigue peu cohérente.
Dommage car LIVIDE démarre franchement bien durant sa mise en place. La rencontre entre les deux personnages féminins puis la présentation de l'inquiétante maison ainsi que de sa locataire sous respirateur artificiel instaurent un préambule assez glauque et plutôt intrigant. Mais dès ce plantage de décor terminé, les deux auteurs du film préfèrent se tourner vers une idée des plus banales. On prend trois jeunes et on les envoie dans une maison étrange. Décors baroques et ambiance gothique, la visite nocturne des lieux aurait pu rattraper le coup si LIVIDE nous avait offert un déroulement cohérent. On comprend bien que l'endroit n'a rien de naturel et qu'il s'y passe des événements pour le moins étranges, un plan de la maison se chargera de l'appuyer très clairement sur la fin du métrage. Cela n'empêche pas pour autant de tisser une véritable intrigue plutôt que de lier des éléments disparates ayant beaucoup de mal à s'associer entre eux. Pour bien comprendre le cœur du problème, il suffit de prendre en exemple une séquence qui ne sert strictement à rien dans LIVIDE. Alexandre Bustillo et Julien Maury aiment tellement HALLOWEEN III : LE SANG DU SORCIER qu'ils reproduisent une image du film. Ils construisent toute une scène autour de cet hommage. L'un des personnages va même jusqu'à fredonner la ritournelle entendue dans le film de Tommy Lee Wallace. Idée totalement stupide s'étirant sur une poignée de minutes et qui s'avère creuse ! En partant de cette scène totalement gratuite et ne servant en rien le métrage, on peut dès lors comprendre pourquoi LIVIDE se plante totalement. Le film est construit autour de séquences qui n'ont pas de grandes pertinences entre elles. D'où viennent les trois petites danseuses sadiques ? La danseuse est donc aussi horlogère ? Les feux follets ? Jusqu'à l'étrange particularité de la livide danseuse. Donnant lieu à deux scènes surréalistes et aériennes, on était tenté de penser qu'il s'agissait d'une éventuelle référence au monologue d'Anton Walbrook dans LES CHAUSSONS ROUGES où son personnage parle de légèreté des nuages, ce vers quoi devraient tendre les danseurs sans être distraits par d'autres velléités. Pas de bol, Alexandre Bustillo et Julien Maury torpillent, dans le commentaire audio de leur film, le peu de subtilité qu'on était prêt à leur prêter. Ce n'est pas à Emmeric Pressberger et Michael Powell qu'ils font références mais à un clip de Slipknot ("Vermillion"). Il est d'ailleurs intéressant de le visionner après ou avant le film. Ensuite, il n'y a plus qu'à faire l'addition d'hommages et de cinéastes (Dario Argento, Guillermo Del Toro, Joe D'Amato, Jack Clayton...) pour obtenir LIVIDE, vision de deux cinéastes dont la personnalité s'est manifestement perdue depuis longtemps dans leur cinéphilie.
Au final, LIVIDE, c'est donc comme A L'INTERIEUR. Proposant ici de fugaces images plutôt jolies pour embrayer sur du grotesque à l'instar de l'introduction du tout premier flash-back. La vision de la «créature», tendant ses mains vers l'héroïne, est une belle réussite. Ce qui suit l'est déjà beaucoup moins. Difficile de savoir sur quel pied danser à la vision d'un film où les cinéastes ne semblent pas vraiment comment accorder leur partition. Donc, oui, il y a des idées réellement étonnantes comme cette clef qui actionne un mécanisme inattendu pour finalement lui balancer un pain dans la gueule, au sens propre comme au figuré. La note d'intention d'Alexandre Bustillo et Julien Maury, c'était de nous emmener dans un métrage horrifique et poétique, s'éloignant d'A L'INTERIEUR. Cela n'empêche pas le métrage de nous servir des embardées gores qui en deviennent ridicules dans le contexte d'un LIVIDE qui fait bien pâle figure à l'arrivée !
Après une très discrète sortie dans les salles, M6 Video lance LIVIDE sur le marché de la vidéo. DVD ou Blu-ray, le contenu sera le même ! Toutefois, bien sûr, le Blu-ray propose un plus de taille, la haute définition. Que ce soit au niveau de l'image où l'on peut découvrir ici un transfert 1080p/24 de très belle tenue. L'image est même tellement propre que les séquences de nuit sont parfaitement ciselées et sans aucun grain. De la belle ouvrage qui se poursuit avec la piste DTS HD Master Audio très réussie. Les craquements de l'étrange maison distillés sur les différents canaux offrent de saisissants effets. Autant dire que d'un point de vue audio/vidéo, le Blu-ray de LIVIDE est une petite réussite.
Alexandre Bustillo et Julien Maury ont enregistré un commentaire audio qui permet d'apporter pas mal de précisions. Ils expliquent un peu plus en détail la genèse du film et évoque même l'attachement au projet d'Elijah Wood. Anecdotes sur les lieux de tournages, petits mots pour les comédiens ou sur la technique, ce supplément est celui où l'on apprend le maximum d'informations. Et, curieusement, comme pour celui du DVD d'A L'INTERIEUR, il va nous laisser sur notre faim en restant très évasif concernant le travail d'écriture. D'ailleurs, en dehors de nous exposer quelques théories peu convaincantes, on n'apprendra rien de bien concret à propos des points les plus étranges de l'intrigue. C'était pourtant là le meilleur moment pour exposer nettement des détails sur l'histoire qu'ils voulaient nous décrire...
Moins intéressant que le commentaire audio, le disque contient aussi plusieurs interviews. On retrouve les deux réalisateurs pour une intervention moins fouillée et forcément moins passionnante que l'exercice du commentaire. Ils évoquent d'ailleurs le fait qu'ils s'intéressent à l'univers de la danse mais ne développent pas du tout. A coté, on peut aussi découvrir une interview de Marie-Claude Pietragalla qui rame un peu même si elle évoque les soucis concernant le lourd maquillage qu'elle devait porter. Catherine Jacob a, elle aussi, un peu de mal à trouver quelque chose de pertinent à lâcher pour la promo du film. Elle réussit tout de même à vaguement qualifier le cinéma de genre de spectacle immature, se rattrapant en disant qu'elle aime quand même ça. Catherine Jacob est d'ailleurs aidée par l'interview groupée des deux jeunes comédiens qui en voulant être «cool» et «fun» se montrent effectivement immatures. Assez bizarrement, l'actrice principale du film est totalement absente des suppléments. Ceux-ci se terminent avec une courte galerie de croquis à l'intérêt divers. Ainsi, on trouvera peu pertinent de nous présenter trois ou quatre variations de l'enseigne du pub, hommage au LOUP-GAROU DE LONDRES, pour retenir surtout les autres rares dessins présentés. A noter que le Blu-ray contient aussi trois bandes-annonces mais pour d'autres films à sortir chez l'éditeur et qui ne sont visible qu'à l'insertion du disque !