Header Critique : [REC] 3 GENESIS

Critique du film
[REC] 3 : GENESIS 2011

 

Jour mémorable pour Clara et Koldo, ils vont officialiser leur union en célébrant leur mariage. La famille et les amis se réunissent pour assister à la cérémonie à l'église avant que tout le monde ne se retrouve pour dîner et faire la fête. Carrément imprévu, les festivités vont virer au cauchemar lorsque l'un des invités va commencer à agresser les convives, propageant une inquiétante infection…

Pour ses deux premiers longs métrages à destination des salles obscures, Paco Plaza dévoilait un style méticuleux qui privilégiait les ambiances et les images soignées. Ainsi, LES ENFANTS D'ABRAHAM et L'ENFER DES LOUPS (ROMANSANTA) laissaient à penser que le jeune cinéaste espagnol continuerait à nous proposer des œuvres raffinées, plus proches d'une épouvante élégante que de l'horreur brute. Et pourtant, il va s'en éloigner radicalement en réalisant à quatre mains [REC] en compagnie de Jaume Balaguero. Revisitant à moindre coup un sujet à la mode, les infections directement inspirées du film de morts-vivants, [REC] était surtout un exercice cinématographique très rigoureux. Ménageant de saisissantes surprises et jouant avec les codes de la peur, [REC] fait ainsi parti des rares réussites dans le domaine des films tournés en caméra subjective. Il va d'ailleurs connaître un joli succès menant les Américains à produire un remake très proche (décor compris) ainsi qu'une suite espagnole, toujours orchestrée par Paco Plaza et Jaume Balaguero. [REC] 2 se montrait au final bien moins réussi sans pour autant entamer l'enthousiasme des spectateurs. Du côté des Etats-Unis, une suite au remake tirait déjà certaines leçons. EN QUARANTAINE 2 était produit pour le marché de la vidéo et s'éloignait complètement de [REC] 2 ainsi que d'un tournage vidéo à la première personne. Constat évident que le concept original commence à s'essouffler, [REC] 3 se débarrasse en partie de la caméra subjective mais se lance tout de même à l'assaut des salles de cinéma.

Ceux qui avaient adoré les deux premiers [REC] ne seront pas perdus lors de la première partie de ce nouvel opus. Le mariage est filmé de manière à présenter les personnages en utilisant deux points de vue, la caméra d'un professionnel et celle d'un invité. Une manière d'opérer une transition entre le style des films originaux et [REC] 3. Evidemment, ce passage risque de rebuter fortement les allergiques des soirées familiales où l'on se passe des diapos et les vidéos mal fagotées de Tonton Marcel. Les auteurs ont tout de même fait preuve d'un peu d'humour en plaçant deux personnages relativement sympathiques. Toutefois, ces touches humoristiques, bien vues au départ, sont réutilisées à plusieurs reprises ce qui diminue un peu leur efficacité. Plutôt que de développer, il est fait ici le choix d'une simple répétition qui n'est pas un synonyme de qualité mais plutôt d'un manque d'imagination. C'est d'ailleurs l'énorme problème de [REC] 3 qui se complait le plus souvent dans une facilité déconcertante. Pour une excellente idée jetée à l'écran, et très sommairement développée, il faudra ensuite supporter des séquences plates. Au point que la vision de [REC] 3 fait penser aux métrages Bis italiens des années 90, lorsque l'industrie transalpine se suicidait en filmant des bandes vidéo médiocres. A ce titre, il apparaît même assez surréaliste de voir s'épanouir sur grand écran le [REC] 3 de Paco Plaza. Mais le plus curieux reste le ton du métrage. Difficile de l'appréhender... Film d'horreur gore ? Comédie ? Drame romantique ? Il y a un peu de tout ça sans que les éléments des uns ne viennent vraiment contaminer les autres. Ce qui renforce définitivement la perplexité face au résultat final ! Le dernier tiers du métrage se lâche ainsi dans un délire gore décomplexé qui aura, au moins, le mérite de faire réagir les plus jeunes ou les plus sensibles. Dans le cas de ceux qui ont déjà vu des œuvres telles que BRAINDEAD ou encore RE-ANIMATOR, mêlant gore et humour, la pilule sera peut être plus difficile à avaler, ce sera une méchante question de tolérance.

Hormis l'humour, le métrage tente aussi de placer une romance au milieu de cette invasion de zombies. Et il faut le reconnaître, l'idée du mariage était excellente tout comme de placer les deux tourtereaux au milieu de morts-vivants. Hélas, le traitement s'avère, tout comme le reste du film, plutôt paresseux. Car romance et morts-vivants ont été bien mieux traités dans des films comme SHAUN OF THE DEAD, ZOMBIE HONEYMOON pourtant pétri de défauts ou encore le mésestimé RETOUR DES MORTS-VIVANTS 3. Mais revenons à [REC] et [REC] 2 puisque ce métrage en est donc la suite ou plutôt une nouvelle histoire se déroulant en parallèle des événements des deux premiers films (on peut d'ailleurs voir subrepticement quelques images sur un écran de télévision). Et comme pour tout nouvel épisode d'une franchise, [REC] 3 se doit d'amener un peu de nouveauté. Nous en étions restés à un mélange de science et d'occultisme, une idée assez proche de l'excellent PRINCE DES TENEBRES de John Carpenter. Le mal étant une infection virale qui possède les humains, les transformant littéralement en démon. On reprend donc vaguement ces éléments dans [REC] 3, en oubliant carrément certaines spécificités de [REC] 2 mais sans pour autant s'intéresser aux origines de l'infection, à savoir l'inquiétante locataire démoniaque des deux premiers films. Malgré son titre complet, [REC] 3 GENESIS, le film ne fera en réalité aucune révélation supplémentaire. Il est fait apparemment référence aux saintes écritures qui seront au cœur des plus ridicules séquences du film. En matière de grotesque, le final va même assez loin dans la bêtise et cumule de navrants rebondissements. Paco Plaza a peut être une forme d'humour à laquelle on a du mal à adhérer. Au même titre que le papy du mariage avec son sonotone, on a donc bien du mal à comprendre ce que l'on nous raconte dans [REC] 3 !

Rédacteur : Christophe Lemonnier
Photo Christophe Lemonnier
Ancien journaliste professionnel dans le domaine de la presse spécialisée où il a oeuvré durant plus de 15 ans sous le pseudonyme "Arioch", il est cofondateur de DeVilDead, site d'information monté en l’an 2000. Faute de temps, en 2014, il a été obligé de s'éloigner du site pour n'y collaborer, à présent, que de manière très sporadique. Et, incognito, il a signé de nombreuses chroniques sous le pseudonyme de Antoine Rigaud ici-même.
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