L'armée a trouvé le moyen de miniaturiser n'importe
quel corps, animé ou non, à l'issue de recherches ultra-secrètes
menées dans un complexe militaire sous-terrain sous haute protection.
Les possibilités offertes par cette technique extraordinaire
pourraient être illimitées, si seulement la miniaturisation
pouvait durer plus longtemps. En effet, pour le moment, elle ne dure
que 60 minutes, à l'issue desquelles les objets ou corps réduits
reviennent à leur taille normale. Seul le professeur Benes connaît
la formule pour maîtriser le temps de miniaturisation. Malheureusement,
certaines puissances ennemies veulent aussi s'emparer de la formule.
Lors de ce que l'on suppose être son passage d'une puissance vers
une autre (de l'Est à l'Ouest ?), il tombe dans un guet-apens
avant de pouvoir livrer son secret. Grièvement atteint au cerveau,
il tombe dans le coma. Seule une opération extrêmement
minutieuse pourra le sauver.
Réalisé en 1966 par Richard Fleisher, LE VOYAGE FANTASTIQUE élargit le domaine exploité par la science-fiction jusque-là ou presque. On avait déjà voyagé dans l'infiniment grand, l'espace, LE VOYAGE FANTASTIQUE allait projeter les spectateurs dans un espace infiniment petit (bien plus que celui présenté dans L'HOMME QUI RETRECIT de Jack Arnold), complexe et merveilleux : le corps humain. Bien avant la fibroscopie, et autres techniques médicales élaborées qui permettent à une caméra miniature de visiter les organes et autres endroits quasi inaccessibles du corps humain, le public découvrit avec émerveillement un univers immensément grand malgré la petitesse des territoires visités : des artères, l'oreille interne, les poumons, le coeur... Comme le souligne l'un des personnages, l'être humain est un univers à lui tout seul ! Les aventuriers du VOYAGE FANTASTIQUE traversent ces contrées hostiles, échappant souvent de justesse à une mort terrible : l'attaque de globules et anti-corps !
Le film remporta un énorme succès, et fut récompensé par trois Oscar pour la qualité des effets spéciaux, des décors et de la direction artistique. Ce n'était pas du vol : en 2001, nous sommes encore conquis par l'originale représentation des composants du corps humain. Dans cet univers microscopique, chaque globule, chaque organe visité, chaque flux sanguin amène son lot de dangers mais aussi de beauté : ainsi, les héros échappent à un tourbillon provoqué par une minuscule fistule, ballottés dans leur sous-marin comme de vulgaires microbes, et se retrouvent dans un canal très paisible, où des explosions de couleurs représentent les composants du sang. Parlant de sang, si vous cherchez des effets gores, passez votre chemin : ici, le sang est réduit comme le reste et devient translucide, puisque les particules qui le colorent sont, elles aussi, représentées dans des proportions infinitésimales, mais perçus par les voyageurs comme des astéroïdes menaçant le fragile équilibre de leur vaisseau.
Tous les films que Richard Fleischer a dirigés ont été de grands succès, à commencer par 20000 LIEUES SOUS LES MERS, avec Kirk Douglas et James Mason, jusqu'à L'ETRANGLEUR DE BOSTON, avec Tony Curtis, en passant par LES VIKINGS produit par Kirk Douglas qui ne voulut aucun autre réalisateur que Fleischer, ou encore l'excellent SOLEIL VERT, avec Charton Heston. La fin de sa carrière étant un peu moins glorieuse, avec des films plus que moyens, comme AMITYVILLE 3-D, CONAN LE DESTRUCTEUR ou encore KALIDOR. Peut-on imaginer de carrière aussi réussie, en définitive, pour un homme qui a dirigé quelques-uns des plus grands acteurs de l'histoire du Cinéma, réalisé des films d'aventures et de science-fiction devenus de véritables classiques ou films cultes.
Pris dans le tumulte du sang
qui circule dans ce corps en apparence inerte, nos héros, réduits
à l'état de microbes, affrontent des organismes familiers
et pourtant inconnus et hostiles, dans ces proportions. Les défenseurs
du corps humain, à savoir les anticorps, deviennent ici les pires
ennemis de ces aventuriers d'un nouveau genre. On ne manquera pas de
noter la présence d'une Raquel Welsh encore
très jeune et qui "a de la conversation", de celui
qui s'opposera à Michael Myers durant 5 épisodes de la
série des HALLOWEEN
: Donald
Pleasence, qui encore une fois joue au docteur. Le rôle principal
est tenu par Stephen
Boyd, une star à l'époque, notamment pour son rôle
dans BEN-HUR ; souvenez-vous, le rival de Charlton
Heston, dans la course de chars.
On s'attendait à un sans-faute pour l'image. En fait, le résultat est quelque peu mitigé. Si la copie ait relativement propre, c'est à dire dénué de griffures ou tâches, ce qui est commun pour un film aussi ancien, le rendu des couleurs n'est pas spectaculaire. Un peu comme si l'image manquait d'éclat. Une impression qui fluctue en fonction des séquences et des passages du film. En dehors de cela, c'est tout de même un plaisir de redécouvrir le film sur support DVD et dans son format CinemaScope.
On oubliera la version française en Mono d'origine dénuée d'attrait pour un tel voyage. Il faudra donc se tourner vers la version originale mixée en surround. En réalité, il n'y a pas vraiment d'effets directionnels sur les arrières. C'est plus le moyen de donner de l'ampleur à la musique et à quelques ambiances "corporelles".
Lorsque LE VOYAGE FANTASTIQUE est sorti en DVD aux Etats-Unis, l'éditeur avait eu l'idée de coupler le film avec LE SOUS-MARIN DE L'APOCALYPSE. Pour à peine plus cher que pour un simple DVD, on pouvait donc obtenir deux classiques de la science-fiction mettant en scène des sous-marins. Malheureusement, il semblerait que LE SOUS-MARIN DE L'APOCALYPSE ait sombré lors de la traversée de l'Atlantique toujours à la recherche du moyen de supprimer l'arc de feu étreignant la Terre.
Si LE VOYAGE FANTASTIQUE est bel et bien devenu un classique tout auréolé de ses trois Oscars, le DVD paraît bien maigre. Le film et une bande-annonce, vous n'aurez rien d'autre. Une bande-annonce présentée sans aucun sous-titrage et recadrée par rapport à son format d'origine. Sans jouer les puristes, on s'en aperçoit très rapidement ne serait-ce qu'en ne pouvant lire l'intégralité des lettrages de la bande-annonce. Elle annonce d'ailleurs deux années de production pour en arriver au résultat final. Deux années dont le DVD ne vous apprendra rien. Que ce soit du tournage des séquences "aquatiques" réalisées en studio et sans liquide, aux effets psychédéliques du ballet des globules rouges et blancs. Les acteurs attachés à des câbles pour lesquels le chef opérateur devait s'arracher les cheveux pour qu'ils n'apparaissent pas sur la pellicule ou tous les petits tracas d'une production réalisée sans retouche informatique, procédé utilisé de nos jours. Presque seulement des effets réalisés en direct et en studio. De tout cela, vous n'apprendrez rien !
LE VOYAGE FANTASTIQUE
contient ce je-ne-sais-quoi qui contribue à faire passer un moment
magique aux spectateurs qui le découvrent : même si l'on
sait pertinemment que c'est de la pure invention, on se prend à
retenir notre respiration, à compter les secondes qui séparent
les héros de la fin de leur périple, et pour ceux qui
ne seraient pas tout à fait convaincus que ce film vaut le détour,
le simple fait de voir Raquel Welsh dans une combinaison
de plongée très seyante, aux prises avec des globules
blancs, finira peut-être de les convaincre...