Passionnés d'escalade, cinq amis se retrouvent pour grimper un sommet écossais. Mais leur virée sportive va devenir mortelle lorsqu'ils entendent des cris avant de découvrir une gamine enterrée vive. Ils n'auront pas beaucoup de temps pour se demander ce qu'elle fait là puisqu'ils seront pris en chasse dans un milieu aussi beau que totalement isolé !
Montagne, escalade et survival… Evidemment, on pense au récent VERTIGE d'Abel Ferry. Toutefois, ce nouveau métrage de Julian Gilbey s'en écarte pas mal. D'ailleurs, A LONELY PLACE TO DIE, titré en France par un plus générique POURSUITE MORTELLE, n'est pas à proprement parlé un film d'horreur puisqu'il s'affirme, assez vite, comme un thriller flirtant par endroit avec le survival. Mais il faut préciser que jusqu'ici, Julian Gilbey avait surtout réalisé des thrillers policiers à l'instar du remarqué RISE OF THE FOOTSOLDIER. Il a alors l'idée d'aller poser sa caméra hors d'un cadre urbain et commence à développer une intrigue concernant des randonneurs. Pendant un temps, Franka Potente est même attaché à ce projet intitulé THE LONG WEEKEND et qui a un peu de mal à prendre forme. Mais si le cinéaste Julian Gilbey pense déjà à d'autres choses, on lui apprend que des producteurs sont prêts à mettre trois millions de Livres dans son film. Finalement, du sujet original, il ne conservera que l'un des éléments constitutifs, le décor montagneux. Franka Potente n'étant plus de la partie, depuis longtemps, c'est Melissa George qui la remplace dans un rôle plus exigeant techniquement. Car les randonneurs sont devenus, entre temps, des alpinistes. De même, le récit s'écarte du sujet original pour emprunter, dans une certaine mesure, le chemin plus escarpé du survival.
Il faut bien reconnaître que les images de POURSUITE MORTELLE en imposent dès les premières secondes. L'escalade place la caméra dans une situation spectaculaire permettant de mettre bien en valeurs les décors naturels écossais. Ainsi, une bonne partie du métrage, particulièrement dans son premier acte, place les protagonistes au milieu de magnifiques paysages. Ce sera l'une des grandes qualités du film de Julian Gilbey. Mais ce n'est pas pour autant qu'il en oublie de raconter une histoire et ce même si elle s'avère, au départ, plutôt simpliste. Les décors naturels lui donnent ainsi l'occasion de transcender la poursuite entre notre poignée de héros et de mystérieux chasseurs. L'occasion, donc, de multiplier les situations dans cette chasse à l'homme. Ainsi, on passe de séquences stressantes, à l'instar de l'escalade d'une falaise abrupte sans protection avec des morceaux de roches tombant du sommet, ou bien carrément spectaculaires comme lors des passages dans la rivière. Grâce à ses morceaux de bravoure, POURSUITE MORTELLE réussit sans peine à nous faire oublier un déroulement plutôt classique et sans grande originalité. On se sent même bien plus indulgents lorsque le cinéaste arnaque le spectateur. A deux reprises, il utilise le montage du film pour biaiser la compréhension des éléments présentés à l'écran. Peut être astucieuse, la pratique peut être perçue, ici, comme une facilité artificielle. Surtout que POURSUITE MORTELLE ne gagne finalement pas grand chose puisque les passages les plus réussis du métrage tendent vers la simplicité.
A priori, en abordant POURSUITE MORTELLE, on pense tomber sur un film de montagnards. Là encore, Julian Gilbey va créer une surprise puisque le film est clairement découpé en deux parties. Lorsque l'intrigue va devenir plus complexe en prenant des détours inattendus, en tout cas par rapport au point de départ, l'escalade va alors s'estomper pour laisser la place à un pur thriller. Forcément surprenant, cette cassure risque aussi de désarçonner les spectateurs qui venaient chercher un simple survival montagneux. POURSUITE MORTELLE continue ainsi de briser ce que l'on pouvait attendre de lui. Voyons cela comme une qualité car en bifurquant ainsi, POURSUITE MORTELLE se montre singulier. De plus, cela donne l'occasion de présenter de nouveaux personnages et de changer la donne. Notons, par exemple, certains dialogues plutôt bien vus lors du face à face dans le pub entre Karel Roden et Sean Harris (vu récemment dans le rôle du très inquiétant dealer de HARRY BROWN). Le métrage nous permet aussi de retrouver Eamonn Walker, avant tout connu pour sa prestation dans l'excellente série carcérale OZ. D'une manière générale, POURSUITE MORTELLE dispose d'une distribution de qualité, chacun trouvant assez bien sa place dans les rôles qui leur sont attribués.
Fort sympathique, POURSUITE MORTELLE a un grand mérite. Celui de nous surprendre avec un récit qui change de ton et mélange astucieusement les genres. Ainsi, POURSUITE MORTELLE est un survival, sans vraiment l'être. C'est un film qui met en avant la montagne pour finalement la laisser de côté. Mais c'est aussi un thriller policier s'éloignant du cadre urbain habituel. Quelque part, POURSUITE MORTELLE fait ainsi penser à un mélange étrange entre DELIVRANCE et LES CHIENS DE PAILLE qui aurait été revu avec la très curieuse approche de LA SANCTION, un thriller à la bizarre mécanique tourné par Clint Eastwood. Mais si POURSUITE MORTELLE réussit son pari du divertissement, il ne dépasse pas pour autant son simple statut de film sympa. Mais, quelque part, c'est peut être là l'essentiel !
Distribué directement en vidéo en France, POURSUITE MORTELLE est décliné sous la forme d'une édition DVD ou bien d'un Blu-ray. Sur ce dernier, le transfert en haute définition permet de découvrir les paysages écossais dans toute leur splendeur. Tourné avec une caméra numérique (la Red One) et, pour certains plans avec un appareil photo, le résultat à l'écran est pour le moins spectaculaire avec un rendu résolument «cinéma». Les pistes sonores ne sont pas en reste avec le choix entre la version originale sous-titrée et un doublage français. Dans les deux cas, nous avons affaire à des pistes DTS HD Master Audio 5.1 franchement réussies. Néanmoins, on émettra un gros bémol sur le doublage français d'un point de vue artistique.
Pour les suppléments, l'éditeur balance pas mal de bandes-annonces à l'insertion du disque de manière à promouvoir d'autres titres de son catalogue comme STAKE LAND ou encore la très décevante première saison de THE WALKING DEAD. Impossible de retrouver ces bandes annonces par la suite sur les menus du Blu-ray. La partie suppléments ne laisse alors le choix qu'entre la bande-annonce de POURSUITE MORTELLE et un making-of se déroulant sur 68 minutes. Une très grande partie va s'axer essentiellement sur le tournage en montagne ainsi que sur les repérages du réalisateur qui fait lui-même de l'escalade. Quelque part assez réducteur à l'aspect le plus vendeur du film, ce documentaire se laisse tout de même suivre et permet de découvrir certaines astuces mises en œuvre lors du tournage. Si l'on aurait aimé que ce making-of creuse un peu plus sur l'histoire de la production, cela reste un détail et ce bonus vient parfaire une édition Blu-ray de qualité.